Translate

mercredi 23 avril 2008

Le Phénomène Humain, ''Espaces et Espèces''

La Condition Humaine 
Mots Clefs: humanité, humains, sociologie humaine, essai sur l'humain.

''Espaces et Espèces''
Le paradoxe Fermi
23 avril 2008 (3)

Suite du 27 janvier 2008 (2)
La physique considérée comme une mystique amusante.

Et du 13 septembre 2007 (1)
Le Phénomène Humain.



Chapitre Troisième
Le Paradoxe Fermi.


‘’ J’aurais pu choisir quelqu’un d’autre, mais, des gouts et des couleurs…vous savez ce que c’est.’’

Je fais bien évidemment exprès, tout au long de ces pages, pour apporter des justifications, pour expliquer ma démarche.
Au fur et à mesure que j’écris ce texte, je vois poindre toutes les objections qu’on pourrait me faire. Je pourrais répondre à toutes, mais je ne vais pas faire cela. Ce texte est un pamphlet, une saute d’humeur, une protestation, une tentative d’éclairer et de provoquer des prises de conscience.
Je ne me sens nullement tenu de justifier mes propos, mais je suis bien conscient de l’utilité de le faire. D’autant plus qu’un tel propos, je le répète ici, s’il se veut un survol des problématiques sur le thème de la conscience, ne peut être exhaustif. Tant mieux si mon discours provoque des réflexions originales ailleurs.
Quant à pouvoir mesurer la valeur méditative d’un tel propos, franchement je n’en sais rien. On pourrait me faire remarquer au fond, que j’enfonce des portes ouvertes. C’est vrai pour ceux et celles qui sont désaliénés des emprises culturelles religieuses ou autres. Tant mieux pour ceux et celles qui sont également à l’abri, vu leur très grande conscience, des tentatives multiples qui existent sous d’innombrables formes de les embrigader.
Je sais que l’esprit humain est bien armé pour se défendre contre de multiples agressions.
Je ne suis pas absolument certain que tel est toujours le cas, chez ceux et celles qui se croient innateignables.
Il existe de nombreuses façons subtiles d’endormir les gens. Si vous voulez vraiment être plus malin, il faut commencer par être à l’écoute des autres. Puis gardez vos distances avec tout le monde. J’encourage chacun à faire ses propres choix. Remettez-vous continuellement en question.
Ce n’est pas grave de se tromper. Cela fait partie de tout le processus d’apprentissage. Hors la vie, rien n’est vraiment important. L’importance est une composante de la suffisance humaine. Toutes les constructions mentales humaines, sont issues de processus culturels qui englobent les religions et les sciences. Elles n’ont en tant que témoins de leurs époques respectives, qu’une durée temporaire, et sont marquées du sceau de l’anéantissement. Elles seront toutes résorbées en doutes.
L’humanité doit s’affranchir de la tutelle millénaire de la magie et accepter maintenant de recevoir son légitime héritage, celui du savoir. Au-delà de tous les scientismes opportunistes qui attendent leur tour pour prendre la relève des esprits, et imposer de nouvelles dictatures, aujourd'hui technocratique, et demain ? On ne sait pas.
Nous devons développer une sensibilité de la connaissance qui puisse rendre compte à un niveau considérablement supérieur du réel. Une sensibilité qui explique, rassure, et permet à l’être de se dépasser continuellement. D’atteindre par d’autres moyens que la magie et le merveilleux des temps anciens, les rivages de l’extase, les iles du dépaysement, aux vents des chauds alizés des rêves et des espoirs (c’est mignon non?). En effet, pourquoi les rêves humains actuels, ne pourraient-ils s’alimenter aux réservoirs du savoir, plutôt qu’aux sources de la superstition ? Un savoir toujours relatif, qui fait échec aux certitudes révélées, dogmatiques.

Bonne question non ? Cela implique de reconnaitre que nous sommes d’abord et avant tout des êtres de contradictions, et que celles-ci sont intrinsèques à notre nature profonde. Dont nous ignorons à peu près tout
Nous ne sommes certainement pas des entités qui peuvent être réduites par une philosophie totalitaire. Ce sont là des accidents de parcours, mais au fil des temps, il arrive un moment où les impostures se dévoilent pour ce qu’elles sont. On ne compte plus les empires qui ont duré mille ans, et ceux qui ont voulu durer mille ans.
Il n’en reste que des ruines, des débris, de la poussière, et aussi parfois une certaine nostalgie assez dangereuse. L’idée de bonheur est intimement liée à celle d’équilibre, et cet équilibre est toujours fragile évidemment. Nous sommes des êtres fragiles, et c’est le sentiment de cette fragilité qui fait notre force. Quand on se penche sur le phénomène humain, ce qui frappe au fil des millénaires, c’est justement qu’un être apparemment si fragile, quand on le compare à d’autres animaux, ait pu subsister et performer jusqu’à devenir l’espèce dominante partout sur la Terre. C’est son sentiment profond d’exister en tant qu’entité pensante qui a fait de l’humain ce qu’il est. Sans cette puissance intérieure nous serions des végétaux ou une espèce de primate parmi d’autres espèces de singes.
Remarquez que ce ne serait pas forcément un sort accablant. Dans l’échelle de la durée, il y a des végétaux qui en tant qu’espèces et individus, nous battent à plate couture.
En ce qui concerne la conscience, nous sommes des as pensons-nous, mais c'est là un point de vue humain. Je suis enclin toutefois à penser que cette position disons inconfortable, qui nous est particulière au sein du vivant, est pour le moins avantageuse. Il nous faut faire avec.
Le fait d’être des humains au lieu de coquillages, ajoute un je ne sais quoi qui permet d’apprécier la vie pour ce qu’elle est.
À une hauteur incomparablement plus significative, que celle qui serait la nôtre, si nous nous étions contentés de demeurer des microbes, non ? Enfin c’est un point de vue. N’ayant pas souvenance d’une existence de microbe, je ne peux parler qu’en qualité d’humain. Je me débrouille avec ce que je suis. Je vous en dirai plus quand je serai devenu un pur esprit ou un mutant composite, avec dix yeux, vingt bras, trois sexes, et quatre consciences. Qui sait ? Faut bien vivre avec son temps.
J’ai placé cette réflexion sous le signe de la physique, de l’astrophysique. Je n’ai jamais dit que ces disciplines-là constituaient le fin du fin de la pensée humaine. Ce sont des pistes valables, mais rien n’est jamais définitif. Une réflexion sur la condition humaine, peut bien s’aventurer dans le maquis des impressions personnelles, sortir des chemins convenus.
Toute la pertinence du propos dépendra alors du talent de l’auteur. Entrelacer comme je le fais, des cheminements intérieurs, comme autant d’écheveaux, donnera à la longue, un sentiment de lassitude à ceux et celles qui sont avides de certitudes.
Notre époque est sur signifiée. Tout y est monstrueusement grossi. Au point qu’on se sent écrasé par l’abondance des signes qui s’en dégagent. Cinquante millions de fondamentalistes chrétiens fanatisés par des prédicateurs névrosés, seulement aux U.S.A…trois ou cinq milliards d'humains fanatisés par le concept de consommation, et tant d'autres centaines de millions qui attendent de s'enscrire eux aussi au bottin de la surconsommation. Y en aura pas de facile!

Cent millions d’excités d’Allah à travers le monde musulman, et je ne sais plus combien d’autres centaines de millions de croyants mous de toutes allégeances, qui reçoivent au jour le jour, tout le matraquage publicitaire au sujet de Dieu et de ses prophètes, ce n’est pas innocent.
Une réflexion comme la mienne, en admettant qu’elle trouverait preneur auprès de cinquante ou deux cent mille lecteurs, ne ferait aucune différence auprès de ces masses dépouillées d’une part significative de leur humanité, engluées dans le bourbier de l’irrationnel.
D’autant plus que les croyances ne remplissent pas dans la psyché un rôle apaisant. Les croyances sont parfois porteuses de dépassements chez les individus, qui les veulent. La plupart des gens agissent machinalement, réagissant aux mouvances socioculturelles qui baignent leur milieu.
C’est l’effet conformisme. En somme, trois ou quatre milliards de croyants pourraient simplement changer d’attitude, du moment qu’une tendance libératrice significative verrait le jour. Ce qui ne ferait pas nécessairement de différence quant au projet collectif de la Liberté. La libération, n’est pas la Liberté. C’est une étape dans la connaissance de soi, des autres, du Monde qui nous entoure. La conscience qui pense et qui agit, ne va pas se contenter de platitudes, mêmes si elles s’élaborent dans des schèmes compliqués et astucieux. On peut tromper certes, mais pour combien de temps ? Chez des individus isolés au sein de masses ignares et incultes, matraquées de dogmes, cela peut durer, on l’a vu, des siècles.
Toutefois, comme je le disais plus haut, notre époque possède de puissants moyens de s’informer. Les propagandes malsaines sont puissantes, mais on peut les contrer avec les mêmes moyens qu’elles utilisent. Le véritable danger serait de les confronter sur leur propre terrain culturel.
Ce que les prêtres de tout acabit craignent par-dessus tout, c’est l’indifférence. C’est précisément là qu’il faut que les humains libres s’épanouissent. Hors des sentiers malsains des confrontations oiseuses au sujet de dogmes et de croyances qui, par essence expriment des choses inexistantes.
***
Il faudrait sans doute nuancer la position des athées face au phénomène universel des croyances en des dieux quelconques, et tout ce que ces imageries représentent psychologiquement, lorsqu’il s’agit d’examiner les fonds culturels des peuples qui ont grandi à l’ombre du sentiment religieux.
Le problème de dieu est indissociable du besoin de transcendance qui procure aux humains de puissants motifs de se dépasser en tant qu’individus, et en tant que groupes d’individus. Le sentiment religieux ne peut pas être uniquement un problème qui s’adresse aux consciences personnelles. Il participe vigoureusement à l’élaboration du sentiment identitaire qui distingue l’humain de l’animal.
Il faudrait, ou plutôt il aurait fallu qu’au cours des siècles, tous les sentiments religieux aient été réunis sous une rubrique émancipatrice, qui reconnaitrait à chaque peuple son droit de se distinguer religieusement des autres; droit qui aurait été assorti du respect absolu de celui des autres.
C’est ce que Voltaire disait quand il proposait, avec d’autres de son époque, une sorte de culte de l’Être Suprême, qui aurait rendu compte des besoins intérieurs de chaque conscience. De toute évidence, une démarche pourtant si raisonnable, n’a pas eu le succès escompté. Il faut se réjouir toutefois qu’il y ait de par le Monde, d’immenses groupes de croyants modérés qui pratiquent une telle tolérance, et qui se retrouvent en tant qu’humains, dans les démarches intérieures exotiques. Mais nous sommes encore loin du compte, et ce qui fait vraiment problème, ce ne sont pas les tolérants, mais bel et bien les fanatiques. Sacré problème.
***
Les débats au sujet du sexe des anges, de la quantité de ces anges qui peuvent tenir sur la pointe d’une aiguille, ou encore les dérives entre l’existence et le néant, c’est comme la réflexion absurde sur la quadrature du cercle ou la polygonie de la sphère. Ce sont des bouffonneries indignes d’un esprit sain qui se respecte. Ce sont pourtant ces bouffonneries qui ont été le fonds de commerce d'innombrables faquins de la philosophie, qui pendant des siècles ont alimentés cette espèce d'ignorance crasse qu'est la croyance sous toutes ses formes. Nous en payons encore le rpix. Généralement sous forme de guerres.
Les gens libres, disposant de leur temps, peuvent l’occuper plus intelligemment et le dépenser de façon beaucoup plus originale et enrichissante. Quand on vous provoque, haussez les épaules, et fichez le camp. La fuite n’est pas une démission. Elle est un réflexe de survie naturel, faisant partie de notre nature profonde. C’est un mécanisme très sain dont on aurait tort de se priver. À Dieu et au Diable les croyants irréductibles, puisque après tout ils y tiennent mordicus !
Mais les autres ? Ces centaines de millions d’êtres qui croient par habitude ? Écrasés qu’ils sont par le poids des traditions et qui se font avoir, faute d’être informés ? Faut-il les abandonner au mépris, et qui sommes nous pour vouloir nous occuper des autres ? Les générations futures méritent mieux que les générations passées, certainement, mais qui va décider de ce que doit être le progrès ?
Se poser des questions, c’est là le sens même du progrès. Quand des êtres sincères, remplis de doutes, décident d’emprunter les chemins de la Liberté, quel immense chagrin n’est-ce pas pour eux de voir leurs proches, leurs enfants, être à leur tour happés par le maelström furieux des religions antiques qui perdurent encore. Toujours sous des formes complètement dégénérées.
Ceci étant dit, les chagrins que les uns éprouvent, donnent-ils à d’autres le devoir, le droit d’intervention et si oui, pourquoi et comment? Les religions d’autrefois ont pu certainement répondre à des besoins d’époque, ce qui explique leurs relatifs succès, malgré leurs trop réels échecs. Il y a tant d’écrits sur ces lourds sujets. N’est-il pas temps maintenant de mettre fin à ces abus, ces horreurs des temps révolus ? Je le pense, je le dis, je l’écris.

Je voulais vous dire un mot plus haut à propos d’un homme remarquable, dont j’ai déjà parlé dans la première partie de cet ouvrage. Je sais que je me répète, mais c’est nécessaire.
Je vous ai déjà parlé du paradoxe d’Enrico Fermi, ce physicien qui travaillait avec Robert Oppenheimer au projet Manhattan. Lequel projet devait mener à la réalisation des premières bombes atomiques. Rien, hormis des justifications historiques issues de parti pris politiques discutables, érigés en platitudes convenues, n’a encore été dit au sujet de la fabrication de la première bombe atomique. Il faudra bien un jour faire le procès historique impartial de la découverte atomique. C’est une aventure extraordinaire qui s’est changée en cauchemar.

Cette histoire remonte très loin dans le temps. On peut en repérer les premiers débats chez les philosophes de la Grèce Antique. C’est une quête d’absolu qui se sera terminée en queue de poisson. L’énergie atomique est l’énergie du Cosmos. C’est au sein de l’atome que se manifestent les quatre grandes forces connues actuellement, et qui «sont» littéralement l’Univers connu. Bien que ces forces ne rendent compte que d’une partie seulement de l’Univers, et que cette partie soit impossible à quantifier, elle se situe dans ce que j’appellerais ici, la quête culturelle essentielle de l’espèce humaine.
Que l’humanité ait pu un jour arriver à maîtriser la puissance sise au sein des atomes est en soit quelque chose de parfaitement ahurissant. Les anciens Grecs, supputant cette puissance à partir de simples présupposés philosophiques, avaient déblayé le terrain théorique, à partir duquel, vingt siècles plus tard l’homme, non seulement comprenait la structure atomique, mais en tirait des usages pratiques parfaitement incroyables, pour peu que l’on veuille bien réfléchir à ce que représente en termes de compréhension pratique, la mise au point d’une machine atomique quelconque, bombe ou centrale énergétique.
Une seule automobile représente des centaines de milliers de petites et grandes inventions qui, une fois mises en pratique ensemble font une voiture. C’est une merveille au vrai sens du mot. Les panoplies nucléaires sont des millions de fois plus complexes. Quand on réfléchit à ce qu’il aura fallu de tâtonnements, d’essais et d’échecs répétés, au cours de quatre millions d’années d’évolution, pour que l’espèce humaine accouche culturellement de tant et tant de sociétés, de peuples, de nations dont l’ingéniosité collective confond l’esprit, on mesure mieux l’étrangeté phénoménale de notre nature au sein d’un Cosmos bruyant et frénétique, baigné paradoxalement dans un silence culturel vraiment effrayant.
C’est ce qui étonnait justement Enrico Fermi qui ne formulait pas son étonnement dans les mêmes termes que moi.
Où sont-ils, se demandait-il, parlant des extraterrestres ?
Oui en effet, puisque nous sommes ici dans notre coin de Cosmos. Alors que de toute évidence nous existons au moins à nos yeux, où sont donc ces autres entités exotiques à la puissance n, extravagantes, complètement indescriptibles avec nos mots?
Nous ne comprenons pas les langages de la plupart des autres espèces vivantes qui partagent notre destin de vivants ici sur Terre. Même si pourtant nous les côtoyons, nous les voyons et parfois arrivons à communiquer sommairement avec certaines d’entre elles.
Alors…il est plus que probable, que nous ne rencontrerons jamais des êtres qui seraient comme nous les rejetons, (absolument bizarres) d’un jaillissement culturel qui leur serait propre, et qui les signalerait à notre attention si jamais nous les rencontrions. De la vie ailleurs ? La chose me paraît absolue.
De la culture au sens que nous les humains donnons à ce concept, avec nos pensées, nos mots, notre conscience ou quelque chose s’y apparentant ? Cela m’apparaît quasiment impossible.
Justement parce que l’Univers est infini, et qu’il semble éternel. Concepts qui sont chargés culturellement, et que cette notion de culture est inhérente à la nature de l’espèce humaine. Ces concepts correspondent à cette part de nous qui ne veut pas mourir. Je n’ai aucune difficulté à admettre qu’il puisse y avoir de la vie ailleurs dans le Cosmos. Le problème auquel nous nous heurtons, quand nous essayons d’imaginer des vivants «intelligents» ailleurs dans ce Cosmos, vient précisément du fait qu’étants humains, nous avons une configuration sensorielle, une sensibilité, qui est à la base de notre culture. Nous définissons l’intelligence en termes humains, parce que précisément nous sommes des humains.
Cette notion de pensée, de culture, qui véhicule nos appréhensions les plus intimes, nous singularise à un tel point, qu’il est hautement improbable que quelque part ailleurs dans l’Espace se soient reproduit avec des correspondances vraiment extraordinaires si jamais elles existent, les sommes de hasards enchaînés qui font que nous sommes ce que nous sommes.
Tout dans cet Univers que nous observons avec nos sens est changeant, et par conséquent mortel, précisément parce que nous sommes mortels. Les savants astrophysiciens, avec leurs collègues qui bûchent dans des centaines de disciplines connexes, découvrent chaque jour l’ampleur de la problématique existentielle. Cet Univers, continuellement ausculté par nos sens améliorés de nos machines, existe-t-il objectivement en dehors de nous? Existerait-il si nous n’étions pas là pour le contempler tel que nous le voyons ? Il y a eu des espèces vivantes qui ont arpenté la Terre pendant des millions d’années bien avant que nous n'émergions de la physicochimie terrestre, elle-même une production des grandes forces cosmiques.
Nous savons que cette physicochimie n’était pas différente de celle d’aujourd’hui. L’Univers que nous voyons avec nos yeux aurait été fondamentalement le même aux yeux d’une humanité qui aurait existé et évolué culturellement comme nous il y a cent millions d’années. Qu’est donc devenue la conscience des dinosaures, des insectes et des vivants des temps passés qui nous sont toujours apparentés, et avec lesquels nous constatons une filiation génétique transtemporelle, toujours changeante, toujours si dynamique ?
Qui sommes-nous véritablement ou plutôt…que sommes-nous dans cet Univers qui nous traverse, et qui nous fait jusque dans nos fibres les plus fines ? À quoi sert la vie dans l’Univers, et quelle place occupe-t-elle dans le spectre électromagnétique par exemple ?
Je vois mal comment la vie pourrait être une aberration, une «singularité» qui se serait greffée accidentellement sur la matière, quoique ce pourrait bien être le cas. Les chimistes et autres physiciens peuvent expliquer aux profanes que nous sommes, les liens atomiques qui font que c’est par l’électromagnétisme que nous sommes ce que nous sommes.
Dans un tel cas ou bien la vie n’est qu’un avatar «local» de l’organisation de la matière, un accident bizarre n’ayant aucune incidence dans l’organisation cosmique ou bien cette vie remplit un rôle significatif sans lequel l’Univers ne serait pas ce qu’il est, et pas seulement à nos sens ou notre conscience. La vie et la conscience seraient alors des éléments tout aussi «naturels» que les quatre grandes forces physiques connues, et elles engloberaient en quelque sorte la nature même de la Nature. Ce seraient des composantes conséquentes d’un ultime degré d’organisation de la matière (du moins en ce qui nous concerne) et elles représenteraient des degrés incontournables de la nécessité.
Dans de telles perspectives, la vie peut apparaître ailleurs certes, et elle doit s’animer en fonction du milieu qui favorise son apparition. Les probabilités d’épanouissement de cette vie sont littéralement infinies.
Une simple variation dans la composition de l’étoile, une masse planétaire subtilement différente, une composition chimique alternative, parfaitement adaptée à son milieu, et voilà des entités vivantes certes, mais sans yeux ou sans organes capables de percevoir les sons, ou avec des sens inédits pour nous. Les configurations possibles dépassent le décompte des atomes présumés dans l’Univers et leurs combinaisons possibles. Si à la suite d’évolutions originales de telles entités développent une organisation quelconque, qui transcende en quelque sorte leur seul statut de vivants, comment imaginer alors la notion de culture chez des êtres qui ne parlent pas, qui ne voient pas, qui communiquent entre eux de manière inconcevable par nous ?
Sacré problème on le voit.
Fort bien ! Ce qui nous importe de savoir c’est comment il se fait, et pourquoi, qu’à partir d’un certain seuil organisationnel de la matière, la vie ait apparu ici, pour ensuite évoluer jusqu’à devenir ces êtres pensants que nous sommes et qui sont capables d'accomplir cet exploit fabuleux à nos sens, qui est de pouvoir nous interroger sur nous-même?
Les notions de forces qui agissent au sein de cet Univers que nous nommons comme tel, sont autant d’idées, autant d’émanations de notre conscience actuelle, qui nous fait regarder le Cosmos comme un miroir étrange et familier, absolument fascinant.
Lequel miroir possède de nombreuses facettes, dont quelques-unes seulement nous sont accessibles. Peu importe le nombre de ces facettes, de ces dimensions, jamais nous n’en dénombrerons le chiffre ultime.
Les mots et les concepts n’existent pas dans l’Univers. Les croyants, qui décidément n’aiment pas se poser des questions, expliquent la vie, l’existence et la conscience, par la volonté d’une entité «supérieure» qu’ils nomment Dieu, et qu’ils situent fort opportunément en dehors de la réalité, dans un au-delà !
Cette entité toute puissante, au point d’avoir créé le Cosmos tout entier, et qui serait l’incarnation de travers humains idéalisés à l’infini (par des mâles ne l’oublions pas) aurait voulu notre existence ? Dans un dessein incompréhensible que les croyants, et surtout leurs prêtres s’évertuent à expliciter à l’aide de textes bavards et abscons depuis des millénaires ?
Allons donc ! Inventer des dieux pour expliquer l’humain, c’est renoncer précisément à être un humain. Pour se contenter d’être le jouet malheureux et résigné d’une puissance occulte qui nous veut plus de mal que de bien. Pour notre bien.
Bref, les dieux, d’abord représentatifs de forces naturelles terribles, sont ensuite devenus féroces, puis sadiques. Demandez-vous bien si ce n’est pas là l’histoire de la folie humaine ?
Une folie nécessaire ?
Une étape très émouvante dans l’évolution humaine, qui témoigne aussi du courage fabuleux de nos prédécesseurs. Le Monde, se dévoilait à eux et se manifestait à leur conscience nouvelle qui émergeait des brumes de l’animalité avec son effroyable complexité, et ils ne se sont pas suicidés en masse. Il paraît selon les anthropologues paléontologues, qu’il s’en est fallu de peu. D’autant plus que les hommes actuels sont les derniers survivants d’une douzaine d’espèces d’humanoïdes qui eux aussi possédaient de la conscience. Notre espèce a failli disparaître tout comme les autres espèces d’humanoïdes. Alors qu’il y a entre trente et quarante mille ans, la race humaine actuelle aurait été réduite à quelques milliers d‘exemplaires.
On parle là d’une sorte de goulet d’étranglement dans la reproduction humaine. Nous serions, toutes «races actuelles» confondues, les descendants très chanceux de ces quelques ancêtres qui ont échappé à l’anéantissement.
Les religions auraient été les moyens élaborés par les premiers humains pour conjurer les cauchemars engendrés par leur jeune conscience, assaillie par les configurations monstrueuses d’une Nature innommable qui les cernait, les enveloppait, et aussi les nourrissait et les émerveillait. Il y a fort à parier que le sentiment dominant de la conscience chez les premiers humains, a été celui de la stupeur.
L'extase et le sens du merveilleux sont apparus bien plus tard. L’âme humaine s’élevait dans les terreurs de tous les émerveillements. Le langage de plus en plus élaboré a alors permis la nomenclature d’abord des êtres et des choses. Puis la conscience a grandi sur ce terreau culturel fertile. Du moins on le suppose. On ne sait jamais si un jour ou l’autre quelque grande découverte, bête comme chou, ne viendra pas jeter une tout autre lumière sur notre passé.
Je peux bien dire aujourd’hui, que persister à adorer des dieux et vénérer des images qui nous viennent de la nuit des temps, c’est complètement idiot, je suis bien obligé de reconnaître que c’est une idiotie qui ne manque pas de grandeur.
Pour la comprendre cette grandeur, il nous faut faire un effort formidable, et tâcher de nous représenter ces premiers humains, sortant des ténèbres de la condition animale, et évoluant vers la conscience humaine actuelle. Pourquoi maintenant s’entêter à patauger dans la boue des premiers âges ? Comment les religions résiduelles de ces époques enfouies dans la poussière des millénaires, arrivent-elles encore à subjuguer tant d’individus au sein de tant de masses ? Avec des discours absolument insensés ?
Pis ça marcheb !
Je veux dire ici que je trouve parfaitement remarquable qu’une telle démarche, qui en fait est une démission, fasse toujours tant et tant d’adeptes.
C’est l’effet de la sujétion des esprits, par l’ignorance érigée en vérité. Pourquoi tant de dupes consentantes ? Je ne m’y ferai jamais. En voilà un faux mystère ! Celui de Dieu ou des dieux, peu importe au fond, c’est du pareil au même. Ce qui est étonnant que nous n’en sortions pas !
Comment voulez-vous arriver à comprendre des choses merveilleuses de complexité, en jonglant avec des concepts idiots ?
L’idée d’une puissance divine dotée de toutes les qualités intrinsèques à la nature humaine, poussée à sa perfection, qui aurait créé l’Univers, la vie, et la conscience, peut s’expliquer, en remontant le cours du temps, par un certain nombre d’hypothèses, fragiles comme le sont toutes les hypothèses. Les dépôts archéologiques rendent compte «maintenant» de témoignages de gens ayant vécu à des époques lointaines, et qui ont laissé des traces. Je dis bien des traces et pas autre chose. Des fragments poussiéreux, des tas de débris inertes, qu’il faut interroger aujourd’hui avec des instruments d’aujourd’hui, et avec des méthodologies actuelles. Toutes choses qui sont «nous», et nous seuls, hic et nunc.
Avec des interrogations actuelles, qui s’appuient sur des motivations actuelles. Celles-ci ne peuvent pas rendre compte du vécu et des motivations des anciens âges de manière certaine. L’archéologie, discipline qui interroge les vestiges pour comprendre les anciens âges, est surtout un outil pour nous comprendre tels que nous sommes actuellement.
On doit s’en tenir à des suppositions, sur lesquelles les chercheurs planchent en formulant des théories. En espérant rendre compte de réalités totalement disparues. C’est un exercice périlleux qui exige beaucoup d’humilité. Les explications plus ou moins habiles au sujet des temps passés, demeurent des exercices intellectuels hasardeux, absolument nécessaires.

Quand on examine de nos jours les fines structures de la vie, qui se mesurent en microns infinitésimaux, nous refusons, au point de rejeter résolument comme autant d’absurdités indignes d’un esprit en santé, les affirmations exaltées d’une bande de vociférateurs va-nu-pieds des temps anciens. Énergumènes clamant qu’un pareil processus a pu être l’œuvre d’une entité unique, qui aurait voulu que la vie soit ce qu’elle est. Construite sur des structures atomiques et moléculaires dont les processus de synthèse (on le sait aujourd’hui) ont pris des milliards d’années !
Les dieux les plus antiques, lorsqu’on se penche sur ce qui reste en fait de témoignages sur les rites des premiers âges, ne sont manifestes sous une forme ou une autre, que depuis trente ou quarante mille ans.
L’archéologie est une discipline qui n’a pas deux cents ans. Imaginer maintenant, un dieu unique qui serait antérieur à la création de l’Univers, laquelle dépasse les quinze milliards d’années, (aux dernières estimations) m’apparaît comme complètement farfelu, absolument loufoque.
La pensée humaine a pu avoir besoin de ces images-là lorsqu’elle a atteint un degré de complexité qui lui a engendré de l’angoisse. Nécessitant peut-être chez les humains, pour des raisons impossibles à vérifier de nos jours, l’élaboration de schèmes imaginaires susceptibles d’atténuer cette angoisse.
Au fond nous n’en savons rien. Tout cela n’est que pure spéculation. Quand on s’aventure sur de tels sentiers de recherche, ce n’est plus de la Science, seulement des jeux de l’esprit. C’est utile ?
Peut-être.
Que pouvait être la pensée des australopithèques, des néandertaliens ? Impossible de le dire, sinon en hochant la tête. Nous sommes troublés par les témoignages anciens arrachés à leur gangue de silence sédimenté, plusieurs dizaines de fois millénaires. À part s’étonner et continuer de chercher, que faire d’autre ? Théoriser ? Certainement, mais pas autre chose. L’explication divine est un mur sur lequel s’écrasent la raison, l’intelligence et la sensibilité actuelle.
Dans cette perspective interrogative, totalement légitime et enthousiasmante, la foi n’a plus sa place. C’est devenu maintenant un simple réflexe conditionné, à l’usage des enfants immatures et des adultes infantilisés. Croire fanatiquement est un abominable crime d’orgueil. Rien de moins qu’une forme de psychose, de démence.
Chez les croyants paisibles et sincères, la croyance n’est qu’un inoffensif réflexe conditionné lui aussi, qui porte une charge identitaire. Bien plus qu’une pulsion autoritaire quant à la valeur de ses composantes maniérées.
Dans les croyances, tout est affaire de degré finalement. Heureusement pour nous tous, il y a quantité de croyants qui pensent justement que leur croyance à eux n’est pas autre chose qu’une singularité culturelle, parfaitement locale.
Elle se traduit populairement, par des expressions du genre : «on est ce qu’on est, on est tous différents, toi c’est toi, et moi c’est moi… et ainsi de suite». C’est cette singularité locale qui rend compte à sa façon, lorsqu’il est question de religion, d’un rapport personnel avec le divin qui est aussi légitime chez l’un que chez l’autre.
Pour ces croyants-là, la foi est éminemment tolérante et ouverte. Tout le monde n’a pas toujours le temps voulu et les moyens intellectuels nécessaires, pour se poser toutes les questions et trouver toutes les réponses. Les soucis de l’existence accaparent suffisamment les gens, pour qu’ils aient autre chose à faire, que de débattre furieusement de détails culturels qui sont aussi singuliers d’une culture à l’autre, qu’ils sont répandus.
Mais ne nous y trompons pas, il suffit de peu de choses pour jeter les uns contre les autres, des millions d’individus dont les croyances demeurent toujours dans une sorte de torpeur, de dormance quant à leur virulence.
Justement parce que les croyances sont magiques, irrationnelles, elles sont dangereuses. Une certaine sagesse populaire dit bien qu’il ne faut pas parler religion ou politique, surtout quand on est saoul.
Mélange détonnant s’il en est un. J’ajouterais aussi que les polémiques sciences religions, sont tout aussi ineptes, voire dangereuses, surtout quand elles servent à débattre d’idées reçues, de préjugés.
Je sais bien qu’il existe partout des gens informés qui possèdent un vocabulaire et des manières qui leur permettent de débattre des contradictions entre religion et science, mais il s’agit bien évidemment d’un club spécialisé dans la Cité. Je n’exagère pas en disant ici qu’à l’intérieur de tout croyant ordinaire, surtout s’il est convaincu, qu’il se dit sincère, sommeille une sorte de monstre engourdi qu’il ne faut pas réveiller.
À moins de le détruire complètement, si assoupi qu’il sera, il demeurera toujours. Prenons l’exemple, au risque de choquer, de cette psychanalyse de pacotille, articulée autour du pathétisme Œdipien, qui prétend que l’enfant veut tuer son père. En parodiant cette niaiserie, pourtant si répandue, nous pourrions dire qu’au fond de chaque humain, sommeille un monstre crédule qu’il faut tuer, si nous voulons un jour être vraiment libéré, en attendant d’être libre.
Ah la liberté ! Grand sujet que celui-là. Nous y viendrons.
Nous avons tant à apprendre les uns des autres. Je mets gentiment en garde ici, contre eux-mêmes, ceux et celles qui voudraient s’offusquer de mon amusement devant les affirmations de la psychanalyse. Je le dis ici, sans gêne aucune, qu’il entre dans l’utilisation souvent abusive que l’on fait de la psychanalyse, une assez considérable part de dévotion.
Je connais beaucoup de gens, qui se croient sérieux et intelligents, et dont la conversation plus pédante que convaincante est farcie de renvois psychanalytiques qui ne sont rien d’autre que des répétitions, dépourvues de réelle utilité. je fais moi aussi ce constat avec moi-même. Mais je me surveille. (Rires)
C'est comme la prière quoi.
Le freudisme aussi est particulièrement riche en affirmations niaises, qui ne renvoient en somme qu’à des travers locaux n’ayant aucune valeur quant à l’examen du comportement humain en général. Or la psychanalyse a justement cette prétention de vouloir rendre compte du comportement humain dans son ensemble.
Est-ce seulement pensable de s’en tenir, en matière d’examen de la psyché, à un ou deux modèles ayant des prétentions universelles ?
Voyons donc !
Dix milles sociétés existantes actuellement, représentant pas loin de huit milliards d’individus, s’expliqueraient toutes par un, deux, voir trois modèles exemplaires ?
Je n’insiste pas.

Julien Maréchal

à suivre...









1 commentaire:

A.M.C.H. a dit...

Dimanche le 20 juillet 2009

Date anniversaire de l'arrivée des hommes sur la Lune, il y a 40 ans. La Condition Humaine en sera changée pour toujours, même si ça ne se voit pas au premier coup d'oeil.

Clément Sauriol de Montréal