Allons-y
maintenant avec une piste de solution, solution pour laquelle je mets beaucoup
d'énergie et de temps. Comme je l'ai écrit plus haut, la constitution d'un État
établit, entre autres choses, les limites et contrôles des différents pouvoirs
(législatif, exécutif, économique, militaire,policier, etc.) qui composent la
société. Ces contrôles ne doivent pas, comme je l'ai également mentionné plus
haut, être écrit par des gens en conflit d'intérêt. Qui est alors le mieux
placé pour s'assurer que le peuple reste maître de ses institutions? Le peuple?
Trop facile? Pourtant, c'est bien le seul qui est en mesure de limiter le
pouvoir de ses représentants. Évidemment, on me sortira l'argument de
l'incompétence... Le pauvre petit peuple incapable de savoir ce qui est bien
pour lui. Pour celui qui veut que nous sortions de l'adolescence, voilà un
magnifique tremplin!
Il est la portée de tous de définir ce qu'il
souhaite comme société, il ne faut pas de compétence particulière. Tant mieux
si cette constitution est écrite dans un langage simple et accessible, ça fera
changement et peut-être le peuple s'y intéressera-t-il davantage! Tout cela
pour dire que de réunir les citoyens autour d'un projet collectif où ils auront
à définir le type de société qu'ils veulent (les contrôles du pouvoir,
l'ampleur de leur implication dans les décisions prises en leur nom) a toutes
les chances de rallier une majorité beaucoup plus forte que 40% de la
population, et une grande majorité de jeunes par surcroît. Si cette nouvelle
constitution voulue par le peuple ne peut s'appliquer à l'intérieur du cadre
fédéral canadien, alors il y aura création d'un nouveau pays, le Québec,
conformément à la volonté populaire. Voilà ce qu'on appelle la souveraineté, et
non l'indépendance...
Cette vieille idée et tout à fait utopique voulant
qu'on fasse l'indépendance et décidions ce qu'on veut par la suite ne fait plus
recette. Il faut arrêter de chercher le messie qui nous y mènera. Il est de la
responsabilité de chacun de prendre conscience que le peuple ne retrouvera sa
souveraineté que lorsqu'il la réclamera. L'élite ne redonnera jamais la
souveraineté au peuple, même suite à l'indépendance nationale. Elle protégera
ses acquis, dans un cadre provincial ou national, cela reviendra au même.
Et de
grâce, à l'avenir prenez la peine de vous arrêter un peu plus aux idées et
moins au contenu, vous y gagnerez, c'est promis!
***
Réponse :
Merci
Rémi de cette intervention qui va me donner l’occasion de peaufiner ma
critique. J’espère que vous apprécierez.
D’abord
vous pouvez bien me dire que la grammaire, l’orthographe, la syntaxe, et en
somme les qualités linguistiques écrites ou parlées n’ont aucune importance dans un débat d’idées, vous
me semblez … compte tenu de la qualité de votre propre intervention…capable de
bien vous rendre compte qu’une telle position est intenable, si vous venez
m’affirmer que les idées sont importantes, et que la langue utilisée pour les
émettre ces idées-là n’a pas d’importance. Ça ne fait pas tellement cohérent.
Surtout si comme j’ai cru le comprendre, vous êtes impliqué dans la composition
d’une éventuelle constitution pour un Québec…peut-être…indépendant. Je dois
espérer que cette constitution, si jamais elle prend forme, sera écrite dans
une langue appropriée. Je veux bien qu’elle soit aussi écrite dans un langage
que tout le monde peut comprendre, mais cela implique qu’il faudra certainement
que la structure de cette langue…le français?...sera impeccable. Je dis ça
comme ça…
Voyons
donc! Pas de langage, pas d’idées. Un langage boiteux et les idées sont
boiteuses. On fait des idées avec du langage, et en passant, les idées et le
contenu de ces idées c’est la même chose. La langue française, utilisée sur la
planète par des milliers de cénacles, des milliers d’institutions, des
centaines de millions d’individus heureux de la posséder, y compris parmi les
plus populaires et les plus populistes, passe pour être la plus belle, la plus
efficace. En somme c’est un joyau qui n’appartient pas uniquement aux
francophones, mais à l’humanité tout entière. Ce point étant posé, voyons voir.
Je ne
prétends certainement pas posséder le nec plus ultra en matière d’expression
d’idées avec un vocabulaire totalement idoine, je fais mon possible. Cela
commence par le respect de mes interlocuteurs, et pour ce, je fais la chasse aux
fautes, aux tournures alambiquées, emphatiques, gonflées. Mais oui j’en fais des
fautes, j’essaye de ne pas faire exprès.
Je n’ai
nullement rejeté les idées de Sylvain Drolet du revers de la main. Je les ai mises
au complet sur ma page, avec celles de son interlocuteur. J’ai laissé aux
lecteurs, dont vous-même, le soin de juger de la valeur des deux, me contentant
d’y mettre ma propre appréciation qui est ce qu’elle est, et semble vous
déplaire…mais bon, je trouve votre réaction exagérée.
Quant
à la multitude de ces faits que vous évoquez et qui appuieraient son
argumentaire, il serait intéressant qu’au-delà des clichés les plus convenus,
que vous puissiez appuyer vos dires. Je vous dis ça en toute gentillesse. Je
vais en examiner quelques-uns, de ces clichés.
1- Les politiciens ne sont pas tous corrompus. Ils sont
représentatifs de ceux et celles qui les ont élus, dans le contexte démocratique
qui est le nôtre et ma foi, tout imparfait qu’il soit il a ses vertus. Vous
reconnaissez vous-même qu’ils ne sont pas tous corrompus. Ici je viens vous
dire que vous n’êtes pas le premier, ni le seul, à confondre l’intelligence, la
compétence et le dévouement de ces élus, avec de la corruption. Comme disait ma
grand-mère :’’ Il y a du monde dans le Monde qu’est pas du monde, ça prend
ben du monde pour faire un Monde, et on n’a pas tous la même idée !’’
2- La très grande
majorité d’entre eux (les politiciens) ne sont pas corrompus. Ils sont parfois
intelligents, désintéressés, généreux. Souvent insignifiants, suiveux, affairistes,
carriéristes, maladroits. Cependant ce ne sont pas tous des crapules. Il y a
aussi des époques qui sont plus favorables que d’autres à l’éclosion des
talents. C’est vrai dans tous les domaines. La plupart du temps les cuvées sont
ordinaires. Pas mauvaises, ni excellentes, simplement moyennes, et aussi hélas,
médiocres? Cela étant dit, comme cliché…venir me dire une platitude du genre
que le pouvoir corrompt, et qu’il corrompt tout le temps…on croirait entendre
Pierre Eliot Trudeau, qui aimait répéter celui-là, qu’il avait copié chez Lord
Acton, un de ses maîtres à penser.
Tout le monde a du pouvoir, et la majorité l’exerce avec l’intelligence
qu’elle possède, parce que c’est dans la nature des choses. Les parents ont du
pouvoir sur leurs enfants. Les éducateurs en ont sur leurs élèves. Les savants
en ont sur les ignorants, et les lettrés en ont sur les analphabètes. Je ne
vous traite pas ici comme tel, je vous fais une remarque. On se calme! Je suis
peut-être hautain, mais je ne vois pas en quoi vous seriez habilité à me le
dire. C’est une question de point de vue. Et de ton! Mais bien entendu nous
sommes ici dans un débat d’adultes. Sans nous injurier on peut confronter
vigoureusement nos points de vue. Je ne vais pas m’évanouir parce qu’un
contradicteur me dit des choses! Qu’il y ait des gens qui exercent mal le
pouvoir qui leur est confié, parce qu’ils sont maladroits, ignorants, inexpérimentés,
c’est aussi une sorte de règle universelle. Cela ne fait pas d’eux et d’elles
tous des corrompus.
3- Pourquoi laisser aux politiciens le pouvoir d’écrire les
lois? Mais parce qu’ils sont élus pour ça. Rien ne vous empêche de militer, de
travailler au sein d’une association, d’un parti, de produire des propositions,
des résolutions, de les faire voter, et ainsi de suite, hormis vos propres
limitations. Vous me dites que vous y travaillez et que cette constitution vous
tient à cœur ? Je vous dis bravo!
Vous pouvez même vous présenter au lieu de vous faire
représenter! Comment voulez-vous faire autrement? Ah oui les faire voter ces
fameuses lois parfaites, par le peuple! Voilà le grand mot noble lâché. Mais le
peuple on lui fait dire ce que l’on veut. Tout le monde parle au nom du peuple! Il
a remplacé les dieux anciens. Il est la référence de tous ceux et celles qui n’ont pas accès aux
pouvoirs, aux décisions. Le seul peuple qui soit représentatif, le mot le dit,
est celui qui est composé de la totalité des gens qui s’impliquent dans la
‘’Res Publica’’ la Chose Publique, bref la république, prise ici comme terme
démocratique générique. C’est vieux comme les civilisations. Partout dans
toutes les sociétés, il y a des gens qui s’impliquent (de toutes petites
minorités) et d’autres qui suivent (de vastes majorités). Ce n’est ni méprisant ni hautain de le dire,
c’est vrai !
4- Par ailleurs, dans nos sociétés modernes (mot qui veut
dire être de son temps) au Canada seulement (y compris au Québec et dans toutes les villes et les commissions
scolaires) il y a au moins de 40 % à 95% des gens qui ne votent pas. Ils ne
participent en rien à cette Chose Publique. Ils sont pris par mille et une
tracasseries quotidiennes, et pour eux la politique ce n’est pas barbant du
tout, c’est quelque chose qui ne les intéresse pas. Quant aux jeunes?
Laissons-les à leurs expériences. Passé 18 ans, ce sont des adultes, et je
doute que s’ils ne votent pas que ce serait la faute de l’option
indépendantiste. Ça comme sottise, c’en est une grosse pardonnez-moi de vous le
faire remarquer. Bref, ces abstentionnistes, dont les nombres varient
considérablement d’un niveau de pouvoir à un autre, sont eux aussi ce peuple dont
vous parlez beaucoup, tout aussi vivant que les autres peuples, qui ne
participent pas. Il est composé de dizaines (centaines) de millions de citoyens
qui ont autant de droits que les autres, et qui eux aussi font des choix. Dont
celui de s’abstenir. Choix que je juge sévèrement, et qu’il m’arrive de
désapprouver. Mais c’est là leur affaire.
5- Je passe sur votre
remarque que toutes les constitutions ont été écrites par des corrompus, des
oligarques, bref de la racaille. L’Histoire est pleine de ces empoignades entre
possédants et possédés, entre tyrans et exploités. Je vous suggère la lecture
de la Servitude Volontaire (ça date, mais c’est toujours utile) et vous jugerez
si ce texte, écrit par un jeune homme de 19 ans est hautain.
6- Des tribuns et des excités qui prétendent parler au nom du
peuple, j’en rencontre tous les jours. Dans le tas, il y en a qui sont
inspirants. La plupart disent n’importe quoi, et le disent très mal. Quant à
savoir si le peuple a des compétences, on dira non. Non pas parce qu’il est
incompétent, pas vraiment, mais parce que les peuples sont des entités
abstraites, des fourre-tout généraux de citoyens et d’humains aux intérêts
convergents, divergents, hétéroclites, éparpillés. Il n’y a pas d’unité dans la
notion de peuple. Pas plus que dans celle de société ou de civilisation. Chaque
fois que l’on prétend parler au nom du peuple, ou de lui prêter des idées qui
n’appartiennent qu’à soi, on dit des sottises, ne vous en déplaise. Lorsque
vous exprimez des vues sur la politique, soyez un peu plus modeste dans vos
prétentions, et apportez votre pierre à l’édifice de cette civilisation que
vous voulez voire idéale (utopique). Comme vous le voyez, je sais moi aussi
manier le cliché, mais j’y mets des chicanes, des barrières, des guillemets. Je
suis prudent avec mes clichés. Des fois que j’indisposerais mes vis-à- vis
hein!
7- Ben oui, le suffrage universel (l’élection comme vous le
dites avec cette espèce de moue quelque peu dégoutée que je devine chez vous)
favorise ceux et celles qui recherchent le pouvoir. Et vous laissez entendre
très clairement que c’est mal, que c’est malsain, que ça ne devrait pas
exister. Seul le peuple (Souverain, taratata sonnez trompettes) devrait avoir du
pouvoir. Mais quel peuple ? Le vôtre? Le sien? L’autre là-bas qui ne dit
presque rien? Ou cet autre-là qui vocifère? Ou encore cet autre-là qui se
lamente et qui se désole que c’en est une grande pitié?
8- Mettons que je pousse un peu fort sur l’ironie, et
dites-moi ce que vous proposez vous, au-delà de paroles ronflantes et
idéalisées? Il faut tout réformer? Mettre en place les conditions les plus
avantageuses afin (avant) de faire le pays que tout le monde souhaite? Vous
trouvez que c’est une vieille idée ‘’dépassée’’ que de vouloir d’abord
s’affranchir des lourdes tutelles qui sont responsables des désordres que l’on
veut conjurer? Depuis quand la Liberté et le fait de se vouloir un pays…ne
serait-ce que de ne vouloir que ça…seraient des idées dépassées? L’indépendance
serait une survivance d’un passé qui s’attarde? Vous lui préférez la
souveraineté? Comme coupage de cheveux en 32 mon ami vous vous posez là? Vous
rendez-vous compte de l’énormité que vous proférez? Et qu’est-ce que le messie
a à voir avec la Liberté?
9- En somme comme beaucoup de gens hésitants vous nous dites,
comme le fait remarquer M. Sauriol, que pour vous et vos semblables, il vous
faut avant de vous faire un pays, des garanties que ce pays-là sera exemplaire.
Qu’il procédera d’une constitution écrite par le peuple ‘’votre conception du
peuple’’. Sinon rien à faire! Je n’irai pas plus loin. J’ai écrit un livre sur
l’indépendance du Québec. Il s’intitule ‘’Québec Troisième Round’’, il est à la
Bibliothèque Nationale du Québec et sera…du moins on y travaille…publié
bientôt. Probablement en version
Internet, de manière à le mettre à la portée de toutes les bourses. Vous verrez
c’est très inspirant. Je ne suis pas le peuple moi, mais je fais mon possible
avec mes lumières.
Je vous salue mon bon Monsieur! Et au plaisir!
Je pense que nous sommes tout de même tous dans ces
échanges, des indépendantistes, souverainistes et autres séparatistes. On
devrait s’entendre au-delà des virgules et des points d’exclamations! Rires…
Julien Maréchal