Chers amis et amies de Montréal,
Il y en a beaucoup parmi nous qui suivons ces événements qui
se déroulent autour de notre Hôtel de Ville.
Devant les démissions accablantes de nos élus -qui depuis
une bonne dizaine d'années ont comme on dit dormis au gaz- je comprends qu'il y
en ait tant parmi nos semblables qui soient carrément dégoutés, écœurés de la
chose politique municipale.
De quoi engendrer un épouvantable réflexe de démission
collective, qui nous ferait un tort immense. Il est temps de se ressaisir,
c'est nécessaire.
Quand on se compare on se console. Dites-vous bien que
contrairement à une idée trop répandue, Montréal n'est pas au bord du gouffre.
Nous héritons des effets de cette
démission collective qui a fait que
depuis si longtemps la vie démocratique à Montréal ne fonctionne plus, ou
fonctionne mal.
Parce que ses citoyens ne participent pas. Remarquons que
nous avons pris conscience de notre laisser-aller collectif, et maintenant nous
en sommes à faire le ménage. C'est une excellente chose, et ceux qui ailleurs
nous ont montré du doigt, sont maintenant en retard d'un examen de conscience
qui va bientôt les rattraper.
Je sais que nos édiles, ceux qui tiennent le crachoir depuis10
ans, n'ont guère été inspirants. De la langue de bois aux platitudes faites de
clichés éculés, on a le sentiment d'être gouverné par une bande de petits mal
élevés, pour lesquels seule compte leur pitoyable carrière de politiciens plus
ou moins arrivistes.
Si vous n'allez pas voter massivement aux prochaines
élections, les gens des trois partis politiques actuels vont se retrouver au
pouvoir pour encore 4 ans, et vous les citoyens pourrez toujours gémir sur
votre sort, vous ne l'aurez pas volé.
Il faut renvoyer impérativement tous ceux et celles qui
grenouillent au sein de ces partis-là. Il y a sans doute dans leurs rangs des
gens valables, des êtres de qualité, mais comme on ne les connait pas, comme
ils ne se distinguent pas du lot, nous devons en conclure qu'ils n'ont pas
rempli le rôle qui était le leur. Ce pourquoi ils ont été élus. C'est-à-dire la promotion et la défense des intérêts des
citoyens de Montréal.
Ils ont tous dits et redits qu'ils n'étaient pas au courant
des magouilles qui empoisonnaient notre administration. Alors soit, nous en
prenons bonne note. La porte est là… prenez-là.
Maintenant il faut renouveler notre classe politique et
faire confiance à de nouveaux participants. Vous me direz qu'il y a encore là
des risques de se tromper et d'aller de mal en pis… je ne le pense pas. Les
nouveaux venus sont avertis. Ils devront tâcher d'être exemplaires. Ils seront
mieux surveillés. S'ils manquent de compétence ce n'est pas un crime, ce sera
une faute, et ça se corrige.
Comment distinguer ceux et celles qui seront les plus
capables?
Il faut d'abord comprendre qu'un Maire ou un conseiller de ville
n'a pas beaucoup de pouvoir. Ils peuvent
vous promette mers et mondes, la Ville n'a pas les moyens de se payer avec ses
seuls revenus fonciers et ses services payants, des délires comme des TGV ou
des parcs Éoliens. Méfiez-vous donc de ceux et celles qui vous font des
promesses, peu importe lesquelles.
Le Maire et les conseillers sont là pour administrer le
budget de la ville et veiller au confort et à la sécurité de leurs concitoyens.
Leur premier rôle est d'assurer les services pour lesquels les citoyens payent.
Au meilleur prix pour le meilleur service.
Sans doute que la Ville peut s'associer à de grands projets,
comme le métro ou encore de grandes infrastructures, comme le déplorable projet
de l'Échangeur Turcot. Mais en somme puisque c'est le Ministère des Transports
qui paye pour ça, la Ville y tient un rôle de consultant. La Ville peut
proposer, faire des recommandations, user de son influence, ce qui n'est pas
rien. Mais pour l'essentiel les décisions finales lui échappent.
L'autorité de la Ville tient à la valeur de ses élus. À leur
capacité d'influencer favorablement des instances qui détiennent plus de
pouvoir que la Ville.
Ce qui doit gouverner le Maire de Montréal et ses
conseillers c'est l'intérêt général. Non pas comme c'est le cas actuellement,
un simple souci de réparer de vieilles affaires qui tombent en morceaux, et
qu'on va remplacer parce qu'il faut les remplacer. Ou encore de promettre des
projets mirobolants pour flatter la vanité de louches promoteurs. L'entretien
des infrastructures n'est pas une affaire de programme politique, c'est une
affaire nécessaire, quotidienne, permanente.
***
Maintenant il faut dire ici des choses parfaitement
désagréables mais nécessaires. Dans le climat actuel de démission et de
corruption qui paralyse l'Hôtel de Ville, d'autres instances (non élues), se
permettent des incursions dans des domaines où elles n'ont pas leur place.
Je veux parler ici du cas de ce Monsieur Yves Francoeur,
ci-devant Président de la Fraternité des Policiers de Montréal, qui se mêle de
donner des leçons aux élus, d'admonester publiquement (à la télévision) de
hauts fonction-naires, bref de fourrer son nez dans des affaires qui ne le
concerne en rien.
Le travail de M. Yves Francoeur consiste à veiller au
respect de la convention collective des policiers. Il doit représenter ses
membres s'ils sont victimes de traitements qui ne cadrent pas avec la dite
convention collective, ou s'ils sont traduits en justice. C'est tout, et c'est
bien suffisant. Il fait un job de syndicaliste, pas d'élu.
Dernièrement cet individu s'est présenté à la télévision
pour demander et obtenir (par on ne sait trop quelles pressions indues) la tête
du Directeur Général de la Ville de Montréal. Il parait qu'il a proféré des
menaces… oui, oui, vous avez bien lu, des menaces… à l'endroit de ce haut
fonctionnaire. Et qui plus est contre le Maire par intérim actuel, M. Michael.
Applebaum. Cela reste à prouver bien sur, mais ce qui ne l'est pas, ce sont ces
interventions télévisuelles qu'il ne peut nier, et qui constituent la preuve de
ses débordements outranciers. Ceux qu'il s'est permis d'apostropher
publiquement ont porté plainte à la Sureté du Québec, qui, solidarité policière
oblige, ne va absolument rien faire bien évidemment. À moins que le Ministre de
la Sécurité Publique démontre ici son autorité, et ordonne une enquête sur les
agissements de cet individu.
Cette chose est gravissime, et ce Monsieur Francoeur devra
démissionner, et le plus tôt sera le mieux. Sinon il devra être renvoyé,
limogé. Ces mots-là ne sont pas trop forts. Étant donné le pouvoir qu'il s'est
arrogé, et les fonctions qu'il occupe, son dérapage constitue une faute
inadmissible en démocratie, et on doit lui montrer la porte. S'il est
indélogeable du fait de son poste de Président de la Fraternité des Policiers,
il doit être suspendu en attendant la fin de ladite enquête.
La Ville de Montréal est en ce moment dans un état de
faiblesse évidente, et le SPVM s'en donne à cœur joie, avec son matraquage des
manifestants, ses dénonciations des élus, ses incursions dans la politique.
L'interprétation à la lettre du règlement P.6 montre que ces
gens-là ne se contiennent plus lorsqu'ils ne sont pas surveillés étroitement.
Les sorties d'Yves Francoeur dépassent les limites de la décence démocratique.
C'est assez ! C'est trop!
Ces gens-là (la Police ou l'Armée), justement parce qu'ils
ont beaucoup de pouvoir (et qu'ils sont armés), doivent être sévèrement tenus
en laisse.
Dans une démocratie, les pouvoirs militaires et policiers
doivent être constamment surveillés de près, sinon ils dérapent (la preuve), et
profitent des situations malsaines, pour s'imposer comme défenseurs,
promoteurs, gardiens d'un ordre qui ne leur appartient pas.
Qu'ils interprètent à partir de critères policiers ou
militaires qui n'ont rien à voir avec la vie dans une société civile libre.
Une société policière peut certainement représenter un idéal
pour des policiers en mal de pouvoir, mais une société civile n'a pas à en
tenir compte, bien au contraire.
La Police est un mal nécessaire, et ne peut en aucun temps
prétendre à gouverner par la force ou l'intimidation, une population qu'elle a
pour devoir de protéger et de ''servir''.
Cette remarque est bonne aussi pour M. Robert Poéti,
aujourd'hui député de l'Assemblée Nationale, dans la circonscription de
Marguerite Bourgeois, et critique de la C.A.Q. en matière de Sécurité Publique,
qui ne tarit pas d'éloges envers le ''magnifique
travail des forces policières'' (sic) au Québec depuis un an et plus.
Il est évident pour le citoyen que je suis que son point de
vue est incompatible avec l'idée que l'on se fait d'une démocratie civile,
participative. Ce Monsieur Poéti, tout policier qu'il a été, est maintenant le
député d'un comté, et il se doit aux électeurs de son comté.
C'est maintenant un civil, et il doit se comporter comme
tel. De plus, en tant que critique sur la Sécurité Publique, il se doit de
prendre ses distances avec son ancien métier. La Police ce n'est plus son
affaire.
C'est celle du Ministre de la Sécurité Publique.
Ce ministre-là est un civil ne l'oublions pas. Même chose
pour ce M. Robert Poéti. S'il n'est pas capable de prendre ses distances avec
son ancien métier, ce qui nous permettrait d'apprécier ses vues de citoyen
engagé envers la société civile, il peut, il doit faire autre chose.
Si c'est sa carrière policière de 28 ans qui dicte sa
conduite, il doit savoir qu'elle est incompatible avec son nouveau métier de
député de l'Assemblée Nationale. S'il ne fait pas la différence, il se trompe
de forum. Il peut travailler comme consultant dans une agence de sécurité, mais
le métier de député c'est autre chose.
Julien Maréchal
Montréal
Aucun commentaire:
Publier un commentaire