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vendredi 10 octobre 2014

Pierre Karl Péladeau et l'Indépendance du Québec.

Montréal le vendredi 10 octobre 2014

C'est une histoire fascinante que celle de la saga PKP, pour utiliser ici les initiales du principal intéressé, qu'on identifie immédiatement grâce à ces trois lettres. Il est le fils d'un magna de la presse québécoise ... et canadienne. 
Pierre Péladeau, avant de léguer son empire à son fils, s'était affiché ouvertement en faveur de l'indépendance du Québec. En 1995 il avait ouvertement et grossièrement remis à sa place le président de Bombardier Laurent Baudoin, qui avait menacé de déménager le constructeur avionique en Irlande, si le Québec votait OUI à l'indépendance. Pierre Péladeau lui avait dit carrément de fermer sa gueule. L'autre n'avait pas insisté, mais le mal était fait.

Quoiqu'il en soit, on sait dans les principaux quotidiens et hebdomadaires du groupe Québécor qu'on doit y afficher une préférence critique pour un Québec indépendant. Cela n'empêche nullement qu'il y ait des journalistes de Québécor qui soient fédéralistes. On ne leur met pas le couteau sous la gorge s'ils s'avisent de critiquer la démarche indépendantiste. 

Ce n'est pas du tout la même chose chez le groupe Gesca, autre entreprise médiatique, propriété de la famille Desmarais, dont Gesca est une filiale de son empire financier '' Power Corporation ''. Là on est totalement fédéraliste. Non seulement on fait la promotion sans nuance du fédéralisme canadien, peu importe ses dérapages, mais on y vilipende la souveraineté du Québec. 
On y salit à pleines pages mensongères, tout ce qui touche de près ou de loin à la cause indépendantistes. Mis à part Pierre Foglia notoirement indépendantiste, qui à La Presse de Montréal sert de bonne conscience alors qu'il n'a aucun pouvoir, les analystes et commentateurs des quotidiens de Gesca font le Canada au Québec. Il y a bien évidemment quelques exceptions qui se donnent la peine d'évaluer la controverse indépendantiste versus le maintien du Québec dans le Canada, mais pour l'essentiel la ligne éditoriale au groupe Gesca en est une de soutien au fédéralisme canadien.

C'est vrai pour La Presse de Montréal, Le Soleil de Québec, La Tribune de Sherbrooke, et Le Nouvelliste de Trois Rivières entres autres. Même chose pour tous ces hebdos et revues qui font toujours une critique totalement biaisée et totalement malveillante, dirigée sciemment contre l'indépendance du Québec. Ils le font sans trop de nuance.

C'est Jean René Dufort, le bouffon de Radio Canada dit Infoman, qui a le mieux résumé la problématique PKP,  alors que depuis des mois la classe politique toute entière, députés, journalistes et lignes ouvertes, répètent que Pierre Karl Péladeau en tant que magna des médias, ne peut être ni chef d'un parti indépendantiste, encore moins ministre ou Premier Ministre du Québec. À moins qu'il ne se départisse de ses parts dans Quebecor. 

Or PKP ne va pas faire ça. Rien à faire, il ne va pas se ruiner parce qu'il fait de la politique, et qu'on le soupçonne de vouloir se faire aider par son empire médiatique. Le problème vient de ce que ses adversaires, se servent sans vergogne de leurs journaux à eux, pour faire valoir leur cause, qui est de pervertir le débat politique au Québec, en salissant par pantins interposés la cause souverainiste. J'utilise ici un langage sévère j'en suis conscient, mais il faut bien appeler un chat...un chat.

Jean René Dufort a mis dans le mille en signalant que Pierre Karl Péladeau aurait dû, puisqu'on le soupçonne de vouloir mettre son empire médiatique au service de la cause souverainiste, ne pas se lancer lui-même en politique, et manœuvrer comme ses adversaires. Par hommes ou femmes de pailles interposés. 
PKP répète Urbi et Orbi qu'il va se distancer de son empire, advenant qu'il occupe une place prépondérante dans la problématique politique québécoise. Ses adversaires ne veulent pas se contenter de ces engagements, et ils poussent dans la direction qui les avantage, i.d. celle qui le verra se suicider financièrement. D'autant plus que PKP n'est pas en odeur de sainteté auprès des syndicats, qui le perçoivent eux aussi comme un tycoon de droite, un capitaliste enragé, qu'ils refusent de considérer comme un interlocuteur valable.

Mais Pierre Karl Péladeau qui décidément est un loose canon au sein de la classe financière canadienne (qu'il terrifie par ses actions atypiques) ne l'entend pas de cette oreille. C'est réellement un franc-tireur, peu importe ses motivations secrètes, et il en a.
Cependant, au lieu de se cacher hypocritement derrière des marionnettes, il se lance lui-même en politique, et entend faire l'indépendance à tout prix. J'ai comme le sentiment qu'il se voit lui PKP, comme le fils prodique de cette indépendance. Il veut la faire, et il veut entrer dans l'histoire comme étant celui qui en aura le crédit après René Lévesque, Jacques Parizeau et quelque autres. C'est probablement un récupérateur, mais il se trouve qu'il est du bon bord au dire des indépendantistes. Je parle ici des indépendantistes du Parti Québécois.
Le syndrome PKP
Personne n'ignore que feu Pierre Péladeau, fondateur et propriétaire  de Québécor était indépendantiste. Dans ses journaux (Journal de Montréal et Journal de Québec entre autres) il ne se gênait probablement pas pour faire savoir à ses journalistes, qu’au-delà de l’indépendance des salles des nouvelles, la ligne éditoriale en était une de soutien à la cause indépendantiste.
Tout comme les salles de nouvelles du Groupe Gesca (La Presse et Le Soleil entre autres) militent pour le fédéralisme, et combattent ouvertement l’idée d’indépendance du Québec.
Avec l’arrivée de Pierre Karl Péladeau, la donne ne change pas vraiment en ce qui concerne la préférence du groupe Québécor acquis à la cause souverainiste.
Bien évidemment ni PKP principal actionnaire de Québécor, ni non plus André Desmarais président proprio de Gesca, ne téléphonent directement aux journalistes pour imposer leurs vues. Du moins je ne le pense pas.

On connait leur affection. Cela suffit pour que les principaux intéressés ne perdent pas le Nord et marchent les fesses serrées. Il y a des moyens plus subtils et indirects quand on est milliardaire, pour se faire comprendre, et surtout pour se faire obéir.
Bien évidemment il n’y a pas de scandale à ce que les journaux du Groupe Gesca s’affichent ouvertement en faveur du fédéralisme. Sauf lorsqu’ils poussent le bouchon de la peur et de l'intimidation trop loin, et propagent des calomnies, de la médisance et des mensonges à saveur économique, pour épouvanter l’électeur.
En 1995 leurs mensonges salissaient toute la classe économique, médiatique, et politique du Québec. Autrefois Olivar Asselin qualifiait le journal La Presse de ''Putain de la rue Saint Jacques'', le titre lui va toujours comme un bas.

Dans le cas de Quebecor, on ne s’offusquait pas que ses journaux affiliés prennent fait et cause pour l’indépendance. D’ailleurs ce groupe a toujours été bien plus discret dans ses appuis à l’indépendance, que ne l’ont été les journaux de Gesca, puissant groupe financier qui n’a jamais fait dans la dentelle lorsqu’il s’agissait de vilipender la cause souverainiste. 

Vous voulez savoir ce qui fait la différence profonde entre Gesca et Quebecor ? Je vais vous la dire, sans m'enfarger dans les fleurs du tapis de la rhétorique.
Le groupe Gesca appartient à une famille de canadiens français d'origine ontarienne, établit au Québec. Ce sont des colonisés dans l'âme, et comme tous les colonisés, ils défendent avec plus d'ardeur que n'importe quel colonisateur, la position de ceux qui les dominent ou les ont dominés. À savoir la classe politique, financière et économique canadienne anglaise. Là sont leurs vraies affections, là sont leurs maîtres.
A contrario, Quebecor est une entreprise Québécoise comme son nom l'indique. La famille Péladeau est tissée serrée dans la culture du Québec. Pas dans celle du Canada Français. Et pourtant Quebecor a beaucoup d'intérêts au Canada et ailleurs dans le Monde. Tout comme Gesca et Power Corporation. 

L'un défend le Canada l'autre prend fait en cause pour le Québec d'abord. Quebecor n'est pas une entreprise qui doit sa réussite au Canada. c'est une réussite Québécoise. Là est la profonde nuance entre ces deux géants qui s'affrontent au finish. Depuis plus de 50 ans la cause indépendantistes, avec ses avancées et ses reculs, n'a jamais cessée de grandir, dans  la mesure même où le fait fédéraliste recule partout, y compris au Canada Anglais. 
Il se trouve qu'en ce moment la mouvance indépendantiste du Québec, est tiraillée par des déchirements internes, et ses affidés sont éparpillés en plus de quatre partis politiques, ce qui profite provisoirement aux fédéralistes. 
Avec l'arrivée de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti Québécois, et éventuellement à la tête du Québec, le Canada tremble sur son socle.
D'autant plus que PKP lui ne va pas tirer les ficelles en coulisses. Il s’affiche à visière ouverte, et prétend sauter en politique pour faire l’indépendance. Carrément, et sans états d’âme particuliers.

C’est là que ça coince. Quand je dis que ça coince je dis cela pour tous ces hypocrites qui parlent de conflits d’intérêts scandaleux. Bref lorsqu’il s’agit de monopoliser en coulisses toute une armée de journalistes et d’analystes, pour combattre la tendance indépendantiste cela est correct. Parce que les fomentateurs de ces manigances de coulisses, ne se présentent pas aux élections. En fait ils faussent le jeu démocratique, et pèsent de tout leur poids financier sur les causes et les effets politiques.

Pierre Karl Péladeau a le mérite de s’avancer en pleine lumière, et il annonce clairement ses couleurs. Il se trouve qu’en effet il est à la tête d’un conglomérat, un empire médiatique, qui pourrait l’aider considérablement à faire avancer et même à faire aboutir, la cause indépendantiste. Et ça les comploteurs adversaires qui magouillent dans l’ombre, ne le prennent tout simplement pas.
Il est possible que PKP, à titre de grand bourgeois, ne soit pas l’homme de la situation, capable de solutionner quelques-uns des problèmes qui affligent le commun des mortels, avec qui il a peu d’affinités, financièrement parlant s’entend.
Mais il pourrait cependant redonner de l’élan à une cause toujours d’actualité, embourbée dans ses contradictions, tiraillée entre sa droite et sa gauche. D’aucuns voient avec épouvante ce sniper de droite au discours de gauche faire irruption dans un débat fascinant, là où sa présence, puissante et bien pourvue de moyens, pourrait contrebalancer ces adversaires de la liberté qui, année après année, mettent des bâtons dans les roues de la marche d’un peuple vers une émancipation devenue nécessaire.


Je souhaite vivement que PKP trouve un moyen de se démarquer de son empire médiatique afin d’éviter l’apparence de conflit d’intérêt. Mais au fond où y-a-t-il conflit ? Il est indépendantiste et a les moyens de l’être. Il est pas mal moins en conflit que les gens de Gesca qui eux, disent qu’ils ne font pas de politique, alors qu’en fait ils ne font que cela. Infoman a parfaitement raison de le signaler.

Ils le font sournoisement, là ou Pierre Karl Péladeau veut le faire au vu et au su de tout le monde. Je souhaite qu’il trouve un moyen de se mettre à l’abri des accusations qui ne vont pas manquer de pleuvoir sur lui, peu importe comment il s’y prendra.

Les sparages d’un François Legault qui fait le vertueux, et qui met PKP en demeure de se ruiner, et avec lui l’empire québécois de Québécor, ne m’impressionnent pas, si ce n’est que très défavorablement.

D’autant plus que François Legault est toujours indépendantiste, mais il ne veut l’être que pour dans dix ans. Pourquoi dans dix ans et pourquoi pas maintenant ? Alors là….

Julien Maréchal


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