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vendredi 12 avril 2013

Le mauvais exemple vient de partout!


Mise à jour du mercredi 29 janvier 2014

Cet article écrit le 2 avril 2013 ne tient évidemment pas compte du fait que Michael Applebeaum a été par la suite arrêté par l'UPAC (l'unité anti corruption) le 17 juin 2013, et accusé de différents forfaits dans des affaires de pots de vin, et de trafic d'influence. 
Il a démissionné de son poste de maire intérimaire, et a été  remplacé par Laurent Blanchard en attendant les élections du 3 novembre 2013. Son procès n'a toujours pas été instruit, et depuis sa mise en accusation et sa démission comme maire de Montréal, il n'a cessé de clamer son innocence.

Les nouveaux curés de la Loi et de l'Ordre.

Depuis quelques jours les médias se déchainent contre le Maire par intérim de Montréal M. Michael Applebaum. Il parait que le pauvre homme n'aurait pas déclaré quelques avoirs, dont une propriété. Surtout, oh abomination!... qu'il aurait changé les fenêtres et les portes de son duplex, sans au préalable avoir obtenu le permis nécessaire de la Ville pour le faire. On parle d'un crime qui remonte à huit ou dix ans. Hon!


Au-delà du principe qui veut que tout le monde soit égal devant la loi (ce qui n'est jamais le cas) je veux ici m'interroger sur cet étalage de vertu, de la part de commentateurs qui tombent des nues, parce qu'un citoyen (fut-il le Maire par intérim) n'aurait pas demandé de permis pour changer ses portes et ses fenêtres. Ou procéder à des rénovations sur sa propriété? Quelle horreur!

Il y a maintenant plus de 20 ans que j'entends ces mêmes instances vertueuses, se plaindre de la lourdeur bureaucratique, des tracasseries administratives qui émanent de toutes ces officines, créées, non pas pour veiller à la sécurité des gens, mais plutôt pour surveiller leurs moindres gestes, en vue de leur arracher qui une amende, qui un frais afférent, ou encore je ne sais plus quel montant pour pouvoir se stationner.

Bref tous les moyens sont bons pour embêter le citoyen. Bien sur que Michael Applebaum aurait dû demander ses fichus permis. Il ne l'a pas fait, et offre de les payer maintenant. Petite affaire sans réelle conséquence et je vais vous dire pourquoi.

Parce que le nombre de personnes qui ici au Québec, ailleurs au Canada, et partout dans le Monde, ne payent pas tous les montants qu'on leur réclame au nom d'un quelconque règlement, se chiffre en milliards d'individus. De plus cette peccadille administrative remonte à dix ans, et le contexte de l'époque était à la débrouillardise face aux exigences délirantes parfois, des administrations en matière de paperasses. 
Bref pas de quoi fouetter un chat, vous en auriez fait tout autant. 
Il y a dix ans le gouvernement du Québec avec ses publicités agressives, traitait littéralement de voleurs tous ceux et celles qui travaillaient ''au noir''. Expression malhonnête, qui servait et qui sert encore, à stigmatiser le citoyen qui se démerde comme il peut, pour se tirer d'affaire dans la vie de tous les jours.

À Montréal comme ailleurs la bureaucratie est tellement lourde, tellement inefficace, que pour obtenir le respect d'un droit quelconque c'est la croix et la bannière. Allez-y dans les bureaux chercher vos permis, demander aux responsables de la salubrité d'inspecter des bâtiments infestés de coquerelles, de punaises, de champignons, de moisissures et de rats, voire de tomber en ruine.

Il y a des gens à Montréal qui vivent dans des conditions si insalubres, qu'il faut régulièrement les transporter à l'hôpital tellement leurs logements sont impropres à toute habitation. Puis la Ville de Montréal ne fait absolument rien de probant depuis des décennies afin d'enrayer ce fléau.  La ville n'agit qu'après des dizaines de dénonciations, et surtout lorsque les médias s'en mêlent.

Autrement la Ville ne fait rien de rien. Ce pourquoi beaucoup de gens nettoient leurs logis, posent de nouvelles fenêtres, refonds leurs toilettes et leurs toitures, sans demander de permission à quiconque.

Ceux et celles qui depuis une semaine jettent les hauts cris contre Michael Applebaum, ont tous (je dis bien tous, sans la moindre exception) un jour ou l'autre, procédé à de la peinture chez eux, ont changé des portes, ont posé des fenêtres, arrangé une toiture qui coulait, aménagé un vieux garage, refait une galerie, modifié des hangars infects pour en faire de petits appartements, loués sous le manteau à prix fort, et ainsi de suite. Quant aux aménagements intérieurs faits avec beaucoup de discrétion...passons! 

Ils sont là à exiger du Maire par intérim (qui ne l'était pas il y a dix ans) qu'il batte sa coulpe publiquement, et s'accuse de vétilles, alors qu'au fond il n'a fait que ce que tout le monde fait depuis toujours. Se débrouiller sans attendre de permission. Bonne âme M. Applebaum, voulant apaiser ces furieux-là, se reconnait coupable et essaye maladroitement de minimiser ses écarts de conduite.

S'il fallait suivre à la trace un René Homier-Roy (et consorts) qui cette semaine, s'indignait, avec consternation comme il dit, devant les agissements de Michael Applebaum, il devrait payer des sommes colossales pour ses innombrables manquements au code de la route quand il conduit. À moins bien évidemment qu'il ne conduise pas. 

Il n'est pas le seul, il y a aussi Richard Bergeron et tous ces autres commentateurs qui font des gorges chaudes de ces platitudes règlementaires. Autrement dit, si on fouillait leur vie privée à tous, on trouverait mille-et-un manquements à d'innombrables règlements plus ou moins obscurs. Ensuite  on les leur jetterait à la figure, en les sommant d'une voix indignée, d'avouer leurs fautes et de payer des amendes.  Ils se retrouveraient ruinés, à la rue, à la soupe populaire.

Certes il faut des règlements. Ils servent à confondre les abuseurs quand il y a abus. L'esprit du règlement n'exige absolument pas que chacun vive comme un névrosé, en regardant autour de sa personne, afin de vérifier si en posant un geste quelconque il n'enfreint pas un règlement. 

Même la Cour des Petites Créances comme celle de la Régie du Logement laissent à chacun le droit d'exécuter ou pas leurs jugements. La plupart se règlent à l'amiable ou sombrent dans l'oubli sitôt rendus. Et personne n'a jamais été saisi pour non payement de ses dettes d'études.

Pas un d'entre vous qui me lisez ne fait exception. Il ne se passe pas une journée sans que par votre seule présence sur un trottoir, ou dans un endroit quelconque, vous ne soyez en train de contourner un règlement.  Personne ne vous rappelle à l'ordre de manière aussi tatillonne que vous le faites pour Michael Applebaum.  Qui lui a le tort d'être Maire par intérim, et qu'il se doit de donner l'exemple. Ceux qui le clouent au pilori de la malséance, ne sont que ces nouveaux curés de la loi et de l'ordre, qui exigent en s'étouffant d'indignation, que leurs élus soient plus blancs que blanc.

Alors qu'eux-mêmes dans la vie de tous les jours, se cantonnent hypocritement dans la grisaille généralisée des lois qu'ils interprètent en toute bonhommie, et dont ils se fichent éperdument. Pourtant ils auraient au moins un devoir de cette vertu  civique qu'ils prônent, du seul fait qu'ils sont eux aussi des figures publiques payées avec nos taxes non?

Sont-ils donc à ce point, irréprochables en tout temps pour tout, qu'ils se permettent ainsi de juger avec une telle sévérité un de leurs élus?  Ils  veulent quoi comme Maire? Un saint ! Un maître à penser? Un gourou? Un être humain qui les inspire à défaut de leur ressembler?

Ils seraient outrés que l'on remonte le fil de leurs existences antérieures, et qu'on déterre chez eux, un jugement de la Cour Des Petites Créances, des accusations pour conduite avec facultés affaiblies, des jugements du Tribunal de la Jeunesse, d'autres de la Régie du Logement, et puis quoi encore? Ou bien des dettes d'études oubliées, refusées pour des raisons plus ou moins valables?

Des comptes pas payés?  Des pensions pas payées? Des traites douteuses?  De la petite évasion fiscale? Du travail payé au noir?

Ils n'ont pas cédé leur place dans les transports en commun aux vieilles personnes? Ils ont juré comme des charretiers, crachés dans la rue, laissés tomber un papier gras sur la place publique? 

Ils laissent leur moteur tourner plus de 4 minutes à l'arrêt? Ils ont fumé dans des lieux fermés et empoisonnés leurs semblables pendant mille ans? Ils n'ont pas tourné les roues de leur voiture dans le bon sens lorsqu'ils se sont stationnés? Du seul fait qu'ils conduisent une voiture ils sont en perpétuelle infraction avec leur téléphone par exemple? Ils n'ont pas changé la pile de leur avertisseur d'incendie?  Ils ne nettoient pas les marches de leur domicile pour éviter que le facteur ne se casse la gueule en hiver?

Oh les vilains!  Et ça vient ainsi jeter les hauts cris parce que le Maire par Intérim n'aurait pas, il y a dix ans, payé un permis de 35 ou 50 dollars? Ben là….

Avons-nous affaire à des bouffons?  Les pires… les bouffons vertueux?
Vous me faites pitié! Pourtant je vous aime bien quand vous vivez vos existences avec discernement, et que cela vous permet bien sur de regarder tous les règlements et lois avec pas mal de recul. Sans ça on vivrait sous la dictature de la loi et de l'ordre, et vous descendriez tous à la rue où vous seriez matraqués légalement.
C'est ça que vous voulez ?
Quant à Michael Applebeaum, qui sait ce que l'avenir lui réserve?
Julien Maréchal

Montréal

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