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jeudi 10 mai 2012

Printemps Québécois? Grèves Étudiantes? (VII)

Quel gâchis? Quelle mauvaise foi?

La dernière négociation vient de se terminer en queue de poisson, alors que les  manifestants des derniers jours, retournés crier leur désarroi, encaissent de plus en plus de coups de matraques. Voilà que maintenant quelques bonnes âmes s’avisent de remarquer qu’en fin de compte, puisque les manifestations se font sous le signe incontestable de la légalité et surtout de la légitimité, qu’il y a lieu de s’émouvoir de tous ces ''dommages collatéraux'' qui sont les conséquences directes de cette dérive populaire tout à fait remarquable.

Je me disais que depuis quelques années les policiers du Québec étaient moins sauvages que leurs confrères des temps  anciens, où des brutes épaisses pas du tout scolarisées…à moins d’avoir une 7e année…tapaient dans le tas des manifestants à matraque rabattue (on se souvient entre autres événements d’un certain Samedi de la Matraque à Québec) sans vraiment se soucier des ecchymoses, des bras cassés, des yeux pochés, des lacérations infligées, bref de la pagaille épouvantable que ces occasions malsaines de se défouler (pour des flics) entrainaient.

Je me disais comme tant d’autres que de nos jours les policiers ont au moins un Bac, qu’ils ont été formés dans des instituts où on leur enseigne les bases de la psychologie et du droit élémentaire. Bref que l'ancien temps des gros épais à casquette était terminé.

À voir ce qui se passe dans nos rues depuis 3 mois il est bien évident que si on a expurgé des rangs de la Police les éléments les plus mongols, les barbares à gros bras, on n’a pas pour autant éliminés les recours les plus crasseux à la bonne vieille violence, afin de mâter ces citoyens qui ne sont pas d’accord, et qui veulent se faire entendre. 

Pendant ce temps-là les édiles gouvernementaux ont exigé et exigent, je dis bien ''exigent'' encore et encore de la part des associations étudiantes, et plus particulièrement de la C.L.A.S.S.E. et de son représentant Gabriel Nadeau Dubois (qu'on a diabolisé comme s'il était Méphistophélès en personne) de dénoncer vertement toute violence. 

Qu'on se le dise, s'il doit y avoir une quelconque violence, elle appartiendra uniquement aux policiers qui agiront avec un mandat précis et légal de brutalité bien ordonnée, ah mais!
Faut-il en tenir une couche (d’épaisseur) pour se permettre, simplement parce qu’on en reçoit l’ordre, d’accepter de balancer dans une foule comme à Victoriaville lors du Congrès du Parti Libéral du Québec, des grenades lacrymogènes, des bombes assourdissantes, pour en fin de compte entourer les manifestants, les isoler, les assommer, les bousculer sans retenue, les enfourner par paquets de dix dans des paniers à salade, et sans se préoccuper que dans ce rassemblement il y avait des enfants en poussettes, des jeunes, des personnes âgées, et surtout des citoyens pas armés, des étudiants chahuteurs sans doute, mais pas du tout des enragés qui veulent tout casser !

Oui, oui, des casseurs il y en a, et la Police se défend en insistant pour dire que de son coté, ses effectifs ont eux aussi reçu des pierres (hon...mais qu’est-ce qu’ils font ces braves gens dans la Police, alors qu’ils pourraient faire de l’animation  sociale chez les scouts et les guides?) et ils ont des blessés. Il est bien évident qu’à entendre les émissaires des corps policiers, lorsque ce sont des leurs qui sont amochés c’est autrement plus grave que lorsque ce sont des citoyens. Un citoyen ce n’est quand même pas comparable à un agent de la force constabulaire hein!

Maintenant à l’époque des téléphones cellulaires qui peuvent tout enregistrer, la propagande mensongère des ‘’autorités’’  (je parle de celles qui sont dévoyées de leur mandat social et politique qui est de protéger les populations)  a plus de difficulté à s’imposer. 

À voir on voit bien ce qui se passe. Ces policiers sont ceux de l’antiémeute, alors qu’il n’y a d’émeute que lorsqu’ils se présentent bardés comme des gladiateurs, et provoquent par leur seule présence les débordements qu’ils ont pour mission d’éviter, ou à tout le moins de tâcher d’en contenir les effets les plus néfastes. Or ces escouades antiémeutes, loin d’être une solution au problème du contrôle des foules, en sont l’élément le plus perturbateur. Ceux qui les utilisent à si mauvais escient n’ont donc rien appris en 30 ans? 

Lors de la Fête de la Terre ces dernières semaines, il y avait 300,000 manifestants dans les rues et il n'y a pas eu de désordre. À Victoriaville il y en avait 2000, et ça c'est terminé dans le sang et les bosses? Pourquoi ? Parce que c'était un quelconque congrès de Libéraux? Tiens tiens!

Cette Police des pouvoirs, appelons les choses par leur nom, revient toujours à la bonne vieille formule du ‘’taper dans le tas’’ qui est en somme l’expression finale de leur patience et de leur dévouement envers leurs semblables. Ça valait donc tant que ça la peine d’aller étudier à l’Université au temps du gel des frais, pour se décrocher un BAC en psychologie, et finalement descendre un jour ou l’autre dans la rue pour y assommer d’autres étudiants qui eux aussi sont à l’Université?
Pour en arriver à quoi en bout de ligne?

À rien du tout!  Le problème reste entier! La mauvaise foi des Line Beauchamp, des Jean Charest et de ceux et celles qui les appuient, même en les critiquant, n’a bien évidemment pas fait avancer le dossier des revendications étudiantes. Tout est à faire et à refaire. Des dizaines (des centaines?) d’étudiants cette année vont probablement abandonner leurs études pour ne plus jamais y revenir. Les tribunaux seront encombrés pendant des mois et des années au sujet de jugements à rendre sur qui est, ou n’est pas, responsable.

Il faudra distribuer les amendes, monter des dossiers criminels, punir (ah ça oui !) les fauteurs de troubles, mais on ne les cherchera pas du coté des politiciens ou des policiers.  Surement pas du coté des autorités universitaires qui de plus en plus s’insurgent sottement devant ces allégations au sujet de leur mauvaise gestion, que les associations étudiantes ont l’outrecuidance de vouloir remettre en question. 
Sacrilège! 
Ce seront les étudiants et leurs familles, donc les citoyens, qui vont écoper.

Toute une classe politique totalement discréditée par ses magouilles, ses infamies gestionnaires, ses manquements à la plus élémentaire déontologie sociale, qui vient ici nous faire la leçon à nous les citoyens, et qui nous parle de Loi et d’Ordre, d’autorité légitimement élue (vraiment?) et qui vient nous admonester au nom du Droit Général qu’ils bafouent depuis une génération!

Je trouve que dans l’ensemble ces associations étudiantes nous ont fait faire  collectivement en ce Printemps Québécois de 2012, un remarquable travail de prise de conscience, et que ce sont ces mêmes associations qui ont fait preuve de respect envers le citoyen, de responsabilité dans leur démarche politique, et que cela augure assez bien d’un éventuel remplacement des classes dirigeantes. Ces étudiants ont droit à l’essai. Dans dix ans ‘’on verra’’, comme dit l’Autre qui ne voit rien pour le moment.

Maintenant on fait quoi ?

On se retrouve à la Fête Nationale le 24 juin prochain.
Ce sera chaud!

Julien Maréchal

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