Têtes dures !
Ça n’est pas nécessairement un
défaut que d’avoir la tête dure. Il faut savoir tenir son bout, tenir son
terrain, refuser l’intimidation, ne pas se laisser marcher sur les pieds. Puis
lorsque les égos peuvent enfin admettre qu’à force de se faire front sans
broncher, sans dévier de sa ligne directrice, ils ont comme on dit au Japon su
sauver la face, il faut savoir se montrer raisonnable.
Jusqu’ici le gouvernement de M.
Jean Charest et ce depuis plus de 100 jours, se distingue par sa remarquable
incapacité à faire preuve de souplesse. Il a accumulé les gaffes, les bévues,
et la plupart des entrevues avec les ministres qui se sont présentés aux micros
des médias et aux conférences de presse ont été navrantes, marquées du rictus
et de la grimace de gens de toute évidence totalement dépassés par ce qui
arrive aux Québécois en ce printemps 2012.
Tout le monde ou presque, disons
ici les gens sensés et les observateurs conciliants et éclairés, ont remarqué à
quel point les étudiants et plus particulièrement leurs porte-paroles se sont
eux montré cohérents, articulés, solidaires, alors que leurs propos sont remplis
de bon sens, et qu’ils s’expriment dans une langue très bien articulée qui en
somme fait honneur au Québec.
Tout le contraire des ministres
du Gouvernement qui ânonnent sempiternellement des clichés désolants au sujet
de la ‘’Loi c’est la Loi’’ ‘’ le Gouvernement a été légitimement élu et ne se
laissera pas dicter sa conduite par la rue’’ le ‘’désordre a assez duré’’,
alors que lorsqu’ils s’expriment devant les caméras, ils sont tendus, à bout de
nerfs, les visages crispés par cette sorte de fausse indignation vaguement
courroucée qui s’expriment en phrases malhabiles construites avec des arguments
d’une pauvreté exaspérante pour des gens qui sont tout de même comme ils le
disent, le Gouvernement légitimement élu. Ce que par ailleurs personne ne
conteste !
On leur demande justement d’exercer
le pouvoir qu’ils détiennent, de comprendre en sains gestionnaires, le courroux
et l’exaspération montante de plus en plus de Québécois, et au lieu de cela ils
passent des lois illégitimes impossibles à appliquer, et appellent la Police
pour régler par la force un problème politique qui doit et qui va (éventuellement)
se régler par la négociation.
On évoque des sondages
maladroits, improvisés on ne sait trop comment et par qui et pourquoi, au sujet
des appuis des uns versus les autres, mais le problème reste entier. Chaque
soir des manifestations qui de plus en plus tournent au vinaigre. Chacun attend
le premier mort, les amendes données aux contestataires des rues sont
absolument disproportionnées avec le fond du sujet. Personne ne redoute la loi spéciale 78, qui sera abrogée, ou qui prendra fin sans que personne ne paie ces
stupides amendes. Et tout cela nous mène où ?
À plus de manifestations, plus d’émeutes
anticipées, plus de citoyens emprisonnés, plus de Paix Sociale bafouée, un
climat encore assez bon enfant mais qui selon certains analystes très inquiets,
pourrait dégénérer et nous emmener…bon pas besoin d’en dire plus et d’augmenter
l’inquiétude… le gouvernement fait tout pour cela.
Mais qu’est-ce qu’il cherche
enfin ce Gouvernement qui ne gouverne pas? Veut-il vraiment provoquer une crise
sociale d’une telle ampleur qu’il ne lui restera plus qu’à faire appel à l’armée?
Après des mois de silence relatif voilà qu’enfin quelques députés fédéraux
commencent à se manifester et s’interrogent sur ces droits collectifs et
individuels mis en périls avec une loi carrément subversive. Il s’agit d’une
contestation étudiante massive tout à fait exemplaire et remarquable de
ténacité, qui pour être légitime peut elle aussi avoir comme dit l’Autre son
coté sombre c’est possible, mais on s’accorde pour remarquer que ce Printemps
Québécois tranche radicalement avec l’endormitoire politique des dernières
décennies.
Toute une Jeunesse qui se
réveille, qui clame haut et fort son souci d’être respectée. Qui s’annonce aux
portes des lendemains avec une fierté qui ne se laissera pas écraser, et le Gouvernement
fait quoi ?
Il appelle la Police !!!
Il parle de négocier du bout des
lèvres avec un argumentaire pénible, qui nous est présenté aux micros par des
séniors (des ministres responsables) avec en arrière plan d’autres ministres
silencieux qui hochent la tête selon des directives reçues, et nous offrent
l’image consternante de bénis-oui-oui, qui font tapisserie, l’air empesé, grave,
égaré.
‘’La gravité sied bien aux sots’’ disait Sacha Guitry.
Que faire devant un tel étalage d’impuissance
et de mauvaise foi, d’ignorance et d’entêtement ?
Exiger maintenant haut et fort,
mais paisiblement dans le tintamarre général des casseroles indignées, que le
gouvernement, incapable de gouverner démissionne, et que l’on aille en
élections.
Pour le reste, cela regarde le prochain gouvernement.
Quant à ce qui se passe
actuellement dans nos rues je suis de ceux qui pensent qu’il y a quelque chose
d’admirable mais d’encore vaguement étrange qui nous arrive, et qui ressemble à
une sortie de coma.
Il était temps.
Nous devons une fière chandelle à
notre Jeunesse.
Sortez M. Charest, sortez!
Partez! On vous attend probablement sur
quelques Conseils d’Administration (dans le Grand Nord par exemple, je dis ça comme ça) qui voudront utiliser votre exemplaire sens
gestionnaire.
Je leur souhaite bien du plaisir!
Julien Maréchal
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