Printemps Québécois? Grèves
étudiantes ? (IX)
Vendredi le 18 mai 2012
Le droit de manifester. (Rouges, Verts et Blancs)
Décidément on en verra de toutes
les couleurs.
Depuis maintenant plus de 3 mois
que le conflit entre les étudiants opposés à la hausse des frais universitaires
manifestent, il se glisse dans le débat certaines dérives remarquablement
malsaines quant au droit en général, et je parle ici de ceux qui ont été constitutionnalisés par des assemblées autorisées à le faire, comme la Chambre
des Communes et l’Assemblée Nationale. Je parle ici bien sur du droit de
manifester son mécontentement devant des prises de positions qui briment des
droits fondamentaux, et cela inclut des lois
votées par des gouvernements légitimement élus qui abusent du pouvoir
qui leur est confié.
Depuis quelque temps en effet les
étudiants qui sont plus ou moins pour la hausse des frais universitaires (les Verts)
et qui sont fort peu nombreux quand on regarde ce qui s’exprime sur la place
publique, se sont adressés aux tribunaux pour faire valoir leur droit de
poursuivre leurs cours. Jusque là, mis à part le fait que cette problématique
d’affrontement sur un thème qui est contesté par des centaines de milliers
d’étudiants (les Rouges) on peut
admettre dans une certaine mesure que les tribunaux offrent des injonctions (aux
Verts) pour leur permettre de reprendre leurs cours. Cependant comme on l’a dit
et répété depuis les tous débuts, cette affaire est politique et non pas
judiciaire. Mais bon les tribunaux ayant été interpellés, auraient pu refuser
de se mêler de cette histoire en renvoyant les protagonistes à leurs débats
politiques. Au contraire ils sont intervenus avec les réserves que l’on sait.
Le mal est fait.
Pourquoi les droits des Verts primeraient-ils ceux des Rouges?
Que se passerait-il si les
étudiants contre le dégel des frais, contre la hausse des frais, ceux qu’on
appelle les ‘’Carrés Rouges’’ et qui sont dans les rues, s’adressaient à leur
tour aux tribunaux pour obtenir la protection de leur droit de manifester sans
se faire matraquer ou houspiller par la Police; ou encore sans qu’ils ne soient
l’objet des déferlements haineux de tous ces braves gens qu’ils dérangent de
toute évidence ? Il se trouve que c’est maintenant la Ville de Montréal qui va
adopter de plus en plus de règlements comme l’interdiction de se masquer le
visage avec un foulard, ou bien l’obligation de prévenir la Police à chaque
manifestation quant à son parcours, et puis quoi encore ? La plus petite
dérogation à ces règlements abusifs sera interprétée comme un défi aux lois, et
les manifestations seront carrément interdites dans l’avenir. C'est d'ailleurs ce que veut l’administration du Maire Tremblay qui en a assez de cette expression démocratique qui nuit à la bonne renommée de sa bonne ville. Dont la gestion comme on sait est absolument exemplaire et sans reproches.
Jusqu’ici les tribunaux ont
accordé des injonctions aux Verts, donc à ces étudiants fortement minoritaires
qui manifestent eux aussi dans les rues (timidement mais bon ils manifestent
quand même) et personne ne les en empêchent, mais que se passerait-il si les
Carrés Rouges demandaient la protection et l’encadrement de la Police pour
pouvoir librement dire haut et fort qu’il y a quelque chose de pourri au
royaume du Québec ?
Je demande que le test soit fait,
et que les 3 organisations syndicales qui représentent ces centaines de
milliers de citoyens (étudiants et ceux dans le public qui les appuient) aillent
à leur tour devant les tribunaux et réclament leur protection, puisqu’ils
exercent un droit légitimement reconnu par nos constitutions et nos lois. On
déplore la dérive judiciaire du phénomène de cette contestation, là où certains
groupuscules (ou des individus isolés) utilisent les tribunaux pour faire taire
les contestataires des rues qui sont quasiment innombrables et c’est une chose.
Mais je suggère aux étudiants de la F.E.U.Q. de la F.E.C.Q. et de la
C.L.A.S.S.E. d’aller à leur tour devant ces mêmes tribunaux demander que l’on
respecte leur droit de protester, de contester, de manifester, bref qu’on les
protège comme n’importe quel autre citoyen, ou groupes de citoyens, qui
exercent légitimement leurs droits.
Et que l’on ne vienne pas me dire
encore une fois que la majorité des étudiants du Québec sont à leurs cours et
laisser entendre sournoisement qu’ainsi ils sont ‘’pour’’ les augmentations. Ce
genre de raccourci n’est rien d’autre que de la propagande, et ce n’est pas
avec des sondages bidons manipulés au mérite des indifférents et des inactifs,
qu’on va nous faire croire qu’en somme les étudiants contestataires sont nuls
et qu’ils doivent rentrer en classe et se taire. Ce qui se passe actuellement
transcende totalement l’inertie générale qui dure depuis bien trop longtemps.
Il y a des forces, des puissances
rétrogrades, qui veulent à tout prix que rien ne change au Québec et les
étudiants de nos rues en ce Printemps Québécois font bien autre chose que de
contester des augmentations de cours. Cette affaire n’est que le prétexte, le
syndrome de quelque chose de beaucoup plus profond qui doit absolument
s’exprimer. Les faire taire surtout par la force, revient à dire à des enfants
qu’il leur est dorénavant interdit de grandir, sinon ils seront sévèrement
punis.
Printemps Québécois? Grèves Étudiantes? (X)
Samedi le 19 mai 2012
La Loi c’est la Loi. (78)
Et bien voilà ‘’ils’’ l’ont passée leur loi matraque !
Belle unanimité! Le Barreau du
Québec contre la Loi 78. Toutes les centrales syndicales contre la Loi 78 ! Ça
fait du monde ça Madame ! Les associations des Droits et Libertés contre la Loi
78 ! Les associations artistiques, les infirmières
et même Xavier Dolan sur la Croisette à Cannes, affichent leur soutien aux
étudiants contestataires contre la loi 78.
Les médias qui depuis 15 semaines
exercent une sorte de censure sourde en interviewant de manière exaspérée les
porte-paroles des étudiants, et avec pas mal de complaisance les ministres
responsables du gâchis, se découvrent maintenant une sorte de ferveur
démocratique en émettant quelques bémols face à cette loi 78 qui en définitive les menace eux aussi,
puisqu’elle menace tout le monde. Donc on comprend vaguement que les médias
sont contre la Loi 78. Sauf que dans les médias on fait non pas dans la véritable
réprobation face à une telle attaque contre les droits fondamentaux, on se
cantonne dans le chichi en argumentant sur tel ou tel détail de la Loi qui pour
répressive qu’elle soit, demeure tout de même nécessaire.
Au fond ce qui agace
les médias traditionnels, surtout les journaux, la radio et la télévision, ce n’est
pas l’esprit honteux et anticonstitutionnel de la loi, mais son libellé.
Les partis d’opposition à l’Assemblée
Nationale sont contre la loi 78, sauf la Coalition pour l’Avenir du Québec (la
C.A.Q.) qui a appuyé la Loi, et a même permis qu’elle passe. On comprend que le
Parti de M. Legault n’étant pas prêt pour les élections, préfère pour le moment
garder le gouvernement actuel en place, histoire de gagner du temps. Il y a
fort à parier que ce petit calcul politique uniquement opportuniste, va se
retourner contre François Legault et son regroupement d’esprits, disons le mot,
absolument bornés.
Certes le Parti Québécois de Mme
Pauline Marois qui forme l’Opposition Officielle, est aussi un parti
opportuniste, mais tant qu’à faire preuve d’opportunisme il faut reconnaître
que Mme Marois au moins vise plus juste que les autres partis, qui font le pari
douteux que la population va pousser un soupir de soulagement avec le retour à
l’ordre et à la raison. Mais avec 10,000 manifestants dans les rues seulement à
Montréal, et des tas de manifestations ailleurs dans d’autres villes le soir de l’adoption de cette loi ignoble,
les choses s’annoncent soit confuses ou claires dépendant du bord où on veut
bien se situer. Je pense que deux générations qui devraient s’entendre contre
leur gouvernement incompétent, vont finalement s’affronter au lieu de
collaborer.
Clash de générations? Probablement !
Les générations qui montent
s’apposent naturellement à celles qui précèdent et qui vieillissent.
Courageusement, Amir Khadir de
Québec Solidaire est contre la Loi 78 en choisissant diplomatiquement ses mots,
et encourage les contestataires à la défier par la désobéissance civile tout en
insistant sur la nécessité de s’adresser d’abord aux tribunaux. Vont-il
l’arrêter pour incitation à la désobéissance civile, à l’émeute, lui un
parlementaire ? On verra !
L’indépendantiste J.M. Aussant a probablement
lui aussi voté contre la Loi 78 ? Mais chose curieuse, depuis les tous débuts
de cette grève et de cette contestation étudiante, pas un mot ou presque de la
part des partis fédéraux qui se campent ‘’peut-être’’ sur le respect des responsabilités
constitutionnelles (allez savoir hein !) l’Éducation étant comme on sait de
juridiction provinciale. Il y a 59 députés NPD Québécois dit sociaux-démocrates de gauche
bien évidemment et ces gens-là respectent tous leur mandat, qui est de
s’occuper des affaires qui relèvent du Gouvernement Fédéral.
Et la Charte des Droits et Libertés du Canada,
ce n’est pas Fédéral ça ? Ben là !
Pas un mot non plus des députés
(les quelques députés) du Parti Libéral du Canada au Québec (silence total) de
même que les quelques députés Conservateurs du Québec, ancien parti de Jean
Charest. Bref les 75 députés fédéraux du Québec ne sont pas concernés par ce
qui se passe depuis 3 mois au Québec et qui passionne ailleurs dans le Monde
des chroniqueurs, d’autres associations… passons !
Elle n’est pas
merveilleuse cette démocratie ?
Sans surprise les associations de
camionneurs sont pour la Loi 78, de même que les associations de gens d’affaires,
dont le Conseil du Patronat. Pas de quoi s’indigner, ces gens-là, sauf devant
les augmentations de taxes qui les touchent directement, sont toujours du coté
des gouvernements. Les affaires sont les affaires !
J’ai personnellement interrogé
comme ça au hasard, en me promenant dans les rues de Montréal, des citoyens,
pour bavarder avec eux de cette grève étudiante, de ce Printemps Québécois, et
depuis, de cette loi 78.
Pas une seule fois je n’ai entendu
quiconque manifester de grogne contre le mouvement étudiant !
Personne n’appuie
le Gouvernement, et Jean Charest est toujours voué aux gémonies. Et pourtant
les journaux de Gesca (La Presse et le Soleil entre autres) et aussi ceux de
Québécor (Le Journal de Montréal et de Québec) racontent sans avoir l’air de
prendre parti, que la population appuie ‘’massivement’’ le Gouvernement de Jean
Charest. Et ce à partir de sondages douteux dont on souligne qu’ils ne sont pas
‘’scientifiques’’.
Sauf qu’on les met en évidence dans des pages entières
suivies de puissantes analyses toutes aussi biaisées les unes que les autres.
Pourquoi tant et tant de
mensonges ? Ces médias doivent pourtant bien se rendre compte que mentir ainsi
va à l’encontre de leurs intérêts, mais ils mentent quand même, parce que c’est
dans leur nature de mentir. Ces politicailleurs et ces journalistes à leur
solde, ne pourraient pas de toute façon faire une analyse objective de la
situation actuelle au Québec, parce qu’ils ne sont pas objectifs. Ils sont
intéressés et protègent leurs intérêts en se servant de la puissance des médias
pour confondre la population, la berner, la manipuler et… est-ce que ça va
encore marcher ?
Je suppose qu’ils le souhaitent ou le pensent.
Mais d’autres observateurs pas
mal plus perspicaces, regardent et constatent que le débat ne se fait plus dans
les médias traditionnels (radio, télévision et journaux écrits) mais bel et
bien sur les réseaux sociaux Internet, Twitter, Facebook, et les innombrables
blogues et sites électroniques, là où se rassemble la majorité des
intervenants. Le ton y est absolument différent de celui des conservateurs qui
s’essoufflent dans les vieux haut-parleurs en voie de discrédit total. Sur les
réseaux sociaux qui sont l’apanage de la Jeunesse qui s’exprime de façon si
remarquable depuis 3 mois, l’appui aux contestataires est total. Je veux dire
totalement majoritaire.
Maintenant que va-t-il arriver
avec cette Loi 78 ? Elle ne sera pas écoutée, ne sera pas respectée, elle
deviendra désuète selon son libellée au mois de juillet 2013, soit dans un an.
Et Mme Marois a dit après l’adoption de cette Loi insignifiante mais dangereuse,
qu’elle serait immédiatement abrogée aussitôt que son parti reviendra au pouvoir.
Ce qui risque fort d’arriver même
cet automne si Jean Charest décide d’aller en élections. Elle a aussi promis
d’annuler toutes les augmentations de frais universitaires décrétés par le
Gouvernement actuel, et elle va lancer cette consultation tous azimuts sur la
gestion des collèges et des universités.
À moins qu’une fois élue elle
décide de mettre le couvercle sur la
marmite et de fermer ce dossier explosif en annulant les augmentations de frais
sans plus entreprendre d’autres actions.
Un quelconque comité sera constitué et
fera rapport en temps et lieu.
Exemple, aux Calendes Grecques !
Et si on le faisait ce débat de
fond ?
À suivre…
Julien Maréchal