Printemps Québécois ? Crise Sociale
au Québec? (XIV)
1er Juin 2012
Des sujets de réflexion à n’en plus finir !
Il y aurait au moment où j’écris
ce 14e texte, assez de matière sur l’ébullition sociale-politique actuelle chez
nous, pour écrire un très bon bouquin à l’usage d’un peu tout le monde.
Indépendamment qu’on ait une
position sur le conflit étudiant, alors qu’on les appuie ou qu’on les vilipende,
ou que pour la plupart ceux et celles qu’on appelle la majorité silencieuse, regardent
toute cette agitation et demeurent plutôt amusés et perplexes, devant un débat
pour le moins surréaliste.
Mais bon nous sommes ce que nous
sommes et franchement je nous trouve remarquablement exceptionnels si je peux
me permettre ce semi pléonasme. Et pour ce qui est de la patience nous n’avons
de leçons à ne recevoir de personne. C’est nous qui en donnons au Monde Entier.
Remue méninges généralisé
Je veux ici pour commencer faire
remarquer à tous ceux qui réagissent dynamiquement à ce brassage d’idées, que
ce qui nous arrive collectivement n’est pas banal. Surtout quand on nous
compare à ces ailleurs dans le Monde où les choses se passent de manière
abominablement violentes lorsqu’il y a choc des cultures. Presque partout, au
Moyen Orient, en Afrique, en Asie et aussi en Amérique du Sud, les
affrontements se font carrément dans le sang et les morts.
M. Charest n’a pas arrêté depuis
les débuts de ce brasse-camarades Québécois de dénoncer les jeunes (et
particulièrement la C.L.A.S.S.E. et son porte-parole) et d’exiger d’eux qu’ils condamnent la
violence. Il est accroché à ce mot dont évidemment il ne saisit pas la valeur
réelle. Pendant ce temps la Police tabasse, bouscule et emprisonne toute une kyrielle
de manifestants pour des raisons d’interprétations radicales de lois qui n’ont
même pas d’affaire dans ce ‘’conflit’’, qui est et qui doit demeurer politique
et civilisé. La seule violence actuelle, est celle de ce gouvernement qui ne
comprend pas sa Jeunesse, de ces élites qui se disent médusées devant ce réveil
générationnel, de ces acteurs mercantiles qui crient leur désarroi jusque sur
les tribunes internationales, et qui se faisant se tirent littéralement dans le
pied, et sabotent elles-mêmes le climat pourtant festif, bien que contestataire,
des rues de Montréal et d’ailleurs au Québec.
Trop sans-desseins pour se
rendre compte qu’au contraire ils avaient là une occasion en or de faire venir
des millions de touristes qui se seraient mêlés à cette kermesse revendicatrice
qui ne se voulait absolument pas violente, mais festive. Il n’y a pas plus
civilisé qu’un Québécois dans le Monde actuel.
Ce qui se passe, contrairement à
certaines idées répandues, est loin d’être incompréhensible. Ce qui l’est par
contre, est justement que ceux qui sont payés pour comprendre les mouvances de
la société se grattent l’occiput et se perdent en analyses oiseuses sur cette
agitation dont les motifs profonds ne leur semblent pas clairs.
Cela me fait penser à ces blagues
d’une autre époque que l’on faisait sur le dos des Créditistes, dont les
tribuns, très colorés, ne se gênaient pas pour dire avec des voix emphatiques,
des tas d’énormités dont les commentateurs faisaient des gorges chaudes.
Exemples :
‘’ Cette histoire obscure n’est pas claire du tout !’’ Ou bien encore : ‘’
Cette sombre affaire nous en fait voir de toutes les couleurs !’’ Comme
disaient les Cyniques aussi :’’ Le Québec est au bord du gouffre et nous
allons lui faire faire un pas en avant !’’
C’est amusant non ? Oui bien sur,
mais jusqu’à un certain point ! Quant on en est rendu comme c’est le cas
actuellement, à mettre en péril les droits acquis de toute une population, de
tout un peuple, de toute une société parmi les plus paisibles au Monde, et que
l’on passe des lois rétrogrades, remplies de dépit, de haine et de refus des
autres, c’est qu’il est grand temps de quitter la scène publique où franchement
on y joue une partition qui nous écorche collectivement les oreilles et nous
embrouille la cervelle.
Je parle toujours ici du
Gouvernement de M. Charest qui admet son impuissance, qui ne sait pas comment
jongler avec une réalité pourtant assez simple, et qui empile les gaffes, multiplie
les bévues, et se retranche dans une rhétorique indigente du respect de la Loi
et de l’Ordre.
Choses qu’il est le premier à
fouler aux pieds parce qu’il ne sait pas comment agir, parce qu’il ne sait pas
quoi faire, parce qu’il ne comprend pas ce que veulent les étudiants du Québec
(ils sont des centaines de milliers) appuyés par plus d’un million de citoyens
qui descendent dans les rues chaque soir en tapant sur des casseroles pour lui
dire avec une rare éloquence (particulièrement bruyante mais non violente) qu’il
doit s’en aller puisqu’il n’est pas l’homme de la situation.
Les étudiants ne veulent pas que
l’on touche à un acquis de la Révolution Tranquille. Ils ne veulent pas que l’on
augmente les frais de scolarité, et veulent plutôt que l’on continue dans la
voie de cette Révolution Tranquille en abolissant tous les frais, y compris les
frais afférents, enfin que l’on rende l’Éducation accessible à tous et que le
Québec soit ainsi un exemple pour le Monde Entier. Or on se fait servir des
platitudes au sujet des coûts de l’Éducation aux USA, en Europe, au reste du
Canada (tous des endroits qui nous
regardent avec envie) et on voudrait sommer ainsi les étudiants du Québec de se
mettre au diapason de tous ces pays qui ont torts de martyriser ainsi leurs finances
et leur Jeunesse, avec des considérations comptables qui n’ont rien à voir avec
la noble notion de l’Éducation.
l'Éducation c’est plus important
que la Santé, que l’entretien des routes, que la construction domiciliaire, que
l’administration publique, que la politique. l'Éducation ‘’c’est’’ la Santé, ‘’c’est’’ le moyen d’entretenir les routes et
les ponts, ‘’c’est’’ la façon saine d’avoir
de la saine politique. Sans Éducation la société n’est pas possible telle qu’on
veut bien la concevoir au XXIe Siècle qui se veut plus civilisé que les siècles
précédents.
On ne parle pas de gratuité
scolaire au sens où personne ne doit payer, on parle d’un droit collectif, d’un
droit reconnu par les nations civilisées. On parle d’un droit enchâssé dans je ne
sais plus combien de constitutions et de déclarations, on parle enfin d’une
responsabilité ‘’collective’’ qui est affaire de fiscalité généreuse et qui est
l’affaire de tout le monde. Y compris ceux qui n’ont pas d’enfants, y compris
ceux qui ne veulent faire que des
affaires, y compris ces députés, analystes et autres discutailleux qui se
disputent les coûts de l’Éducation à grands renforts de colonnes de chiffres,
et puis quoi encore?
L'Éducation profite à tout le
monde. Son coût ne se fait pas en amont (en taxant les enfants et les
étudiants) mais en aval alors qu’une fois éduqués les citoyens sont en mesure
par leur activité éduquée, de participer à l’enrichissement collectif.
Le Gouvernement, donc l’ensemble des citoyens en profitent, les corporations d’affaires ne peuvent pas se passer de gens instruits, donc elles doivent payer pour cette Éducation et pas avec des cachets arbitraires émanant du bon plaisir de tel ou tel conseil d’administration intéressé. Non !
Le Gouvernement, donc l’ensemble des citoyens en profitent, les corporations d’affaires ne peuvent pas se passer de gens instruits, donc elles doivent payer pour cette Éducation et pas avec des cachets arbitraires émanant du bon plaisir de tel ou tel conseil d’administration intéressé. Non !
L’Éducation est une affaire
Nationale et tout le monde doit mettre (comme aime à le répéter M. le Premier
Ministre qui adore les clichés) l’épaule à la roue. Et pas besoin de se serrer
la ceinture pour ça. Il faut au contraire desserrer les cordons de la bourse,
et que chacun chacune puise à son escarcelle.
Et les étudiants eux, vont-ils
payer pour leurs études ?
Réponse oui !
Mais quand ils les auront faites ces études.
En attendant ils doivent pouvoir étudier et cela exige du recueillement, de l’attention,
de l’engagement, et ces vertus-là s’acquièrent justement par l’Éducation. On n’en
sort pas. Pour que cela se fasse, pour que les étudiants étudient et aient
de bonnes notes, il leur faut de bons professeurs, des institutions accueillantes
au lieu de ces endroits malsains actuels où on les emmerde avec des platitudes
administratives qui font vivre toute une classe de parasites bureaucratiques
qui n’ont rien à faire dans des lieux d’éducation et de savoir.
Les réclamations des étudiants
actuels qui veulent que l’on repense l’Éducation Nationale (de la maternelle au doctorat) vont dans le vrai sens de l’histoire faite de progrès réels, i.e. qui
rehaussent la condition humaine.
Si vous ne comprenez pas ça, c’est
que vous n’étiez pas attentifs lorsque vous étiez aux études, et la faute en
est probablement que vous aussi on vous emmerdait alors avec des platitudes
gestionnaires dont vous n’aviez rien à cirer à l’époque. Avec les résultats
actuels qui font que vous ne comprenez pas à votre tour vos enfants, votre Jeunesse,
et qu’en plus de ne pas les comprendre
vous leur tapez dessus, vous les emprisonnez, vous les criminalisés, vous êtes
des imbéciles !
Je regrette sincèrement de devoir ici vous en asséner la
révélation.
Allez-vous-en !
Julien Maréchal
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