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vendredi 2 octobre 2015

Le dieu pétrole doit être mis à la raison!



Le dieu pétrole doit être mis à la raison

Texte composé entre le 1er Janvier 2015 et le 29 septembre 2015

Mis en ligne le 2 octobre 2015.


‘’Tous droits réservés, Julien Maréchal et la Corporation des Premières Assises Mondiales sur la Condition Humaine. Rallye 2000, Québec Inc. (19 mars 1998)’’


Le vaste Monde est là qui attend la manifestation de vos talents. 


Une fois qu’on a dit que les désordres mondiaux actuels, surtout ceux qui dérivent du Proche Orient, sont causés par la filière pétrole, laquelle régit la politique mondiale depuis 100 ans en ces lieux et ailleurs, on a tout dit et on n’a rien dit.   
Cependant on s’approche tranquillement de la possibilité de réduire, sinon de solutionner, ces conflits qui durent encore et encore. Parce que bien évidemment le pétrole n’est qu’une composante (majeure certes) de celles qui déterminent les haines et les antagonismes. Déjà de réduire certaines tensions en enlevant le prétexte pétrole serait un progrès. Le reste, fait de confrontations qui mijotent dans l’affreux chaudron religieux, ou les haines ethniques, n’est pas près d’être apaisé.
Certains esprits peu enclins aux fantasmagories, pensent de plus en plus que l’abandon pur et simple, grâce à une révolution énergétique, de la filière ‘’dominante’’ du pétrole… J’AI BIEN DIT DOMINANTE … permettrait de changer pour le mieux, le climat politique abominable qui sert dans ces lieux malsains, de prétexte à tant d’empoignades. Cela parait difficile dans l’état actuel des économies, surtout occidentales, mais il faudra bien en venir là. Il y a suffisamment de réserves pétrolières en Amérique et en Europe pour satisfaire les besoins en énergies fossiles pendant des siècles. À condition de ne pas les gaspiller comme on le fait, dans une course à la consommation démentielle. 
Qui en plus des guerres que cela provoque, met en danger l’équilibre climatique. On nous dit et on nous répète sur tous les tons, que nous courrons à notre perte. Je dois vous dire que contre l’avis des prophètes de catastrophes, que je pense que rien n’est joué définitivement. On peut absolument réparer les dégâts causés en faisant confiance à la Nature, qui au cours des millénaires en a vu d’autres. Arrêter de polluer,  c’est déjà 80% (+-) de la solution à ces désordres écologiques. Vous remarquerez d’ailleurs que malgré tous les protocoles qui cherchent depuis plus de 30 ans à endiguer la production pétrolière et la consommation polluante, que c’est le contraire qui se produit. 
On a peut-être ralentit  avec ces initiatives minimalistes, la courbe ascendante de la production pétrolière et de son corollaire la pollution, elle n’a jamais diminuée et continue de monter. Ce qui fait qu’au finish, si on en croit les tenants de l’apocalypse climatique, qu’au lieu de périr étouffés par cette pollution, ou emportés par les raz-de marée de l’élévation des océans en 2100, nous le serons en 2150, ce qui est une piètre consolation.
Arrêter de polluer veut exactement dire, faire passer la consommation actuelle du pétrole et de ses dérivés à 10% (mettons) de ce qu’elle est actuellement. Et le faire en moins d’une génération. Fini le pompage et l’exportation par pétroliers géants, ou par pipe-lines ou par rails, de cette ressource, cadeau de la Nature. Il ne s’agit donc pas ici de maintenir la croissance du gaspillage dans une marge acceptable, où la Nature arrivera à maintenir à la limite de fragiles équilibres…le gaspillage demeure du gaspillage et c’est inacceptable… mais bel et bien de faire diminuer cette croissance du gaspillage, au point où cette Nature-là, notre Nature à tous, non seulement arrivera à contenir les dégâts, mais sera capable de les réparer en très peu de temps. 
Mettons quelques décennies, surtout si les collectivités humaines lui donnent un coup de main. C’est absolument faisable, et ce sera une excellente chose pour les citoyens et pourquoi pas les gens d’affaires ? Tout le monde y gagnera. Est-il seulement nécessaire ou utile ici d’ajouter que ces changements, qui impliquent de lourdes décisions économiques chargées de contraintes, ne vont pas se faire en criant lapin ou ciseaux. J’ai bien dit ici qu’en s’y mettant tout de suite, que cela pourra se faire en une génération. Une génération c’est plus ou moins 30 ans.
Un usage pondéré, tenant compte de la possibilité de tous les recyclages, ce qui implique aussi une politique d’abandon des décharges publiques et privées, et de la réutilisation de tous les rebuts et déchets. Cela nous assurera pour des générations, la jouissance de cette ressource. Du moment qu’on ne la dilapide pas dans des entreprises absolument démentes. Comment faire ? 
Prendre exemple pour commencer sur la filière du charbon toujours abondant. Au lieu de le déplacer sur des centaines de milliers de kilomètres, afin d’approvisionner les chaudières des maisons et des usines, on a tout simplement bâtit des centrales électriques sur les mines. Ainsi on exploite sur place la ressource, dont les résidus, les déchets, sont traités sur place. En fait les gens qui s’y connaissent vous diront que le déchet ça n’existe pas. Ce concept s’élabore autour de la notion de gaspillage, qui fait que dans une ressource on privilégie l’exploitation d’une ou de plusieurs de ses composantes, et qu’on rejette les autres, faute de savoir quoi en faire.
Donc par une utilisation raisonnée de la ressource sur place, on fait de ‘’GROSSES’’ économies d’énergies, alors qu’on n’a plus besoin de centaines de milliers de bateaux, de millions de wagons ou de dizaines de millions de camions, qu’il faut entretenir et surveiller constamment à grands frais, pour livrer dans le détail, une ressource qui peut être transformée en électricité sur place, et pas mal moins polluante à acheminer par fils,  que de déplacer toute cette poudre noire malpropre, ou ce liquide gluant et explosif, à travers les continents. 
Des spécialistes des comparaisons entre les avantages et les désavantages techniques des différentes transformations énergétiques, établiront les chartes équivalentes, et calculeront les gains collectifs. À commencer par une baisse flagrante de la pollution, et  une considérable diminution des risques de dangers d’accidents, de conflagrations, et de dommages à l’environnement. Avec à la clef, tous les avantages d’une mise en place d’une politique de transports collectifs électrifiés, donc très peu polluants. Probablement pas du tout.
Et les emplois dans tout ça ? Une chose à la fois s’il vous plait. Je vais vous en parler des emplois dans une autre chronique. Je me contenterai ici de vous dire que le plein emploi, dans une civilisation qui travaille à sa perte dans l’étouffement général, n’est qu’une idée démente de plus, au milieu du saccage et de la folie généralisée. Nous y reviendrons.
Le seul fait de déplacer charbon ou pétrole dans le détail, représente une dépense épouvantable en énergie de cette ressource. Si on prend en considération la consommation en pétrole de tous ces bateaux, trains, camions et autres oléoducs de livraison du pétrole brut, ainsi que des essences, diésels, kérosènes, et autres produits du pétrole, on doit bien se rendre compte que cette activité à elle seule, représente une énorme part de la dépense d’énergie que l’on tire du pétrole. Tout ça uniquement pour pouvoir s’en servir ici et là partout dans le détail. Difficile d’en évaluer le pourcentage qui doit être considérable. J’évaluerais ici prudemment ce pourcentage à 15 ou 25% de cette énergie. Probablement plus de ce que l'on cherche à exploiter. C’est délirant d’inefficacité. Il faudrait tenir compte des dépenses énergétiques présentes et à venir, qui doivent être engagées seulement pour compenser les effets pervers de cette activité. Pollution-dépollution, dommages environnementaux. Coût des soins de santé liés, désordres socioéconomiques du type guerres et conflagrations politiques. En fin de compte on s’aperçoit avec effarement que loin d’être rentable  (en termes de réels progrès) toute cette activité cause plus de mal qu’elle n’engendre de prospérité générale.
***
Ainsi en considérant le volet transformation sur place de la ressource en électricité, afin de l’acheminer ensuite rapidement et proprement à travers la planète, on limiterait considérablement les dégâts, tout en favorisant le développement durable, source d’emplois et de satisfactions sociales. D’autant plus que des usines thermoélectriques, même si elles représentent elles aussi un potentiel de pollution, ont sur place l’énergie nécessaire afin de traiter les gaz, les poussières, et en fin de compte de recycler in situ, les sous-produits inutilisables et dangereux, qu’on retourne à la place que leur a assigné la Nature depuis des millions d’années. Sans devoir encore une fois devoir dépenser des sommes considérables d’énergies, afin de transporter et d’enfouir les déchets. Je ne parle même pas ici de tous ces dépotoirs qui occupent ici et là autour de chaque agglomération, des espaces précieux qui du fait de leur contamination deviennent impropres à toute activité humaine digne de ce nom.
Cela fait maintenant une génération que ça se fait. En Chine par exemple, où on utilise énormément la ressource charbon, on est en train de démolir une après l’autre, toutes ces vieilles centrales polluantes (il y en a des milliers) pour les remplacer par de nouvelles qui ne polluent presque plus, et qui sont dix fois (?) plus efficaces en rendements. Si les chinois peuvent le faire, alors pourquoi pas nous ? Poser la question c’est y répondre. Mais ici un bémol, parce que je ne sais pas si effectivement, les chinois en construisant leurs nouvelles centrales, transportent le charbon par train afin de les approvisionner. Là aussi il faudrait les convaincre si ce n’est déjà fait, d’installer leurs centrales directement sur les sites miniers, et de transporter l’électricité par lignes à haute tension, plutôt que  de convoyer par trains des centaines de millions de tonnes de charbon.
Et le pétrole dans tout ça ? C’est un problème semblable. On construit autour de la ressource des centrales électriques modernes, très peu polluantes, énergétiquement efficaces, et c’est l’énergie électrique qu’on transporte ou exporte. Pas le pétrole. 
Fini les trains dangereux, les pipe-lines menaçants, les millions de camions et les effroyables superpétroliers. L’électricité ça se déplace même à travers les continents, les mers et les océans, et ça ne laisse pas de résidus polluants. Ça se déplace à la vitesse de la lumière. Imaginez une seconde que toutes les stations à essence, qu’il faut approvisionner chaque jour, ferment leurs citernes, et qu’elles offrent des prises de recharges pour des voitures électriques rapides et efficaces. Nous allons vers ça, alors aussi bien s’y mettre tout de suite. 
Oui oui je sais qu’il y a l’objection que de grandes centrales thermoélectriques vont polluer encore plus, seulement pour alimenter le parc électrique des transports. C’est faux, cent fois faux ! La disparition de toute l’infrastructure actuelle du seul transport du pétrole, pour assurer l’approvisionnement dans le détail de la ressource, va largement compenser collectivement les problèmes de pollution des grandes centrales, là où on pourra traiter sur place ce problème. La technologie n’a pas dit son dernier mot. En matière de dépollution, on commence seulement à trouver des solutions. Par ailleurs cette approche que je présente ici a elle aussi ses inconvénients. Je vous dirai toutefois que dans l’ensemble, elle représente une avenue d’efficacité et de rendements bien meilleurs que de s’en tenir aux méthodes actuelles, qui sont toutes unanimement décriées. Cependant si vous avez de meilleures idées de solutions de ces graves problèmes, je vous en prie, faites-nous en part.
Des esprits très avisés vous diront aussi qu’on peut également installer autour de la ressource, toutes ces usines de transformation du pétrole en plastiques et autres sous-produits puisqu’on y tient. C’est ensuite ce plastique brut, inerte, ainsi que tous ces sous-produits, transportables sans danger d’explosions, qu’on achemine ensuite par chemins de fer, bateaux ou camions si c’est nécessaire. Ça ne règlera pas tout, mais vous verrez qu’à la longue, des solutions qui paraissent farfelues aujourd’hui, vous sembleront d’une éclatante logique une fois les arguments démoralisants épuisés. 
Bien évidemment il restera forcément, du moins pendant un certain temps difficile à pronostiquer, des nécessités de transport de ressources (par exemple le bitume pour faire l’asphalte et réparer les routes) issues du pétrole qui demeureront problématiques, donc dangereuses. Passe encore qu’on puisse faire fonctionner tout le rail par l’électricité comme cela se fait en Europe, je ne vois pas comment on pourra faire fonctionner les grands cargos à l’électricité seule. C’est un problème actuel à caractère universel de nos jours, qui ajoute sa contrainte polluante à tout ce qui se fait sur la terre ferme. Réglons d’abord la filière électrique terrestre, tout en cherchant des solutions pour les bateaux. Il y aura forcément une période de transition, qui sera faite progressivement de l’abandon des vieilles méthodes, et de mise en place des nouvelles. C’est ça le progrès, dont le type implique la mise à jour de nouvelles infrastructures électriques, qui nécessiteront plus d’emplois que le maintien du désordre présent.
Il n’est pas nécessaire de faire exprès de provoquer des conflagrations, en multipliant les dangers au seul prétexte de fausse rentabilité comptable. On transportera si nécessaire du gaz, des liquides destinés à d’autres transformations, mais le tout sous le parapluie d’une règlementation rigoureuse, sans complaisance envers les compagnies rendues responsables de leurs activités. Pour cela il faut que les gouvernements, plus précisément les états, se tiennent debout. En fait il faudrait même que ce soient des régies locales, regroupées en organisations internationales, inter-et-extra- frontalières, qui soient chargées de la règlementation, et qu’elles aient les moyens, au-delà des magouilles politiques, de faire respecter cette règlementation.
Difficile me direz-vous ? Indispensable et nécessaire que je vous répondrai. Pour cela il faut des politiciens courageux, d’une intégrité pointilleuse nécessaire. Et ne venez pas me dire ici que ça n’existe pas. Il y en a, ils sont partout, mais on ne les écoute pas. Il y aura certes toujours des magouilles, de la corruption, mais je suis convaincu qu’on peut réduire ces impondérables, et les contenir dans ce que j’appellerais ici le risque raisonné et raisonnable. 
Sinon vous pensez bien qu’il n’y aurait jamais de Commission Gomery ou Charbonneau ou Cliche, ou SECO ou quoi que ce soit. Il y en a tout le temps de ces commissions qui examinent les malversations, et tâchent d’y trouver des solutions avec des recommandations idoines. Tout cela demeure autant d’exercices compliqués, mais absolument indispensables. Tout comme les tribunaux internationaux qui doivent juger en permanence des crimes contre l’humanité. Ais-je besoin de vous dire ici que la pollution de la planète est un fameux crime contre cette humanité dont nous faisons tous partie ? C’est très bien que plusieurs d’entre nous prennent conscience de leurs responsabilités individuelles, et fassent les efforts pour se discipliner, mais ce n’est pas suffisant.
Les solutions à ces problèmes de pollution, et des désordres qui y sont associés sont possibles, si on considère seulement les progrès accomplis depuis 100 ans, et qui fondent maintenant les composantes de notre modernité. Les temps sont murs pour les remises en questions audacieuses. Il y a partout sur Terre une soif de progrès, des nécessités d'apaisement sur fond de prise de conscience plus universelle qu’individuelle. Tout l’art du vivre ensemble repose maintenant sur les bonnes volontés planétaires, qui ne peuvent se manifester qui si elles ont prise sur leur localité. Cela va de l’individu à la communauté, de cette communauté à son environnement élargit, qui s’agrandit jusqu’à la nation, le pays, l’État et l’organisation planétaire.
Je ne peux quand même pas tout faire. Je suppose que vous disposez tous d’un cerveau… et surtout d’une cervelle (je ne sais pas si vous saisissez la nuance… clin d’œil)… alors servez-vous en. 
Le dieu pétrole est un ‘’sacré’’ problème c’est le cas de le dire. Nous ne règlerons pas tout, tout en même temps, alors commençons par celui-là. Ce sera un excellent exercice communautaire international. Il existe partout, dans chaque pays, des millions de citoyens capables de plancher utilement sur cette problématique, et d’y apporter des solutions originales… payantes…adaptées aux lieux et aux cultures locales, susceptibles de pondérer les désordres actuels. Au fond, maintenant que de plus en plus de gens, de comités, d’associations et de gouvernements exigent que l’on se tourne vers un développement plus durable, alors que les nouvelles technologies le permettent, il faut encourager cette tendance et en faire une priorité généralisée.
Les imbéciles vous diront : ‘’ Qu’en affaires il n’y a pas d’amis’’. Les gens d’affaires qui connaissent les ‘’vraies affaires’’ vous diront, expériences et réussites à l’appui : ‘’ Qu’on ne peut faire de bonnes affaires qu’avec de bons amis’’.  C’est le principe de la ‘’confiance élargie’’, versus celui ‘’d’au plus fort la poche’’. Concept totalement dépassé.

Par exemple nous avons ici au Canada quelques illuminés de profits comptables, qui sont véritablement d’affreux dinosaures.



***
Prenons pour exemple ce pétrole des sables bitumineux de l’Alberta.

Bête noire des environnementalistes.


Au prétexte de favoriser l’économie canadienne et ses exportations, on a en ce moment (lourd et émotif débat) plusieurs projets d’exportation de ce pétrole vers les marchés mondiaux. Les gens de l’Ouest qui y sont opposés font un tel foin autour du transport de cette ressource malpropre par oléoducs, que les pétrolières songent maintenant à abandonner ces combats perdus d’avance. 
Le projet Keystone qui veut traverser les USA pour acheminer le pétrole de l’Alberta vers le Golfe du Mexique se heurte au véto présidentiel américain. Oh je ne doute pas qu’éventuellement, puisque cet oléoduc se construit quand même, qu’une fois les Républicains élus, ils renverseront d’une manière ou d’une autre ce véto présidentiel. Ils sont tenaces les bougres. Mais sont-ils intelligents ? C’est une autre paire de manches.
Regardons maintenant ces autres filières, celles d’Embridge et de Trans Canada pour ne parler que de celles-ci, qui veulent acheminer ce même pétrole toujours par oléoducs, mais cette fois-ci vers l’Est, en passant par la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et les Maritimes, afin de le charger à Halifax sur des pétroliers en partance pour les marchés mondiaux.  Bien qu'on parle aussi dans ces projets, d'alimenter les raffineries de l'Est en pétrole  ''canadien''.


'' Aparté : En passant je serais curieux de savoir pourquoi on n’a pas envisagé d’acheminer ce pétrole jusqu’à Churchill au Manitoba sur la Baie d’Hudson, et ensuite de le faire voyager par le Grand Nord  avec des pétroliers à double coque ? Il y a probablement là des oppositions féroces qui relèvent de traités internationaux, et qui touchent la protection du Grand Nord. Je ne sais pas pourquoi on ne parle jamais de cette possibilité. Probablement à cause de son caractère de toute évidence sacrilège, chaque fois qu’il est question du Grand Nord. Cependant on en fait des forages en Mer de Beaufort. Et très certainement aussi en Russie où n'en doutez pas, il y a aussi des sables bitumineux dont personne ne parle. N’en déduisez surtout pas que je serais partisan d’une telle approche c’est tout le contraire. Je me demande seulement tant qu’à mal faire, pourquoi les promoteurs de cette folie n’ont pas songé à celle-ci ? Ou bien ils y ont en effet songé, et se sont vite rendus compte qu’ils déclencheraient là un tollé de protestations indignées. Entre deux approches démentes ils ont choisi celle qui leur semblait la moins abominable (ont-ils pensé).''


Reprenons : Opérations complètement délirantes, que celles du déplacement du pétrole albertain à travers le Canada vers ses deux océans et le Golfe du Mexique. Toutes ces opérations qui cachent des intérêts privés à très courte vue, sont vouées à de retentissants échecs financiers. 
Ni la Russie ni les pays Scandinaves n’ont besoin du pétrole albertain. Puisque c’est de lui dont il est ici question. Quant à approvisionner l’Est des USA par l’Océan Atlantique à partir d’Halifax, franchement l’ampleur d’une telle opération, par oléoducs à partir du centre du Canada vers ses périphéries à l’Ouest comme à  l’Est, pour aller le livrer ensuite sur les cotes est et ouest des USA, ou encore de l’Amérique du Sud ou des pays de la ceinture du Pacifique par pétroliers géants, si telle est leur intention, je trouve ça complètement dément. L’Amérique du Sud par exemple a déjà sur place des producteurs pétroliers qui peuvent assurer l’approvisionnement de leurs marchés. Quant au Pacifique il regorge de pays producteurs de pétrole.
D'autre part il se pourrait bien que dans cette équation des besoins en pétrole, que les pays Européens cherchent à se désengager de celui du Proche Orient, décidément  trop porteur de conflits et trop risqué sur le plan acceptabilité sociale au sein de leurs populations. En permettant ainsi à la filière albertaine de se développer sur la scène internationale, on y verrait à moyen terme une possibilité de se dégager du bourbier politique du Proche Orient. C'est possible, mais encore faudrait-il développer des techniques d'extractions et de raffinages de ce pétrole qui soient vraiment concurrentielles avec les pétroles liquides, extraient des gisements du Proche Orient. On en est loin, très loin.


Pourquoi je dis ça?

D’abord le pétrole  de l’Alberta est abominablement couteux à extraire et à traiter afin de le rendre exploitable énergétiquement. Son coût ne fait absolument pas le poids dans le marché pétrolier mondial actuel. Même en améliorant du simple au double les méthodes actuelles d'extraction et de traitement, il n'en demeure pas moins qu'au moment où on se parle, le pétrole du Proche Orient, de même que celui de la Mer du Nord, ou ceux de l’Afrique ou du Venezuela, se vendent sur les marchés mondiaux dans une fourchette qui se tient entre $35.00 et $50.00 le baril, et qu'ils en tirent un profit considérable. 
Cela est dû en grande partie au prix de la main-d’œuvre dans ces pays, qui n'a rien de comparable avec celle de l'Alberta. Au Canada les gens ne travaillent pas pour 1 ou 3 dollars l'heure. On parle chez nous de salaires horaires qui varient entre 14 et 40 dollars l'heure. À ces prix-là il n’y a aucun profit envisageable pour le pétrole albertain. Passe encore pour l'économie albertaine qui y voit un avantage de proximité, mais pour ce qui est de l'exportation mondiale alors ça ne va plus du tout. Bien évidemment ces apprentis sorciers de la finance tablent sur une éventuelle remontée du prix du baril de pétrole. Ils oublient dans cette approche, que si le prix du pétrole remonte, il va remonter presque partout dans le Monde. Sauf au Proche Orient, dont l'Arabie Saoudite entre autres, qui va garder pendant longtemps ses prix bas, et ainsi va damer le pion à tous ces aventuriers de la Bourse qui jouent à la roulette avec leurs finances.


Parlons donc rentabilité juste pour voir.

Mettons de coté pour le moment les insupportables dégâts écologiques qu’une telle politique complètement saugrenue annonce, et parlons prix de vente de ce pétrole.
Une fois chargé sur des pétroliers, que ce soit à Halifax, à Prince-George en Colombie-Britannique, ou à la Nouvelle-Orléans, à qui diable voulez-vous bien vendre ce pétrole-là ? Pourquoi acheter le pétrole albertain dans le Golfe du Mexique, sur la cote du Pacifique ou celle de l'Atlantique, où il y a d’innombrables plates-formes qui extraient déjà un pétrole de meilleure qualité, et de meilleur coût sur place ? Il y a des réserves insensées au Mexique, dans le sud des États Unis, au Venezuela. Il y en a à Cuba, en Colombie. Bref il y en a partout autour du Golfe. Il y en a en Mer de Beaufort et en Alaska, et il y en a aussi sur les champs d'Hibernia de Terre-Neuve pour ne nommer que ceux-là.  Je dois supposer qu'il y en a aussi sur la côte Pacifique Russe. Que vient faire dans ce marché le pétrole albertain ? Ça ne tient pas debout cette histoire renversante. Pas plus que n'est défendable cette politique aberrante des pétroles  de schiste, qu'on prétend extraire de l'Ile d'Anticosti, autre délire.
Quant au marché de l’Atlantique, qui donc va acheter ce pétrole-là ? Certainement pas les pays du Nord de l'Europe, eux-mêmes producteurs-exportateurs de pétrole. Et vers le Canada…le saviez-vous ?

Vont-ils le vendre en Afrique alors que le Proche Orient est à coté ? Et que du pétrole il y a au moins une douzaine d’états africains et du Maghreb qui en produisent, à ne plus savoir quoi en faire ?
Le vendre à la Chine à l’autre bout du Globe? La Chine achète à très bon prix son pétrole de la Russie, de l’Iran et d’autres sources bien plus proches. D’autant plus qu’on fait des forages en Mer de Chine afin d’en extraire.

Cette politique canadienne d’exportation du pétrole de l’Alberta pour concurrencer le marché mondial est une bêtise, une insanité financière, et une folie à cause des épouvantables risques environnementaux. 
En plus d’évidente déstabilisation de la société canadienne. Vous l’avez peut-être remarqué, mais le climat de coopération entre les provinces autour du dieu pétrole est totalement inexistant. C’est bien au contraire une fichue pomme de discorde. Il y a déjà bien assez de problèmes d’incompréhension entre les provinces canadiennes, pour qu’on n’y entretienne pas comme c’est le cas actuellement, cet affrontement économique, financièrement tordu sur le plan  environnementaliste, qui déchire tout le monde.


Le pétrole albertain n’a qu’une issue et très temporaire, et c’est celle d’être exploité sur place, et transformé en électricité, qui pourra être exportée avec un minimum de retombées néfastes. De plus une telle entreprise redonnerait une certaine légitimité à cette ressource suspecte, et lui permettrait de durer le temps que les sociétés mondiales se tournent vers d’autres ressources électriques. Comme le vent, le solaire et la géothermie en pleins développements.
Vous pensez bien que si les albertains pensent malgré son faible profit (s’il y en a un) qu’il vaille la peine de se donner tant de mal pour déplacer leur pétrole à travers les continents et les océans, ils pourraient tout autant investir dans le transport continental de l’électricité, produite autour des sables bitumineux, par lignes à haute tension. Pour minimiser les pertes dues à la résistance du réseau, il faudrait des lignes à 1.5 millions de volts A.C.,  alors que de nos jour la plupart des lignes à haute tension sont à 750,000 volts A.C. Une des objections possibles à une telle démarche, sera le coût du kilowattheure ainsi produit. Cette contrainte-là  pourra s’effacer devant les gains énormes en abaissement des désordres environnementaux et de santé, produits par la filière pétrolière actuelle. De toute façon, ce pétrole n’est pas rentable dans le marché présent. Vous pensez bien qu'une telle entreprise comporte elle aussi sa part d'inconvénients, mais il s'agit ici de considérer que le transport du pétrole, que ce soit par pipeline ou trains ou camions ou bateaux, est une fichue saloperie.


Je dois ici exprimer ma sympathie pour ces albertains qui, en exploitant leur ressource pétrolière, ne font rien de mal fondamentalement. Ils cherchent collectivement à améliorer leur sort, d’autant plus qu’ils ont pendant quelques décennies été les champions du pétrole liquide qu’ils ont extrait et exporté au point de se remplir un ''Heritage Fund'' qui faisait l’envie de tout le Canada. Puis la crise arrive, le Fund sert d’amortisseur pendant quelques années et maintenant le Fund n’est plus là, et l’Alberta devra recevoir de la péréquation, doit faire des déficits, et se fabrique une dette. Elle qui en tant que province n’en avait pas du tout.
Or il se trouve que ce que je leur propose ici pourrait leur redonner beaucoup d’espoir et mousserait leur courage. De grandes centrales électriques bâties sur les sites des sables bitumineux, leur permettrait de produire d’énormes quantités de cette électricité dont le continent à tant besoin, et ils la produiraient avec une fraction seulement de ce pétrole qu’ils exploitent actuellement à grands frais. Encore là  cela leur permettrait d’améliorer considérablement leur bilan environnemental pour le moment si désastreux. 
Ainsi au lieu de gaspiller une part significative de cette ressource dans des entreprises coûteuses et pleines de risques, dans une atmosphère de gaspillage apocalyptique, ils en géreraient la part nécessaire et rentable, tout en préservant pour les générations futures une ressource qui ainsi ne serait plus gaspillée, et dont l’usage respectueux permettrait à la Nature d’en absorber sur le long terme les quelques inconvénients résiduels. Il est fort probable que d’ici quelques années le  pétrole ne sera plus acceptable socialement. Alors que l’électricité le demeurera longtemps, même s’il faut la produire avec ce même pétrole. Les gens accepteront que l’on brule la part utile de ce pétrole, du moment que son usage sera contenu dans des bornes raisonnables. Il faut aussi considérer que les techniques de récupération du carbone, et de son enfouissement dans les sites de captages souterrains, sont au point et vont continuer de s'améliorer.


L’Alberta importe probablement une part importante de son électricité, et pourrait commencer par se faire une totale autonomie énergétique électrique, avant d’exporter ensuite ses surplus aux états limitrophes. En fait ici je dois avouer que je ne sais pas qui alimente en électricité, les provinces du centre du Canada. Je dois penser que ces provinces peu riches en dénivellations propices à l’hydro-électricité, doivent produire une part de leurs besoins avec des centrales thermiques au charbon au pétrole ou au gaz, qu’il faut bien évidemment approvisionner en carburant. À ma connaissance elles n’ont pas de centrales nucléaires.
En attendant que l’on trouve autre chose, cette énorme énergie thermo-électrique servirait à favoriser à la grandeur de l’Amérique, des transports en commun électriques, non polluants. Comme progrès ce serait fameux. Surement très payant pour des investisseurs ayant du nez et des moyens.
Il restera bien sur la filière pétrochimique qui elle aussi peut être exploitée à bien meilleur coût et transformée sur place, dans autant d’usines spécialisées autour des champs de sables. De là d’innombrables emplois pour l’Alberta, qui aurait bien mieux à faire avec sa ressource, que de l’utiliser à se donner une si mauvaise presse à travers le Monde. En plus de prendre ainsi des risques insensés avec la vie des populations, s’il faut en plus de ça la transporter par rail, moyen couteux s’il en est un. 
Moins cher que le camion je vous l’accorde, mais plus cher que l’oléoduc qui a si mauvaise réputation. Surtout que ces deux moyens représentent une vision analytique du marché mondial du pétrole, complètement loufoque. Pour ne pas dire criminelle !
On voit bien que d’ici à ce que les filières géothermiques par exemple, ou éolienne ou solaires, prennent éventuellement le relais d’une part importante des nécessités énergétiques, qu’il faudra se contenter du pétrole. En autant que l’on s’efforce de maintenir ses lourds inconvénients dans des limites acceptables.

Avec le pétrole les choses ne sont jamais simples.


Julien Maréchal

lundi 8 juin 2015

Indépendance du Québec. Élection ou Référendum?



Chapitre Septième
Élection ou référendum?

Comment faire l’indépendance autrement que par un référendum, et pourquoi ?
D’abord, première question à se poser, pourquoi faire un référendum ?
Parce que c’est une consultation générale sur un sujet d’intérêt général (oh combien!) d’une importance capitale. Il est donc impératif de ne pas noyer le sujet référendum dans une foule d’autres préoccupations, qui relèvent de la marche quotidienne des affaires de l’État et de la société. Voilà pour la raison d’être du référendum. À question importante, démarche de consultation importante.
L’avantage d’une telle procédure est qu’elle permet de canaliser les énergies sur un seul sujet de taille, et d’en souligner ainsi toutes les tendances au crayon gras. Histoire de brosser le portrait le plus précis possible de l’humeur générale et des sentiments particuliers. Cela a pour effet immédiat, et c’est visible comme le nez au milieu de la figure, de faire ressortir au grand jour les partis-pris de chacun, de favoriser les alliances autour des mêmes prises de position, et de même, permet de définir précisément les alliances et les antagonismes. Un référendum est au fond une démarche assez simple, plutôt brute, où les sentiments personnels sont exacerbés par leur addition. C’est un effet de gang. De foule, pour ceux qui n’aiment pas le mot.
On voit tout de suite le parti qu’il y a à tirer d’une telle démarche, alors que les partisans des différentes options se regroupent sous des bannières clairement identifiées. Dans un référendum on sait qui est qui, et pourquoi. Cela n’exclut absolument pas les magouilles, les tricheries, les fourberies, mais elles se font au grand jour.
L’autre avantage du référendum c’est son caractère éminemment légitime, dans la mesure où l’exercice se fait dans un pays où les institutions et les procédés de consultations populaires sont fortement démocratisés par l’usage. Dans les pays où cela n’existe pas on utilise aussi le référendum, mais c’est celui de la violence. C’est le référendum armé. On se regroupe en factions, non pas pour juger démocratiquement d’une option, mais pour en découdre.
L’adversaire, considéré comme tel en milieu démo-cratique, et respecté même et surtout s’il est d’un avis contraire, devient dans les pays non démocratiques, ennemi à abattre, est pris à partie comme scélérat, là ou les institutions civiles n’existent pas, ou bien sont faibles. Tyrannies, despotismes, oligarchies, plouto-craties, théocraties, et autres vilenies, telles que dictatures, impérialismes, colonialismes et ainsi de suite.
Au Québec nous avons une des plus vieilles sociétés démocratiques de la planète, et de plus elle fonctionne.
Ici pas de dictature militaire, et un parlement qui fonctionne depuis 241 ans. Bref, nous sommes des gens civilisés. Bravo !

Cependant, on l’a vu, le référendum a aussi son bât qui blesse. Il a pour effet négatif de résoudre en équation simpliste je dirais, une problématique complexe. C’est sans doute nécessaire, parce que comprendre tout le fonctionnement d’un pays dans ses moindres détails, avant de poser un jugement sur la somme de toutes ses institutions, est une affaire de spécialiste. Les gens qui travaillent tous les jours, et qui vivent leur quotidien, n’ont pas que ça à faire. C’est-à-dire de continuellement examiner scrupuleusement toute la structure administrative de leur pays. C’est une tâche herculéenne épouvantablement fastidieuse pour le non initié.
Il faut donc se résoudre à en synthétiser les enjeux, à en supputer les effets à coups de slogans, de clichés faciles à comprendre. D’où la nécessité de campagnes orchestrées par des partis politiques, où des regrou-pements, des coalitions, se mettent sous une bannière rassembleuse. On est ici bien plus dans le domaine du théâtre ou du sport, que dans celui de la raison tempérée.
Dans le cas d’un référendum sur l’indépendance, le camp du OUI et celui du NON, voilà !
Ainsi présentée, l’affaire, pour simplifiée qu’elle soit, a le mérite d’être claire. Et autre argument en faveur de l’élection référendaire c’est qu’elle se représente à chaque élection. Soit aux 4 ans. Là où un référendum national fige les antagonismes sur plus de quinze ans selon l’expérience d’ici.
Cependant elle dresse quand même les adversaires les uns contre les autres, elle les antagonise. C’est un exercice lourdement chargé d’émotions extrêmement variées. Qui n’arrivent pas toutes à s’exprimer au mérite.
De là de nombreuses frustrations, qui vont s’exprimer maladroitement. Elles vont provoquer des éclats, des mises en accusation, vont faire monter la tension au point qu’elle deviendra au fil des jours, une joute généralisée de règlement de comptes.

Il faut vraiment que ayons le pacifisme rivé au cœur et à l’âme, pour avoir pu ainsi supporter par deux fois un exercice si traumatisant, sans que cela ne se soit terminé dans une empoignade sanglante généralisée. Quand je vous disais que nous étions un peuple exceptionnel.
Pas étonnant dans ce cas que les gens aient maintenant l’air (personnellement je sais que ce n’est pas vrai, mais moi je ne détiens aucun micro pour le dire) de ne plus vouloir de référendum.
Les affirmations répétées au sujet d’une présumée lassitude des foules sur la question de l’indépendance ne sont que de la propagande. Elle est particulièrement pernicieuse du fait qu’elle émane de conglomérats médiatiques qui pour la plupart sont contre l’indépendance.
Je l’ai dit plus haut, le débat se fait maintenant sur Internet plus qu’ailleurs.
Certes l’atmosphère qui précède la tenue d’un référendum est exaltante. On se sent vivre intensément, l’euphorie gagne les participants. Pour un court moment l’existence devient trépidante. Dans un monde comme le nôtre, où le quotidien est généralement routinier, une telle dynamique a quelque chose qui s’apparente à une sorte de fête carnavalesque, où les défoulements sont permis, encouragés.
Mais point trop n’en faut. L’exercice terminé sous le signe du blanc et du noir (le Oui et le Non) a des relents de lendemain de brosse.  En cas de score égalitaire ou presque, on se retrouve avec des gagnants pas trop sur d’eux, et des perdants franchement fort mécontents et pas du tout résignés.
Le fairplay en matière de sport passe encore, mais quand il s’agit de son pays la pilule est dure à avaler.
Puis le temps fait son œuvre, les adversaires se réconcilient vaille que vaille, mais ce n’est que partie remise.
Et c’est tant mieux que les choses se passent ainsi. Toutefois ce n’est pas un exercice dont il faut abuser. Dans le cas d’un référendum, comme le dit l’adage de la Société des Alcools du Québec, la modération a bien meilleur goût.
Il y a eu déjà deux référendums à 15 ans d’intervalle au cours des 30 dernières années sur le sujet de l’indépendance, et au bout des deux exercices on se retrouve au coude à coude. La question en phase d’être tranchée, a fait apparaître une fracture dans la société québécoise. Fracture que le référendum n’a pas provoquée certes, mais qu’il a mise en lumière. Cette fracture existait déjà et le vote l’a fait apparaître au grand jour.
Pour décider de l’affaire on en est encore rendu à espérer un score quasiment égal, plus un vote qui tranchera. Je ne voudrais pas être ce votant qui déciderait ainsi du sort de toute une nation.
On a beau dire ici et là qu’une victoire acquise avec un seul vote de majorité trancherait la question, même si le principe est valable, il l’est surtout pour des votes sur de petits nombres de participants. Avec 50 ou 100 votants, l’affaire se conçoit, mais avec cinq ou six millions, ce vote ne pèse pas lourd, est facilement contestable et n’a rien de décisif.
Surtout si un quelconque adversaire décide de lui faire la peau. Je vois mal comment un recomptage si méticuleux qu’il soit pourrait maintenir un tel résultat. Nous ne sommes pas ici dans le roman de Jules Verne l’Île à Hélice.

L’exercice ayant donc été fait en respectant les règles de l’art…oui bon je sais bien que les deux référendums sont loin d’avoir été réalisés dans un contexte d’absolu respect de toutes les règles, non ce n’est pas ce que je veux dire…mais dans l’ensemble, et en tenant compte que nous sommes des humains, nous avons fait humainement ce qu’il était possible de faire.
Avec son lot d’exaltations, de bonne foi et de tricheries, mais ça c’est la nature humaine.
On pourrait refaire l’exercice autant de fois qu’il pourrait être nécessaire, avant d’arriver à un résultat qui serait finalement accepté par tous. Les gagnants comme les perdants s’inclineraient et voilà, l’affaire serait réglée dans un sens ou dans l’autre pour des générations. Peut-être…
Je ne suis pas sur qu’une telle fin de débat aurait pour effet de réconcilier tout le monde. D’autant plus que des sociétés parfaites, harmonieuses, cela n’existe que dans de pathétiques utopies essentiellement littéraires.

Alors comment procéder pour arriver à quelque chose de plus probant ?
Il y a et restera encore longtemps, du moins je l’espère, l’exercice pacifique de la démocratie. Donc des élections.
Celles-ci sont dans nos mœurs, et personne ne se formalise vraiment qu’elles soient à répétition à presque tous les quatre ou cinq ans. Nous sommes rompus aux rencontres près des boites à scrutins, et tout le monde y trouve son compte. C’est encore ce qu’on a fait de mieux en fait de participation générale à la bonne marche de la société. Si on manque son coup une fois, on peut se reprendre la prochaine fois. On peut même changer d’idée ou de parti aux quatre ans. Quant à ceux et celles qui rechignent devant les coûts d’élections à répétitions, il faut faire remarquer à ces têtes légères que des empoignades à coups de cocktails Molotov, avec intervention d’escouades anti émeutes, puis des lendemains empoisonnés par des ruines de toute sorte, cela ne se compare pas. D’autant plus que des élections ça fait travailler beaucoup de monde. Les élections sont d’excellentes affaires. Elles valent bien un ou l’autre de nos nombreux festivals.
On imagine que le Parti Québécois ou un autre parti briguant le pouvoir lors d’une élection, proclame qu’il va faire l’indépendance s’il est élu. En ajoutant…avec l’accord majoritaire de l’Assemblée Nationale. Bon!
Les élections se passent, le parti en question  est élu  avec une  majorité ou une minorité de sièges, ce n’est pas vraiment ce qui compte. L’important, c’est qu’il y ait à l’Assemblée Nationale, une majorité d’élus favorables à l’indépendance sous une forme ou une autre. Donc avec le parti au pouvoir, et ceux dans l’opposition qui sont également pour une forme d’indépendance.
Et que ces élus puissent se targuer de représenter également une majorité d’électeurs. Eux aussi favorables à une forme ou une autre d’indépendance, de souveraineté, d’autonomie. Au fond ces formules expriment un sentiment général de mieux maîtriser nos affaires.
Quoi qu’il en soit le parti qui détient les rennes du gouvernement propose sa loi sur l’indépendance, et tente de la faire voter, sans référendum. Elle passe avec le support de tiers partis, ayant ensemble une majorité absolue.
Je parle ici d’une éventualité dans laquelle plusieurs partis ont l’option indépendance inscrite dans leurs programmes respectifs, sous une forme ou une autre. Au Québec il y en a au moins quatre, et un autre à Ottawa.
Le Parti Libéral du Québec, fédéraliste inconditionnel, s’y oppose véhémentement. Au décompte une majorité favorable à la naissance du pays gagne en nombre de sièges, et supplante son adversaire avec une représentation de 62% de support populaire exprimé par l’électorat, et bien évidemment une majorité de sièges. L’affaire est dans le sac.
C’est la volonté nationale qui s’exprime par la loi, sans contestation sérieuse possible. Ne reste plus alors qu’à proclamer l’indépendance du pays, et là encore l’unanimité n’est pas nécessaire, la majorité suffit.  C’est d’ailleurs comme cela que le Canada a été créé.

Je n’en veux pour preuve que dans le passé du Canada, des référendums il y en a eu, et ils ont servis ceux qui en ont fait les promotions, sans qu’il y ait unanimité.
Mieux encore, dans l’éventualité où un parti favorable à l’indépendance occuperait le pouvoir, il pourrait réaliser une forme d’indépendance (d’autonomie) qui rallierait une majorité de votants. Après quoi, d’autres gouvernements encore plus revendicateurs, viendraient à leur tour bonifier ce premier acte revendicateur autonomiste, et détacher progressivement les derniers liens qui attachent le Québec au Canada.
C’est une démarche prudente, qui n’oppose plus les électeurs en deux groupes tranchés radicalement, mais qui leur permet pour des motifs pointus (j’allais dire pointilleux) beaucoup plus variés, auxquels ils tiennent pour des raisons personnelles et locales, de voter en quelque sorte pour une indépendance certes diluée, mais moins traumatisante.
Si on me demandait mon avis, je dirais qu’advenant une élection avec à la clef l’enjeu de la séparation du Québec du Canada je voterais ‘’pour’’ sans l’ombre d’une hésitation.
Une indépendance à la pièce pourrait s’éterniser et être encore plus contraignante que le statut quo.
Maintenant imaginons un vote libre à L’Assemblée Nationale sur cette question cruciale.
Bien évidemment à partir du moment où le gouver-nement est indépendantiste, tous les élus du gouvernement vont voter pour. Il ne faudra qu’un tout petit nombre de députés de l’opposition pour voter avec le gouvernement, et ainsi l’aider à franchir allègrement la barre des 50% d’électeurs et plus qu’ils représenteraient alors. Disons 3 ou quatre mille votants de plus que le 50 % + 1 nécessaire. Pas assez pour faire 51% mais entre les deux. Le décompte en serait fait à partir des données du Directeur Général des Élections qui sait où et pour qui les gens ont voté comté par comté.
Ce serait suffisant.
Encore là il serait préférable d’avoir en bout de ligne un score plus significatif, mais légitimement ce serait OK et le processus politique, qui doit primer toute considération légaliste, l’emporte ici haut la main…vox populi…vox populi.
D’autre part, si des partis de l’opposition, qui ont (ou qui ont eu) l’indépendance du Québec dans leurs programmes,  refusaient pour des motifs partisans, de voter OUI à l’indépendance de leur pays, cela aurait pour première conséquence de retarder pour bien des années encore, l’aboutissement normal d’un processus parfaitement légitime et nécessaire.
On aurait l’air fin en tant que Québécois. Quant à la crédibilité politique de ces partis incohérents, elle serait réduite à néant. Mais avec l’indépendance ainsi discréditée, ce serait les adversaires de la liberté qui s’en frotteraient les mains.
Peut-on aussi faire l’indépendance sans référendum et sans élection référendaire ?
Oui certainement, mais pour cela il faut que le peuple tout entier descende dans la rue et la réclame.
Cela s’est fait récemment.

Dans des pays autrefois membres de l’URSS.
Mettons que ce n’est pas vraiment notre genre.

Julien Maréchal
Québec 3e Round (2012)
Bibliothèque Nationale du Québec
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