Montréal au XXIe Siècle
Mettre à
jour la politique.
Nous sommes en 2013, et les programmes électoraux
proposés par ceux et celles qui s’offrent pour inspirer les montréalais,
souffrent d’un retard considérable en fait de projets avant-gardistes. Avant
d’être une question de politique administrative, ou gestionnaire, la vie en
commun au sein d’une grande ville se doit d’être une affaire de philosophie du
mieux-être collectif non?
Pourtant ce ne sont pas les projets qui manquent.
Sauf que trop d’entre eux souffrent de cette enflure technologique qui se veut
progressiste, alors qu’elle est tout bonnement une affaire de divertissement,
voir de jeu pour adultes infantilisés qui en demandent plus.
Ce manque de sérieux propose encore une fois
d’entretenir ou de reconstruire, en les bonifiant de quelques gadgets couteux,
les infrastructures vieillissantes de la ville. Ainsi on a préparé des devis
hallucinants afin de reconstruire l’Échangeur Turcot qui menace ruine, ainsi
que le pont Champlain qui annonce sa vétusté, ma foi elle aussi en avance sur
son temps. Il aurait pu et pourrait durer encore 100 ans ce pont qui n’a rien de
vénérable, si on le compare aux ponts Victoria et Jacques Cartier, beaucoup plus vieux et
toujours solides.
Certes on va reconstruire ces ouvrages à coups de
milliards, et en fin de compte ils ne serviront qu’à perpétuer l’encombrement
de la ville. En facilitant la venue sur son territoire de centaines de milliers
d’automobiles, qui vont perpétuer le
modèle de la vie urbaine aux harmoniques cacophoniques de l’auto.
Puis
dans dix ans?
Bien que d’ici 10 ans on propose de remplacer le
parc automobile des véhicules à essence par des voitures électriques, si cela
fera baisser la pollution, cela ne changera rien à l’encombrement des rues.
Cette façon de voir le futur, se conjugue en fin de compte aux syntaxes
populaires des années 50. Pourquoi vouloir à tout prix perpétuer cette galopade
insensée de gens qui se précipitent le matin en voitures vers la ville en
provenance des banlieues, ou en transports en communs?
Qui doivent tous quitter le soir aux mêmes heures
d’affluences, pour retourner à leurs cités-dortoirs, et ainsi refaire avec des
outils neufs et plus clinquants, la pagaille qui existe actuellement?
Une
autre façon de faire les choses?
Oui bon on parle de tramways, d’autobus
électriques, et beaucoup plus intelligemment de pistes cyclables performantes,
capables de pénétrer tous les quartiers. Mais comme tout cela est hésitant,
prudent, à la limite du manque d’imagination. Certes l’amélioration des pistes
cyclables sera un progrès évident à bien des points de vue. Diminution
draconienne de la pollution, amélioration de la forme physique des citadins, donc
diminution des frais de santé ce qui n’est pas rien on s’entend.
Diminution des encombrements, du bruit. Sans doute
aussi des accidents, et baisses des frais d’entretien. Que diable, mille
bicyclettes ne feront jamais autant de ravages à la chaussée que dix voitures,
on sait tout cela. Mais en hiver, ces merveilleux systèmes sont lourdement
handicapés, du seul fait du froid et de la neige. Mais je dois dire ici que je ne vois pas dans la bicyclette une sorte de panacée aux encombrements. Il y a des propositions à l'effet de mettre à la disposition des citadins d'ici de petites voitures électriques accessibles par abonnement comme le BIXI.
C'est une excellente piste. La même voiture peut servir et resservir dix fois dans la journée, sans prendre la place de toutes ces voitures personnalisées qui encombrent les stationnements. Du moment qu'on les met à la disposition des gens pour une fraction du cout d'une voiture, le succès en sera assuré.
Accordez moi au moins que sur six mois on serait mieux en ville avec vingt fois
plus de vélos et dix fois moins d’auto. Et pour cela, au lieu de faire seulement des pistes cyclables, changer le statut de rues entières à vocation automobile, en axes cyclables qui traverseront la ville et éviteront de mêler ensemble automobiles et vélos sur de grandes distances.
Les portefeuilles des citadins s’en porteraient mieux. Une bicyclette à coté d’une auto, comme coûts… bref vous m’avez compris.
Les portefeuilles des citadins s’en porteraient mieux. Une bicyclette à coté d’une auto, comme coûts… bref vous m’avez compris.
Une façon alternative de voir les choses.
Comment faire entrer tout ce monde dans un XXIe
Siècle adapté aux réalités d’aujourd’hui, et en même temps, prédisposer
l’avenir le plus immédiat aux changements qui s’en viennent?
C’est curieux à quel point certaines approches ont
été rapidement abandonnées il n’y a pas si longtemps, alors qu’on planchait sur
le travail dans son quartier, ou même chez soi. Plutôt que de se déplacer sur
de longues distances pour aller passer du temps dans un bureau au centre-ville.
Avec l’ordinateur, les téléphones
multifonctionnels (c’est tout juste s’ils ne font pas le café et ne lavent pas
la vaisselle) on pourrait certainement éviter ces déplacements insensés
par centaines de milliers. Pourquoi ne le fait-on pas et s’entête-t-on à
construire encore et encore de ces tours à bureaux qui plombent la ville?
On me parle de la nécessité de créer au centre-ville
un climat social, d’y encourager le commerce avec des milliers de boutiques et
de restaurants, pour tous ces braves gens qui travaillent dans ces tours-là.
Commencer à limiter cet afflux de monde, au dire de
certains esprits frileux, c’est carrément tuer le centre-ville et
son esprit convivial populaire! De plus il semblerait, suite à certaines expériences pilotes, que l'ennui et la démotivation guettent ceux et celles qui accepteront de travailler à partir de leur domicile.
Encore là il me parait évident que ces expériences pilotes ne sont pas significatives. On a abandonné sur la foi d'expériences trop rapidement conclues par la négative.
D’ailleurs l'existence n’a-t-elle comme finalité que de nourrir des commerces d’alimentation rapide ? Aux seules fins de sustenter ces dizaines de milliers de bureaucrates, qui remplissent des tâches somme toutes aussi peu valorisantes que le travail clérical ? Ou de passer sa journée debout derrière un comptoir à attendre d'éventuels chalands?
Remplir des commandes, faire des factures,
discuter de plans, de devis, préparer des rencontres, des congrès, des séminaires,
tout ça semble indispensable. Mais avec les ordinateurs d’aujourd’hui, ne
pourrait-on pas réduire considérablement le temps des gens qui s’occupent à ces
tâches si peu valorisantes, et utiliser leurs talents à des projets plus
enrichissants, plus significatifs?
Par exemple dépolluer la vie dans tous ses
aspects, faire comme on le fait de plus en plus, la promotion d’une existence
collective plus verte, plus conviviale, plus civique ? Et je ne parle pas ici d'une organisation différente du temps libre, comme de favoriser l'élévation sociale civique, et intellectuelle.
Voilà des tâches valorisantes. Par exemple, réfléchir à la façon d’arrêter de polluer plutôt que de plancher sur la dépollution, c’est encore bien mieux.
Cela fera baisser la consommation
m’objecterez-vous et provoquera du chômage ? Non mais de quoi parle-t-on ici ?
D’un monde meilleur ou d’un monde malpropre équipé pour se démerder, et qui va
perpétuer des modes de vie aliénants ?
Il faudrait tout-d-même savoir ce que
l’on veut.
Faire
des choix de société.
Pourquoi la misère généralisée devrait-elle être
la résultante d’une baisse de la consommation, du gaspillage, de l’endiguement
des existences trépidantes et névrosées ?
Pourquoi au XXIe Siècle devrait-on continuer à
vivre nos existences de la même façon que la vivait les gens des années 50 et
80 ?
Ça n’a pas de bon sens, et ces arguties pseudo
socioéconomiques-là ne tiennent pas la route. Est-il écrit quelque part que la
finalité de notre civilisation est en somme ce 9 à 5, même amélioré ?
Voyons donc!
Élargir l'espace de la liberté.
Pour une fois dans l’histoire millénaire des
civilisations nous avons l’opportunité de favoriser la plus grande liberté qui
soit, et des tas de gens ne demandent rien d’autre que de vivre la seule
existence qu’ils ont, et qu’ils n’auront jamais, en faisant du 9 à 5. En payant
une hypothèque, en ayant des vacances un mois par année, et passer le reste de
son temps à végéter comme des fourmis ?
Des grosses fourmis je vous l’accorde, qui font
l’amour, des enfants, qui vont au cinéma et qui se gavent de calories certes,
mais est-ce là tout ce que l’être humain peut faire ?
Sans doute comme dans le Meilleur des Mondes, il y
aura des gens qui se contenteront de tâches peu exigeantes, et qui choisiront (librement) de vivre une existence qui s'apparente à une sorte d'esclavage bon enfant, et qui sauront
exister avec un minimum d’imagination.
On leur trouvera toujours des tâches
simples et nécessaires pour les occuper, et ils seront heureux ainsi. Mais je
le répète, est-donc là l’aspiration moyenne absolue ?
Est-là l’idéal de notre civilisation ?
Pour le moment je pose ces questions et j'en fais
une affaire à suivre…
Julien Maréchal
Montréal
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