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lundi 8 juin 2015

Indépendance du Québec. Élection ou Référendum?



Chapitre Septième
Élection ou référendum?

Comment faire l’indépendance autrement que par un référendum, et pourquoi ?
D’abord, première question à se poser, pourquoi faire un référendum ?
Parce que c’est une consultation générale sur un sujet d’intérêt général (oh combien!) d’une importance capitale. Il est donc impératif de ne pas noyer le sujet référendum dans une foule d’autres préoccupations, qui relèvent de la marche quotidienne des affaires de l’État et de la société. Voilà pour la raison d’être du référendum. À question importante, démarche de consultation importante.
L’avantage d’une telle procédure est qu’elle permet de canaliser les énergies sur un seul sujet de taille, et d’en souligner ainsi toutes les tendances au crayon gras. Histoire de brosser le portrait le plus précis possible de l’humeur générale et des sentiments particuliers. Cela a pour effet immédiat, et c’est visible comme le nez au milieu de la figure, de faire ressortir au grand jour les partis-pris de chacun, de favoriser les alliances autour des mêmes prises de position, et de même, permet de définir précisément les alliances et les antagonismes. Un référendum est au fond une démarche assez simple, plutôt brute, où les sentiments personnels sont exacerbés par leur addition. C’est un effet de gang. De foule, pour ceux qui n’aiment pas le mot.
On voit tout de suite le parti qu’il y a à tirer d’une telle démarche, alors que les partisans des différentes options se regroupent sous des bannières clairement identifiées. Dans un référendum on sait qui est qui, et pourquoi. Cela n’exclut absolument pas les magouilles, les tricheries, les fourberies, mais elles se font au grand jour.
L’autre avantage du référendum c’est son caractère éminemment légitime, dans la mesure où l’exercice se fait dans un pays où les institutions et les procédés de consultations populaires sont fortement démocratisés par l’usage. Dans les pays où cela n’existe pas on utilise aussi le référendum, mais c’est celui de la violence. C’est le référendum armé. On se regroupe en factions, non pas pour juger démocratiquement d’une option, mais pour en découdre.
L’adversaire, considéré comme tel en milieu démo-cratique, et respecté même et surtout s’il est d’un avis contraire, devient dans les pays non démocratiques, ennemi à abattre, est pris à partie comme scélérat, là ou les institutions civiles n’existent pas, ou bien sont faibles. Tyrannies, despotismes, oligarchies, plouto-craties, théocraties, et autres vilenies, telles que dictatures, impérialismes, colonialismes et ainsi de suite.
Au Québec nous avons une des plus vieilles sociétés démocratiques de la planète, et de plus elle fonctionne.
Ici pas de dictature militaire, et un parlement qui fonctionne depuis 241 ans. Bref, nous sommes des gens civilisés. Bravo !

Cependant, on l’a vu, le référendum a aussi son bât qui blesse. Il a pour effet négatif de résoudre en équation simpliste je dirais, une problématique complexe. C’est sans doute nécessaire, parce que comprendre tout le fonctionnement d’un pays dans ses moindres détails, avant de poser un jugement sur la somme de toutes ses institutions, est une affaire de spécialiste. Les gens qui travaillent tous les jours, et qui vivent leur quotidien, n’ont pas que ça à faire. C’est-à-dire de continuellement examiner scrupuleusement toute la structure administrative de leur pays. C’est une tâche herculéenne épouvantablement fastidieuse pour le non initié.
Il faut donc se résoudre à en synthétiser les enjeux, à en supputer les effets à coups de slogans, de clichés faciles à comprendre. D’où la nécessité de campagnes orchestrées par des partis politiques, où des regrou-pements, des coalitions, se mettent sous une bannière rassembleuse. On est ici bien plus dans le domaine du théâtre ou du sport, que dans celui de la raison tempérée.
Dans le cas d’un référendum sur l’indépendance, le camp du OUI et celui du NON, voilà !
Ainsi présentée, l’affaire, pour simplifiée qu’elle soit, a le mérite d’être claire. Et autre argument en faveur de l’élection référendaire c’est qu’elle se représente à chaque élection. Soit aux 4 ans. Là où un référendum national fige les antagonismes sur plus de quinze ans selon l’expérience d’ici.
Cependant elle dresse quand même les adversaires les uns contre les autres, elle les antagonise. C’est un exercice lourdement chargé d’émotions extrêmement variées. Qui n’arrivent pas toutes à s’exprimer au mérite.
De là de nombreuses frustrations, qui vont s’exprimer maladroitement. Elles vont provoquer des éclats, des mises en accusation, vont faire monter la tension au point qu’elle deviendra au fil des jours, une joute généralisée de règlement de comptes.

Il faut vraiment que ayons le pacifisme rivé au cœur et à l’âme, pour avoir pu ainsi supporter par deux fois un exercice si traumatisant, sans que cela ne se soit terminé dans une empoignade sanglante généralisée. Quand je vous disais que nous étions un peuple exceptionnel.
Pas étonnant dans ce cas que les gens aient maintenant l’air (personnellement je sais que ce n’est pas vrai, mais moi je ne détiens aucun micro pour le dire) de ne plus vouloir de référendum.
Les affirmations répétées au sujet d’une présumée lassitude des foules sur la question de l’indépendance ne sont que de la propagande. Elle est particulièrement pernicieuse du fait qu’elle émane de conglomérats médiatiques qui pour la plupart sont contre l’indépendance.
Je l’ai dit plus haut, le débat se fait maintenant sur Internet plus qu’ailleurs.
Certes l’atmosphère qui précède la tenue d’un référendum est exaltante. On se sent vivre intensément, l’euphorie gagne les participants. Pour un court moment l’existence devient trépidante. Dans un monde comme le nôtre, où le quotidien est généralement routinier, une telle dynamique a quelque chose qui s’apparente à une sorte de fête carnavalesque, où les défoulements sont permis, encouragés.
Mais point trop n’en faut. L’exercice terminé sous le signe du blanc et du noir (le Oui et le Non) a des relents de lendemain de brosse.  En cas de score égalitaire ou presque, on se retrouve avec des gagnants pas trop sur d’eux, et des perdants franchement fort mécontents et pas du tout résignés.
Le fairplay en matière de sport passe encore, mais quand il s’agit de son pays la pilule est dure à avaler.
Puis le temps fait son œuvre, les adversaires se réconcilient vaille que vaille, mais ce n’est que partie remise.
Et c’est tant mieux que les choses se passent ainsi. Toutefois ce n’est pas un exercice dont il faut abuser. Dans le cas d’un référendum, comme le dit l’adage de la Société des Alcools du Québec, la modération a bien meilleur goût.
Il y a eu déjà deux référendums à 15 ans d’intervalle au cours des 30 dernières années sur le sujet de l’indépendance, et au bout des deux exercices on se retrouve au coude à coude. La question en phase d’être tranchée, a fait apparaître une fracture dans la société québécoise. Fracture que le référendum n’a pas provoquée certes, mais qu’il a mise en lumière. Cette fracture existait déjà et le vote l’a fait apparaître au grand jour.
Pour décider de l’affaire on en est encore rendu à espérer un score quasiment égal, plus un vote qui tranchera. Je ne voudrais pas être ce votant qui déciderait ainsi du sort de toute une nation.
On a beau dire ici et là qu’une victoire acquise avec un seul vote de majorité trancherait la question, même si le principe est valable, il l’est surtout pour des votes sur de petits nombres de participants. Avec 50 ou 100 votants, l’affaire se conçoit, mais avec cinq ou six millions, ce vote ne pèse pas lourd, est facilement contestable et n’a rien de décisif.
Surtout si un quelconque adversaire décide de lui faire la peau. Je vois mal comment un recomptage si méticuleux qu’il soit pourrait maintenir un tel résultat. Nous ne sommes pas ici dans le roman de Jules Verne l’Île à Hélice.

L’exercice ayant donc été fait en respectant les règles de l’art…oui bon je sais bien que les deux référendums sont loin d’avoir été réalisés dans un contexte d’absolu respect de toutes les règles, non ce n’est pas ce que je veux dire…mais dans l’ensemble, et en tenant compte que nous sommes des humains, nous avons fait humainement ce qu’il était possible de faire.
Avec son lot d’exaltations, de bonne foi et de tricheries, mais ça c’est la nature humaine.
On pourrait refaire l’exercice autant de fois qu’il pourrait être nécessaire, avant d’arriver à un résultat qui serait finalement accepté par tous. Les gagnants comme les perdants s’inclineraient et voilà, l’affaire serait réglée dans un sens ou dans l’autre pour des générations. Peut-être…
Je ne suis pas sur qu’une telle fin de débat aurait pour effet de réconcilier tout le monde. D’autant plus que des sociétés parfaites, harmonieuses, cela n’existe que dans de pathétiques utopies essentiellement littéraires.

Alors comment procéder pour arriver à quelque chose de plus probant ?
Il y a et restera encore longtemps, du moins je l’espère, l’exercice pacifique de la démocratie. Donc des élections.
Celles-ci sont dans nos mœurs, et personne ne se formalise vraiment qu’elles soient à répétition à presque tous les quatre ou cinq ans. Nous sommes rompus aux rencontres près des boites à scrutins, et tout le monde y trouve son compte. C’est encore ce qu’on a fait de mieux en fait de participation générale à la bonne marche de la société. Si on manque son coup une fois, on peut se reprendre la prochaine fois. On peut même changer d’idée ou de parti aux quatre ans. Quant à ceux et celles qui rechignent devant les coûts d’élections à répétitions, il faut faire remarquer à ces têtes légères que des empoignades à coups de cocktails Molotov, avec intervention d’escouades anti émeutes, puis des lendemains empoisonnés par des ruines de toute sorte, cela ne se compare pas. D’autant plus que des élections ça fait travailler beaucoup de monde. Les élections sont d’excellentes affaires. Elles valent bien un ou l’autre de nos nombreux festivals.
On imagine que le Parti Québécois ou un autre parti briguant le pouvoir lors d’une élection, proclame qu’il va faire l’indépendance s’il est élu. En ajoutant…avec l’accord majoritaire de l’Assemblée Nationale. Bon!
Les élections se passent, le parti en question  est élu  avec une  majorité ou une minorité de sièges, ce n’est pas vraiment ce qui compte. L’important, c’est qu’il y ait à l’Assemblée Nationale, une majorité d’élus favorables à l’indépendance sous une forme ou une autre. Donc avec le parti au pouvoir, et ceux dans l’opposition qui sont également pour une forme d’indépendance.
Et que ces élus puissent se targuer de représenter également une majorité d’électeurs. Eux aussi favorables à une forme ou une autre d’indépendance, de souveraineté, d’autonomie. Au fond ces formules expriment un sentiment général de mieux maîtriser nos affaires.
Quoi qu’il en soit le parti qui détient les rennes du gouvernement propose sa loi sur l’indépendance, et tente de la faire voter, sans référendum. Elle passe avec le support de tiers partis, ayant ensemble une majorité absolue.
Je parle ici d’une éventualité dans laquelle plusieurs partis ont l’option indépendance inscrite dans leurs programmes respectifs, sous une forme ou une autre. Au Québec il y en a au moins quatre, et un autre à Ottawa.
Le Parti Libéral du Québec, fédéraliste inconditionnel, s’y oppose véhémentement. Au décompte une majorité favorable à la naissance du pays gagne en nombre de sièges, et supplante son adversaire avec une représentation de 62% de support populaire exprimé par l’électorat, et bien évidemment une majorité de sièges. L’affaire est dans le sac.
C’est la volonté nationale qui s’exprime par la loi, sans contestation sérieuse possible. Ne reste plus alors qu’à proclamer l’indépendance du pays, et là encore l’unanimité n’est pas nécessaire, la majorité suffit.  C’est d’ailleurs comme cela que le Canada a été créé.

Je n’en veux pour preuve que dans le passé du Canada, des référendums il y en a eu, et ils ont servis ceux qui en ont fait les promotions, sans qu’il y ait unanimité.
Mieux encore, dans l’éventualité où un parti favorable à l’indépendance occuperait le pouvoir, il pourrait réaliser une forme d’indépendance (d’autonomie) qui rallierait une majorité de votants. Après quoi, d’autres gouvernements encore plus revendicateurs, viendraient à leur tour bonifier ce premier acte revendicateur autonomiste, et détacher progressivement les derniers liens qui attachent le Québec au Canada.
C’est une démarche prudente, qui n’oppose plus les électeurs en deux groupes tranchés radicalement, mais qui leur permet pour des motifs pointus (j’allais dire pointilleux) beaucoup plus variés, auxquels ils tiennent pour des raisons personnelles et locales, de voter en quelque sorte pour une indépendance certes diluée, mais moins traumatisante.
Si on me demandait mon avis, je dirais qu’advenant une élection avec à la clef l’enjeu de la séparation du Québec du Canada je voterais ‘’pour’’ sans l’ombre d’une hésitation.
Une indépendance à la pièce pourrait s’éterniser et être encore plus contraignante que le statut quo.
Maintenant imaginons un vote libre à L’Assemblée Nationale sur cette question cruciale.
Bien évidemment à partir du moment où le gouver-nement est indépendantiste, tous les élus du gouvernement vont voter pour. Il ne faudra qu’un tout petit nombre de députés de l’opposition pour voter avec le gouvernement, et ainsi l’aider à franchir allègrement la barre des 50% d’électeurs et plus qu’ils représenteraient alors. Disons 3 ou quatre mille votants de plus que le 50 % + 1 nécessaire. Pas assez pour faire 51% mais entre les deux. Le décompte en serait fait à partir des données du Directeur Général des Élections qui sait où et pour qui les gens ont voté comté par comté.
Ce serait suffisant.
Encore là il serait préférable d’avoir en bout de ligne un score plus significatif, mais légitimement ce serait OK et le processus politique, qui doit primer toute considération légaliste, l’emporte ici haut la main…vox populi…vox populi.
D’autre part, si des partis de l’opposition, qui ont (ou qui ont eu) l’indépendance du Québec dans leurs programmes,  refusaient pour des motifs partisans, de voter OUI à l’indépendance de leur pays, cela aurait pour première conséquence de retarder pour bien des années encore, l’aboutissement normal d’un processus parfaitement légitime et nécessaire.
On aurait l’air fin en tant que Québécois. Quant à la crédibilité politique de ces partis incohérents, elle serait réduite à néant. Mais avec l’indépendance ainsi discréditée, ce serait les adversaires de la liberté qui s’en frotteraient les mains.
Peut-on aussi faire l’indépendance sans référendum et sans élection référendaire ?
Oui certainement, mais pour cela il faut que le peuple tout entier descende dans la rue et la réclame.
Cela s’est fait récemment.

Dans des pays autrefois membres de l’URSS.
Mettons que ce n’est pas vraiment notre genre.

Julien Maréchal
Québec 3e Round (2012)
Bibliothèque Nationale du Québec
Grande Bibliothèque

mardi 14 avril 2015

Le choix des mots: La liberté, l'Indépendance, la Souveraineté.


Montréal Québec le 13 avril 2015
Le choix des mots : La Liberté, l’Indépendance, la Souveraineté.

C’est M. Jacques Parizeau qui devrait être content. Lors de sa campagne pour l’indépendance au début des années 90, sa stratégie on s’en souvient, était que de l’indépendance il fallait en parler avant qu’elle n’arrive. D’en faire la promotion et la pédagogie, afin de remporter le prochain référendum. D’en parler avec abondance pendant la tenue de la campagne référendaire, ce qui bien évidemment allait de soi. Et aussi d’en parler après…de cette indépendance.
Cette approche se justifiait encore plus dans un climat électoral. Il faut en parler avant les élections, pendant les élections, puis après les élections. De manière à établir dans les esprits un climat hautement favorable au OUI. Depuis plusieurs années, que ce soit pour la vilipender ou la porter aux nues, l’indépendance défraie quotidiennement toutes les chroniques.
Finies donc les tergiversations autour du ‘’bon’’ gouvernement. Cette seule notion a quelque chose d’infantile, parce que bien évidemment dans des pays démocratiques, où la règle veut que ce soient les électeurs-citoyens qui décident du gouvernement, il ne saurait être question de voter pour ou contre un mauvais gouvernement. Chaque parti politique qui brigue le pouvoir affiche bien évidemment dans sa propagande, le souci de véhiculer qu’il sera forcément un bon, voir un excellent gouvernement. Le gouvernement Libéral actuel est brouillon, et c’est pas mal la cour du Roi Pétaud à l’Assemblée Nationale. Mais toute l’agitation qui s’y manifeste, si elle est de toute évidence très confuse, demeure légitime. À époque confuse, débats confus.
Au Québec que le parti au pouvoir soit indépendantiste, fédéraliste ou franchement autoritaire, il va de soi qu’il doit se présenter comme agissant dans l’intérêt de tous. Ou du moins dans l’intérêt de cette majorité qui forme le peuple.
L’approche de Lucien Bouchard succédant à Jacques Parizeau, était qu’il fallait tenir un référendum, uniquement si les conditions favorables à l’obtention d’un OUI étaient réunies. Autrement, après 3 défaites on enterrait l’idée d’indépendance pour au moins une génération. Ce risque-là est toujours présent.
Et puis à bien y penser y a-t-il une seule politique qui ne soit pas risquée ? Quant à avoir ce caractère définitif en cas de faillite, je ne pense pas qu'une telle approche soit sérieuse. On peut toujours se reprendre,et autant de fois qu'il est nécessaire. Faut avoir une sérieuse croute de vaincu sur la couenne, pour s'aplatir devant une, deux,ou trois défaites. On imagine le Canadien tiens, qui raccrocherait ses gants après trois match perdus, et qui irait bouder dans son coin en pleurnichant sur un destin qui lui fait de la petite pépeine ! Pauvre chou!
Celle de Bernard Landry était que ces conditions favorables, et ce climat propice à l’obtention d’un OUI, il ne fallait pas l’attendre, mais le créer de toutes pièces. D’où cette idée, souvent avancée mais jamais vraiment appliquée, de se servir des leviers de l’État (entendre ici l’argent) pour faire la promotion tout azimut de l’indépendance. On a crié à l’Hérésie ! Au Sacrilège ! Et certains péquistes qui ont jonglé avec cette notion marchaient sur des œufs.
Ce sont là des pratiques dignes du gouvernement colonialiste de sa Majesté ! Au P.Q. on ne mange pas de ce pain-là !
Ben oui…ben c’est ça qu’est ça !
Les fédéraux eux n’ont pas de ces scrupules. Pourquoi ? Ben c’est parce qu’eux ils sont à la tête d’un pays indépendant. Ils savent ce que ça veut dire être indépendant.

Or il se trouve qu’à part Jacques Parizeau qui a été cohérent avec lui-même, les autres, ses successeurs, n’ont pas fait ce qu’ils ont avancé. Et pourtant ils ont eu tout le pouvoir nécessaire à la mise en place de leurs politiques.
Certes dans une démocratie parlementaire il faut tenir compte de l’Opposition, des majorités, des sondages, des tendances, du contexte national, des fractures à l’intérieur du parti, et ainsi de suite. Il faut surtout avoir le courage de ses convictions, et faire œuvre de dynamisme et de créativité, si on veut un jour arriver à des résultats concrets. Il ne faut pas seulement de bonnes intentions et quelques bonnes idées, il faut aussi avoir de l’envergure ! Et ça c’est rarissime dans un pays de colonisés.

M. Couillard parle haut en dénonçant emphatiquement l’idée que les québécois soient encore et toujours des colonisés, ce qui serait selon lui, une vision dépassée. Il est lui-même un extraordinaire colonisé, et ne semble pas s’en rendre compte. Comment peut-on clamer à tous les horizons, que l’Indépendance d’un Peuple, d’un État, d’une Nation, d’un Pays, ou la Liberté des individus, puissent être des choses d’un autre âge, si on n’est pas soi-même foncièrement colonisé ?
Jamais personne de sensé n’admettra que l’idée de Liberté, celle d’Indépendance ou celle de Souveraineté puissent être de quelque manière que ce soit des idées dépassées ! L’actualité mondiale dans ses moindres recoins, hurle le contraire mille fois par jour ! Le pauvre homme ne se rend pas compte de l’énormité de ce qu’il dit, et c’est lui le chef de l’État. Ouf !
Ses prédécesseurs, de Robert Bourassa à Jean Charest, sont allés dire sur toutes les tribunes urbi et orbi, que le Québec avait les moyens d’assumer son destin. Pourtant ceux-là n’étaient pas indépendantistes dans leur quotidien. Ils n’étaient toutefois pas assez insensés pour ne pas voir que la notion d’Indépendance, même s’ils avaient le mandat de la combattre au Québec, fusse une notion dépassée. Ils tenaient tout de même dans cette fédération canadienne qui les dominait, à se garder une bonne marge de manœuvre. Et comme on dit, une petite gêne.
Je n’irai pas jusqu’à dire que leurs successeurs péquistes ont manqué de vision, ce qui est pourtant le cas, ni qu’ils ont manqué de courage, ce qui est également le cas, je m’en voudrais ici de généraliser. Ils ont surtout manqué de cette envergure. Le climat favorable à l’indépendance ils ne l’ont pas créé. Il se fait tout seul, du fait d’une conjoncture économique mondiale qui force les esprits. Or ils ont tous pratiqué l’attentisme.
Un peu de pédagogie ici, beaucoup de pragmatisme fédéral là, et attendons que l’idée d’indépendance fasse son chemin dans ces grosses cervelles frileuses, que sont celles de beaucoup trop de québécois, il faut bien le déplorer.

Le projet d’indépendance est donc toujours vivant, mais il est embourbé dans les compromis, les tractations, les petites ruses économico avantageuses, qui finalement, lorsqu’elles apportent un peu de bien-être en créant de l’emploi par exemple, sont illico mises au profit du fédéralisme. genre :
‘’Vous voyez-bien que ça marche le fédéralisme !’’… ‘’Pourquoi changer ?’’ Ben oui au fait, pourquoi ?
Quand on est frileux avec ses convictions, on rassemble autour de soi un électorat de frileux qui attendent des jours meilleurs, un messie, une conjoncture favorable, et on se pelotonne dans un petit confort mesquin fait de quotidiens résignés.
C’est là que nous en sommes.

Et pourtant… et pourtant… jamais les conditions favorables n’ont été si présentes. La dette qui sert à faire peur, et qui au fond n’est pas importante, a tout de même un effet de douche froide sur les cœurs pusillanimes. Il faut donc avant toute chose (c’est le discours libéral actuel) l’endiguer.
Sauf que le discours sur le déficit, la dette, ça commence à faire plus de 30 ans qu’on le remet à la une du jour. Son règlement ne se fera pas, malgré les éclats de voix, et les effets emphatiques larmoyants au sujet des lendemains sinistrés des enfants à venir. Nous sommes les enfants venus des 30 dernières années, et ma foi si les choses vont mal on en convient, ce n’est pas le bagne pour autant.

Chaque génération hérite des avantages, des progrès et des inconvénients légués par ses parents, et c’est comme ça depuis cent mille ans. Le discours sur la dette et le déficit est creux, et ceux qui le psalmodient sont vraisemblablement des cruchons !
Puis la confusion électorale qui divise tout-le-monde-et-son-père…et sa mère…et son frère, et sa sœur...dans des champs d’affrontements pseudo-idéologiques,
où chacun réclame à cor et à cris la mise en place de mesures qui doivent impérativement...redresser...la…situation…économique…écologique…environnementale…linguistique…démographique…féministe…énergétique…culturelle…éducationnelle…Santé…emploi... recyclage…paix dans le Monde…conservation de nos acquis…avancement des sciences…sauvegarde de notre mode de vie…dans la préservation du patrimoine…des forêts…des ressources de la mer…le tout dans un esprit de concertation qui n’existe absolument pas. Le plan d’ensemble existe pourtant, sauf qu’il est éparpillé dans les programmes de tous les partis politiques qui s’affrontent devant un électorat médusé, lequel ne sait plus à quels saints se vouer.

Chaque proposition est prioritaire, et c’est par celle-là qu’il faut commencer. Avant même de penser à toutes les autres. Le drame des élites actuelles, si on peut appeler ça des élites, est qu’elles ne savent pas penser globalement. Ce sont des spécialistes de très petite taille, formées aux dictats de normes déshumanisées, qui font dans la statistique compartimentée, et jamais dans une approche éclairée, visionnaire, large, ouverte sur un début de grandeur. S’ils avaient de très grandes idées, ils auraient la frousse qu’on les pointe du doigt, et qu’on les ridiculise comme étant suspects de dépassement. Dans la médiocrité ambiante normale, il est très mal vu de s’y sentir mal à l’aise.
‘’ Non les braves gens n’aiment pas que,
L’on suive une autre route qu’eux !’’ (bis) Brassens

On tire à hue et à dia dans ‘’sa’’ direction. On fait la promotion de ‘’sa’’ préférence et que les ’’autres’’ sachent bien qu’ils ont tous tort et que moi seul ai raison.
Voilà !
On ne fait pas un pays avec un programme. On fait un pays avec de la Fierté, de la Grandeur, parce qu’un pays c’est un rassemblement d’esprits disparates, qui ensemble forment quelque chose de plus grand que les individus que nous sommes tous.
Le Québec indépendant doit être le Québec de tous les québécois, et les nouveaux arrivants doivent absolument prendre fait et cause pour cette cause-là.
Je parle de toutes ces ethnies, ces immigrants qui se sont joint à nous depuis 50 ans (bon choix, on les en félicite ici) qui disent vouloir être des nôtres, et qui votent Canada, parce que l’immigration est une prérogative fédérale.
Certainement que pour le moment c’est toujours une prérogative fédérale, mais cela doit changer et cela changera avec un Québec indépendant. Vivre à contre courant au sein d’une majorité qui cherche son indépendance dans un ensemble qui la dévalorise, comme c’est le cas du Québec français dans un Canada anglais arrogant et méprisant, c’est ça être raciste.

C’est rhodésien, et si vous ne savez pas ce que c’est que d’être rhodésien, prenez le dictionnaire et instruisez-vous.
Nos immigrants ne sont certes pas tous racistes voyons donc… ce n’est pas le cas, mais il y en a ça c’est certain. Curieusement ce sont chez les grandes gueules qu’on en retrouve le plus. Et j’entends beaucoup trop de ces quelques grandes gueules malhonnêtes qui prétendent parler pour toutes les communautés immigrantes, insinuer que nous les québécois francophones le sommes. Et ça c’est drôlement insultant venant de gens qui jouissent chez nous au Québec d’une liberté qu’ils n’avaient pas dans leurs pays d’origine. Pays qu’ils ont fuit pour se réfugier sous le parapluie réconfortant de nos valeurs profondément ancrées, d’éternels résistants.
Les immigrants sont les otages ou les victimes d’une fausse perception qu’ils ont du Québec dans le Canada, et cela les dédouane en partie de leurs doutes. Mais cela ne les dispense pas de l’obligation dans laquelle ils sont de faire l’effort de comprendre ceux dont ils sont les hôtes. Et qui les reçoivent avec générosité et bienveillance.
Les droits des uns sont des choses importantes je n’en disconviens pas, mais le respect des autres c’est encore là que se trouve la fondation de tous les droits.

Julien Maréchal

samedi 14 février 2015

Valeur de la Télévision Française au Québec.



Samedi le 14 Février 2015
Jour de la St-Valentin

Palmarès critique de la télévision française au Québec.

LES NOTES SONT SUR 100



0 c’est zéro, c’est nul !

10% c’est encore nul, mais il y a un début de quelque chose.

20% c’est affligeant.

30% c’est une pauvreté.

40% c’est médiocre et infantilisant.

50% est la note de passage.

60% c’est bon.

70% c’est très bon.

80% c’est excellent.

90% c’est remarquable.

100 % ça n’existe pas, sinon ce serait de l’ordre de la perfection et du chef d’œuvre.

Note : Afin d’établir ces scores j’ai dû bien évidemment me taper ces émissions quelquefois.  Puis je me suis livré à des sondages auprès de 180 personnes, dont 117 m’ont donné leur appréciation. Travail titanesque parfaitement éprouvant.

63 m’ont dit que l’exercice n’en valait même pas la peine. Ces personnes n’attachent aucune importance ni le moindre intérêt à la télévision conventionnelle.

14 personnes sur 180 m’ont dit que tout n’était pas mauvais dans ces émissions. Aucune n’a affiché le moindre enthousiasme pour les émissions mal notées. L’appréciation générale quand c’est correct, est que ce n’est pas si pire.

Affaire à suivre...

Julien Maréchal



Leur ordre d’apparition dans la liste n’a aucune importance.



1) La guerre des clans à V 35 : 0%



2) La poule aux œufs d’or à TVA : 0%



3) Le Téléjournal de Radio Canada : 10%



4) Les Nouvelles à TVA : 15%



5) L’Union Fait la Force à Radio Canada : 40%



6) Infoman à Radio Canada : 60%



7) Dans l’Œil du Dragon à Radio Canada : 30%



8) Les Appendices à Télé-Québec : 0%



9) Bazzo. TV à Télé- Québec : 50%



10) Denis Lévesque à TVA : 0%



11- Le Ti-Mé Show, à Radio Canada : 10%



12- En mode Salvail, de Télévision V 35 : 10%



13- Le Grand Rire Bleu, Télus, Canal D : 20%



14- Les Gags Juste pour Rire TVA : 30%



15- Les Détestables à………: 0%



16- Les Enfants de la Télé, de Radio Canada : 5%



17- Zone Doc, de Radio Canada : 70%



18- Les Grands Documentaires de Télé-Québec : 75%



19- Le Gars des Vues à Télé-Québec : 50%



20- TIC TAC TOC de Télé- Québec : 30%



21- Les Parents à Radio-Canada : 70%



22- 30 Vies de Radio-Canada : 40%



23- Enquête de Radio-Canada : 70%



24- 19-2 à Radio-Canada : 30%



25- La météo à Radio-Canada : 40%



26- La météo à TVA : 45%



27- Découvertes, à Radio-Canada : 60%



28- Les Nouvelles du Sport, à Radio-Canada : 40%



29- Les Jokers  à …..:  0%



30- Pour le plaisir, à Radio-Canada : 5%



31- À la Di Stasio à Télé-Québec : 50%



32- L’Épicerie à Radio-Canada : 70%



33- Une pilule une p’tite Granule, à Télé-Québec : 75%



34- Les Nouvelles du Sport à TVA : 40%



35- La Petite Vie à Radio-Canada (reprises) : 40%



36- Le Tricheur à TVA : 10%



37- Mad men à Télé Québec : 60%



38- Prière de ne pas envoyer de Fleurs à Radio Canada : 5%



39- La Voix à TVA : 20%



40- Signé M à TVA : 70%



41- Génial à Télé-Québec : 75%



42- Henri Guillemin raconte à Canal Savoir : 80%



43- Tout le monde en parle à Radio Canada : 50%



44- Les Argonautes à Télé-Québec : 10%



45- Subito Texto à Télé-Québec : 30%



46-Le  Code Chastenay à Télé Québec et Savoir : 70%



47- Les Grands Documentaires à Télé Québec : 70%



48- Unité 9 à Radio Canada : 30%



49- L’Auberge du Chien Noir  à ….: 30%



50- Atomes crochus à V35 : 0%



51- Nouvelle adresse à Radio Canada : 30%



52- The Bridge à Télé Québec : 70%



53- Les Belles Histoires des Pays d’en Haut à Radio Canada : 10%



54-Entrée Principale à Radio Canada : 60%



55- Les Simpson à V 35 : 70%



56- 1…2…3… Géant, à Télé Québec : 30%



57- Les Calinours à Télé Québec : 20%



58- Apostrophes à Canal Savoir : 75%



59- Second Regard à Radio Canada : 60%



60- Les beaux malaises à TVA : 40%



62- Les Francs tireurs à Télé Québec : 20%



63- Ces gars-là à V 35 : 20%



64- Planète Terre canal Savoir : 50%



65- Un gars le soir à V 35 : 0%



66- Les Chefs à Radio Canada : 20%



67- En Direct de l’Univers à Radio Canada : 30%



68- Cuisine Futée Parents Pressés à Télé Québec : 50%



69- Un Chef à la Cabane Télé Québec : 70%


70- Deux Hommes en Or à Télé Québec : 10%

Bien entendu il s'agit ici d'une appréciation toute subjective, parce qu'en matière de culture il ne saurait y avoir d'objectivité.

Julien Maréchal

dimanche 25 janvier 2015

Retour sur la commission Bouchard-Taylor et les accommodements (dé) raisonnables!


Montréal le 24 janvier 2015 
Retour sur les accommodements. (I) 
C’est un sujet inépuisable. 
Il interpelle chacun de nous, que nous soyons campés dans le groupe des laisser-faire-et tout-s’arrangera-avec-le-temps, ou bien que nous soyons du groupe des-intervenants-qui-se-placent-dans-des-positions-difficiles-parce-que-le-sujet-est-chaud-et-difficile. 
Le premier groupe est formé d’une masse critique de braves gens comme on dit, pour qui la vie en société relève d’un état de fait. Apparence que cette société dont ils font partie mollement, n’est en somme qu’une affaire de lieu…où il se passe des choses…auxquelles ils ne peuvent rien. Genre : 
‘’C’est ça qu’est ça ! ‘’ 
Avec un rien de méchanceté grinçante, j’ajouterais que leur situation ressemble plus à l’alignement des légumes du potager, qu’à l’éclosion sauvage mais libre des plantes de la forêt.

En plus d’être très nombreux, ils sont en quelque sorte un terreau où tout peut pousser, le meilleur, le bon, le mauvais, et le pire. Au fond ils ne comprennent rien, ou si peu, du phénomène social qui les fait et les anime. Ce sont plus ou moins des individus. Ils forment des foules immenses, qu’on qualifie parfois de termes étranges, comme ‘’majorité silencieuse’’ (dans lequel terme de ‘’majorité-qui-ne-s’exprime pas’’) on peut mettre tout et son contraire. Au fond ça ne veut strictement rien dire. C’est du je-m’en-foutisme, de la démission, quand ce n’est pas de l’ignorance pure et simple.
Puis il y a ces groupes, ces partis politiques, ces organisations, ces cénacles, ces sortes de thinktanks, qui comme leur fonction l’indique sont organisés. Ils travaillent à la promotion de leurs vues (pas toujours bonnes, pas toujours mauvaises) sur ce que doit être une société. Ce sont les artistes et créateurs. Ce sont les organismes qui prônent une vision articulée de la société. Ils sont réformateurs, utopistes, intellectuels, citoyens participants, coopérants ou adversaires. Ils ont en commun d’être intéressés et comment ! Ils se démènent, posent des gestes, se mêlent aux débats, s’activent publiquement. Au contraire du groupe précédent qui subit passivement.
Il est évident pour quiconque sait observer, que ce sont les gens de ce deuxième groupe qui font la société et l’imposent (pour le meilleur et pour le pire) à l’ensemble social.
Dans des articles précédents, que l’on peut retrouver ici sur mon blogue, j’ai longuement épilogué à l’époque sur la Commission Bouchard-Taylor. Dont je pensais beaucoup plus de bien que de mal. En résumé, j’ai dit à l’époque de son itinérance à travers le Québec, que ce qui faisait sa valeur était justement qu’elle existait, et permettait à d’innombrables groupes et de citoyens, de particuliers, de faire valoir leurs idées, leurs attentes, leurs visions, leurs angoisses, leurs espoirs, au sujet de la nation au sein de laquelle ils évoluent. Cette commission a fait ressortir au grand jour des contradictions, des préoccupations, qui pouvaient enfin s’exprimer. Il était temps.
Là était le mérite de cette commission. Celui de permettre de poser de vraies questions au sujet de préoccupations collectives inquiétantes. J’ai dit aussi et je le répète ici, que je n’étais pas d’accord avec les conclusions et recommandations de cette commission qui par ailleurs, dans son rapport final, mettait tout de même l’accent sur des enjeux réels. Et proposait aussi quelques pistes de solutions dignes d’intérêt.
Depuis, des gouvernements et des instances aveugles au sens commun, ont mis le couvercle sur ce chaudron bouillonnant, et maintenant la pression monte. Nous avons l’air de fous qui parient sur la vitesse d’un train emballé, dans lequel nous prenons place, et qui va dérailler au prochain tournant, emporté par les lois de la physique.
La preuve en est que les débats de l’époque (on parle ici d’une époque très récente) reviennent maintenant à la une de l’actualité, avec un redoublement d’urgence impatiente, au milieu de confrontations internationales qui font quotidiennement dans l’horreur. Et qu’il se trouve encore des instances (responsables???) qui refusent d’en débattre. On pratique volontiers en hauts lieux la politique de l’autruche.
Les débordements ethniques (surtout religieux) sont partout, et provoquent des accrochages qui semblent pour le moment si compliqués, qu’on en vient à se dire qu’ils sont et seront insurmontables. De là à baisser les bras dans la recherche du vivre ensemble, et de constater qu’il vaut mieux en découdre par la force, il n’y a qu’un pas. Celui-ci est de plus en plus franchi par des citoyens (et des états) exaspérés, qui redécouvrent maintenant de vieux réflexes xénophobes.
Qu’on me comprenne bien, cette xénophobie n’est pas nouvelle. Elle est de toutes les époques et s’exprime sous divers aspects. Elle prend selon les temps et les mœurs une couleur linguistique, religieuse, sexuelle, sociale (affaire de classe) dépendant des tendances plus ou moins exacerbées du moment. On y trouve des effets de mode, des contraintes culturelles inquiètes, qui s’expriment par bien des refus. Ou encore par cette sorte de tolérance larvée qui n’est rien d’autre que de l’attentisme méprisant.  
Au Québec, nous sommes conscients des défis que pose l’immigration, et on s’interroge ouvertement sur ses conséquences. Ce qui nous vaut parfois d’être montrés du doigt par des gens insignifiants, dont le propos, pour être enveloppé de bons sentiments vides de sens, n’en est pas moins l’expression d’une ignorance crasse. D’autant plus redoutable que ces imbéciles qui jouent avec le feu, s’ils ne sont souvent que des inconscients, ont du pouvoir et de l’audience.
Je vise ici plus particulièrement certaines publications anglo-canadiennes dont (The Gazette de Montréal) et certains instituts pédants comme (l’Institut Fraser de Vancouver) qui nous dénoncent chaque fois que l’on cherche à définir notre mieux vivre ensemble.
Ces bouteurs de feu ne sont pas les seuls de leur espèce. Que le Canada-anglais nous donne des leçons sur quoi que ce soit qui touche l’organisation d’une société équilibrée, est un comble d’aveuglement et de bêtise. Dans un pays (ben oui le Canada, pour ne pas le nommer) où le mépris de l’autre est la règle commune ...nous en savons quelque chose. 
Qu’il y ait au Québec des voix (heureusement parcimonieuses et peu influentes) qui écoutent et commentent ces sornettes, est quelque chose dont l’indigence en matière d’intelligence est suffisamment évidente, pour que j’évite ici d’en rajouter : 
‘’ Les chiens aboient, la caravane passe ‘’. (Proverbe arabe).
Dans ces sphères hautaines farcies de préjugés, où on pratique la parole onctueuse et mielleuse, l’analyse ampoulée mêlée de vieux relents sacerdotaux, on y prêche en somme la tolérance de son voisin, de ses voisins, non pas parce qu’on les respecte pour ce qu’ils sont, mais parce qu’on s’en méfie, qu’on les craint, qu’on les surveille. Et surtout parce qu’on souhaite leur assigner une niche sociale où ils n’embêteront personne. Dans ces enclaves fortifiées de bien-pensants, on n'y mélange pas les serviettes et les torchons.
C’est là tout le drame du multiculturalisme, du communautarisme, procédés malsains entre tous, qui empêchent la fabrication d’un tissus social coloré certes mais cohérent, et favorise au contraire les replis, les ghettos, l’indifférence, voire la suspicion, et éventuellement la haine. 
Seule… je devrais dire meilleure façon d’empêcher ces replis néfastes…il y a la Société Civile (d’autres disent Laïque) qui établit un cadre général de participation à l'usage des citoyens, et impose plus de devoirs et de responsabilités à ceux-ci, qu’elle n’accorde de privilèges ou de droits confus à des particuliers fâcheusement vociférateurs. Totalement intolérants face aux autres, qui pratiquent l’intimidation, tout en se faisant passer pour de prétendues victimes.
À suivre…
Julien Maréchal