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jeudi 26 avril 2012

Grèves Étudiantes: Printemps Québécois. (III)


Grèves Étudiantes, Printemps Québécois. (III)
Jeudi le 26 avril 2012
C’était écrit, les négociations entamées par la Ministre de l’Éducation Line Beauchamp et les représentants des trois organisations syndicales la F.E.U.Q., la F.E.C.Q. et la C.L.A.S.S.E. ont capoté, et ce au bout de 40 heures de palabres sur 48 heures de trêve exigée par la Ministre.

Sans surprise, étant donné la mauvaise foi absolue de la partie gouvernementale, les observateurs qui regardent ce gâchis, n’ont pas manqué de souligner avec force à quel point le Gouvernement du Québec, et plus particulièrement M. Jean Charest et Mme Line Beauchamp, sont complètement dépassés par l’ampleur de cette crise qui n’est en somme que l’expression d’un malaise (le mot est faible) d’un état des choses beaucoup plus grave que la simple augmentation des frais universitaires.

Je remarque surtout à quel point les juges autoproclamés de cette dérive sociale sont affolés devant son ampleur et devant ses conséquences appréhendées. Il ne se passe pas un jour sans qu’une foule de chroniqueurs, que ce soit au Journal de Montréal, à La Presse, à Radio Canada, à TVA et ailleurs - parce que je ne peux pas tous les nommer ici- paniquent totalement devant la solidité de la solidarité étudiante. On voit des intervenants insister auprès du représentant de la C.L.A.S.S.E. presque pour le supplier, avec des larmes aux yeux et surtout les traits tirés par l’exaspération, de dénoncer, de condamner et il le fait, mais en termes choisis. Le représentant de la C.L.A.S.S.E., a dénoncé en termes non équivoques et ce à maintes reprises (probablement plus de 100 fois depuis qu’on le lui demande) les dérives violentes et les saccages. Sans toutefois condamner l’expression exaspérée de manifestants plus trublions que d’autres, qui s’en prennent au mobilier urbain et privé. Dénoncer, condamner, petit débat sémantique, ‘’pas rapport’’ avec le problème actuel.

Les citoyens qui observent ce qui se passe dans les rues, et avec eux les policiers, les étudiants qui défilent, voient bien que les dégâts causés par les casseurs ne sont pas le fait des manifestants dans leur ensemble. Qu’il y ait parfois des débordements ici et là, des gestes malheureux d’exaspération, cela se conçoit, s’explique par le climat de confrontation qui est sciemment entretenu par le Gouvernement du Québec, sur lequel retombe la totale responsabilité de ces désordres.

Remarquons toutefois que lorsqu’il y a des émeutes 100 fois plus ravageuses que les manifestations qui se passent actuellement (et qui sont le fait d’une Coupe Stanley ratée ou acquise) les médias n’en font pas un tel plat. La poussière du désordre retombe rapidement. À les entendre aujourd’hui alors qu’ils se tordent les bras de désespoir devant quelques vitrines fracassées ou quelques voitures bosselées, on croirait que la nation est au bord du gouffre et qu’il faut sévir de toute urgence. Au fond ces commentateurs affolés se doutent bien que leurs jours de gloire satisfaite sont comptés, et c’est ça qui les terrifie. Ils n’ont certainement pas la conscience aussi tranquille que les étudiants.

Dans le cas actuel ces manifestations sont socioculturelles. Ce qui veut dire qu’elles sont l’expression d’une prise de la parole engagée et responsable (alors que les émeutes sportives sont uniquement de la frustration de supporters éméchés) et cette prise de parole citoyenne dure depuis des mois maintenant. Tout compte fait, les quelques dégâts constatés à date sont minimes comparés à d’autres, en d’autres temps, surtout si on tient compte que cette Grève Étudiante dure depuis plus de 70 jours, ce qui est absolument remarquable. A-t-on déjà oublié que l’an dernier à pareille date, c’est le mouvement des Indignés qui occupait le centre-ville et que des  manifestations il y en avait beaucoup?

Ce qui se passe actuellement dans nos rues est l’expression légitime et très saine d’une révolte citoyenne qui est portée à bout de bras par la Jeunesse du pays. Et il importe peu que cette Jeunesse ne soit pas présente à 50 ou 100%. Le Gouvernement de M. Charest a moins de pourcentage de représentation des électeurs, que les étudiants n’en ont des leurs pour justifier leur action. Déjà que plus de 200,000 jeunes descendent dans les rues pour protester contre des gouvernants totalement discrédités par leurs actions, leurs magouilles, leurs abominables prévarications qui durent depuis des décennies, a quelque chose de profondément significatif. Et j’ajoute de rafraichissant.

Il semblerait que pour le moment il n’y a que le Québec Solidaire qui veuille bien être avec la Jeunesse dans les rues, même s’il faut absolument reconnaître qu’au-delà des pleutres qui dénoncent les étudiants et veulent encourager la Police à les matraquer, il y a aussi des voix plus lucides qui s’indignent de la faiblesse du Gouvernement, de son entêtement, de son incapacité à écouter, à comprendre, bref à gouverner. 

Ne voit-on pas tous les jours cette pauvre Mme Line Beauchamp nous offrir le spectacle désolant d’une Ministre accablée, et qui tente de faire comprendre au bon peuple qu’elle a été blessé par certains propos, dits ou pas dits, alors qu’elle s’enfarge dans une rhétorique infantile où seul son égo est en cause?

Ce n’est pas le rôle de la C.L.A.S.S.E. de s’ériger en juge de ce qui se passe d’illégal lors de manifestations légales et légitimes. Ça c’est l’affaire des tribunaux, pas des associations syndicales étudiantes. Et la désobéissance civile en certaines circonstances n’est pas illégitime. C’est actuellement un devoir de protestation devant des abus flagrants.
Doit-on penser cyniquement ici que Mme Beauchamp et avec elle, le Premier Ministre Jean Charest, attendent le premier mort, et qui sait alors s’ils n'iraient pas jusqu'à  appeler l’Armée Canadienne ( après la Sureté du Québec) pour punir réprimer une révolte qu’ils auront largement contribué à créer ? 
Un Parti Libéral dépassé par les événements et qui appelle l’Armée Canadienne en renfort au Québec pour des motifs politiques, cela s’est déjà vu non ?

L’image télévisuelle est redoutable quand elle montre l’état de déroute faciale des commentateurs pro ‘’Loi et Ordre’’, alors que les visages des représentants syndicaux étudiants affichent la même sérénité, la même détermination, le même calme, et refusent de se laisser manipuler par toute une frange bien pensante qui veut leur faire porter le chapeau des désordres actuels.
Je pourrais les nommer ces commentateurs et chroniqueurs qui ont en leur temps profité largement du ‘’gel des frais universitaires’’ et qui maintenant installés dans des emplois juteux, crachent sur la génération actuelle en lui reprochant tout et son contraire. Les égoïstes en effet ne sont pas ceux qu’on pense et qu’on pointe du doigt.

Personne de sensé au Québec d’avril 2012 ne pense que 200,000 étudiants qui exigent d’être respectés ne sont que de la racaille, mais pour le moment je vais m’abstenir de nommer cette frange de nantis, confortable dans ses jugements si sévères contre les jeunes, qui s’émeut devant quelques vitres cassées, et qui voudrait qu’on assomme les jeunes dans les rues. Je me réserve ce devoir lorsque la situation s’envenimera, et elle va s’envenimer du train où vont les choses.

D’autres commentateurs expriment l’opinion qu’ainsi M. Charest pense que l’exaspération populaire va se retourner contre la Jeunesse, et que le parti Libéral du Québec en profitera pour se faufiler entre les sondages et s’arrachera un autre mandat au milieu  des désordres qu’il crée.
J'espère qu'ils se trompent. Il est impensable que les Québécois reportent au pouvoir encore une fois un parti politique discrédité dans les magouilles, les collusions, les détournements de fonds, les pertes épouvantables de la Caisse de Dépôts et Placements du Québec (plus de 40 milliards, soit 100 fois ce qu’on veut faire payer aux étudiants) en démolissant un acquis social dont toute cette classe d’arrivistes véreux actuellement au pouvoir, a largement profité. 

On a remarqué du bout des lèvres que pendant cette crise significative, M. Charest  se promène à l’étranger, s’occupe de son Plan Nord mal ficelé dénoncé dans les rues, et que notre bon Maire Gérald Tremblay, qui décidément n’en rate pas une, s’envole pour les Émirats Arabes.

Plus déconnecté que ça tu meurs! Tout cela en fin de compte est excellent. 
‘’Les Dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre.’’ 

La Fête Nationale cette année fera date. On gage?

Julien Maréchal.
Vive le Québec Libre!

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