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samedi 18 janvier 2020

Première 2019-20

Le vendredi 3 janvier 2020

Première...

2019 est terminée, 2020 commence...

Je vais faire une chose rarissime chez moi, alors que généralement lorsque je suis dans une phase critique... fruit d'un agacement déterminé par toutes ces insufférables atteintes au bon sens et à la dignité humaine qui nous accablent de partout... je tempère mon impatience, par un jugement posé, soucieux de nuances choisies.
Ici c'est la colère qui me dicte cette première prestation de 2020.

Vient parfois me chercher, un refoulement de bile, suite à un inconfort gastrique, une pulsion de hargne, que j'évacue dans mon journal personnel, histoire de ne pas ennuyer mes proches, amis et parents, ainsi que mes correspondants sur Facebook et ailleurs, avec mes sautes d'humeur.

Ou bien quand je m'y astreint... histoire de laisser fuser de la vapeur... j'y met cette indispensable dose d'humour quelque peu grinçant, qui donne à mes sorties un ton chaleureux, quoique parfaitement indigné.

Parce que oui vraiment il y a de quoi s'emporter à chaque souffle, quand on prend la mesure de la quantité effroyable de conneries que véhiculent les médias. Plus particulièrement ceux qui se font des revenus en diamants, dans le domaine de l'inculture.

À la télévision, l'année 2019, sans être exceptionnelle côté bêtises et sottises, fut une année remarquable, quant à la quantité phénoménale de cochonneries qui nous y furent déversées dessus au tombereau, comme autant de pots de chambres fumants et glaireux.

D'ailleurs beaucoup l'auront remarqué (ouf tout de même!)
Pour ne prendre que la dernière prestation de la dernière heure de l'année, juste avant le coup de minuit, annonçant la nouvelle année, on nous a servis un Bye Bye d'une indigence cataclysmique, d'une vulgarité, d'une grossièreté aux relents de charnier, au cours duquel les imbéciles... ceux qui ont concoctés ces immondes prestations... s'en sont donnés à fond, afin de nous démontrer... des fois qu'on ne l'aurait pas remarqué...à quel point cette télévision (surtout celle de l'État...un comble puisqu'elle nous appartient collectivement) est devenue une abominable usine à infantiliser le bon peuple.

Lequel, malgré tout, devant tant et tant d'agressions, garde toutefois chez quelques résistants à ces agressions grotesques et constantes, une attitude réprobatrice et lucide.

Cette machine à fabriquer de la folie, tente désespérément de faire de nous tous, des crétins finis. Tous justes bons à être manipulés, exploités, abrutis, afin que nous perdions tout sens des réalités.

Je jette parfois ici et là un coup d'oeil, sur les effroyables feuilletons racontant ces vécus navrants, misérabilistes. À partir de scénarios mettant en scène des tous-croches, des malheureux, des abuseurs et des victimes pantelantes, qui se maganent au quotidien, se haïssent, braillent et pleurnichent sans cesse d'impuissances. Qui se déchirent en effet, et parfois s'entretuent pour des broutilles.

Je connais autour de moi des personnes apparemment sensées, qui regardent ces prestations avec cette sorte d'avidité fascinée, qui leur fait perdre de vue, que tous ces racontars mis en scène, ne sont nullement de la réalité, mais autant de contes élaborés par des scripteurs. Au fond de l'illusion, du tape-àl-l'oeil, du théâtre... et du très mauvais.

Et pourtant ces même spectateurs et spectatrices, traitent dans leurs propos les plus courants, les péripéties de leurs personnages préférés, avec la conviction que toutes ces histoires inventées, sont le reflet d'une vaste réalité. Au point que les jeux des ''acteurs'' sont totalement confondus avec la trame dramatique du jeu. À son tour enrobée d'une fausse aura de réel.
J'en connais de ces téléspectateurs-trices qui s'inspirent de ces mésaventures, pour la plupart sordides, et calquent leurs exitences sur ces représentations, au demeurant insignifiantes. Semaines après semaines, et sur de longues années, ils et elles vivent dans un univers ludique, imaginé, avatar d'un petit écran qui les réduits aux états de zombies.

Chicanes de couples disparates, fugues d'enfants débraillés et atones, parents maltraités, voleurs et fumiers d'occasions, violeurs de corps et de consciences, malfaisants, mals-élevés. Petits esprits mesquins, rageurs, dévoyés. Tous ces feuilletons sont autant de débordements de stupidités, qu'on veut nous présenter comme étant ''notre'' réalité.

Des fous, des folles, des hallucinés, des déclassé(e)s, des malades, impossibles à jamais soigner, à jamais guérir. Des âmes perdues dans des limbes de violences conjugales, d'histoires de cul répugnantes de bassesses, de complots d'entreprises miteuses, de petits patrons vicieux, d'arnaqueurs de bas étages, versus des employés frustrés, incompétents, hébétés, assommés de mépris. Des échanges inhumains entre les protagonistes de ces histoires gluantes. Autant d'aliénés, tous méritants de la camisole de force et du cabanon, voir de la réclusion criminelle.

Je suis abasourdi par le constat, que ces abominables émissions (il y en a des centaines juste au Québec) soient suivies par des foules immenses, baveuses de stupeur, mesmérisées devant les débordements de ces sagas malsaines, gorgées de crimes et d'insanités purulentes. De ces épisodes visqueux, aux cours desquels, autant de furies et de furieux s'insultent, se maltraitent, se déchirent, se haïssent. Les visages déformés par les rictus de la méchanceté et de la culpabilité. Les faciès ravagés par les larmes de tous les dépits, dans un perpétuel déversement de manifestations ridicules, névrosées, psychotiques... c'est laid, hideux au cube, à la puisance mille...

L'horreur que ça m'inspire ne se traduit pas en mots assez forts, susceptibles de témoigner de mon indignation, de mon incompréhension, devant de telles entreprises de démolitions de la psyché commune de tout un peuple.

Laissez faire ici de venir me dire que c'est partout pareil ailleurs dans le Monde, je le sais.
Cela prouve qu'en fin de compte, ce peuple du Québec pour lequel j'ai pourtant beaucoup d'affection, est aussi vulnérable aux efforts de décérébration que tous les peuples de la Terre, et se voit lui aussi malaxé dans cette gigantesque et fantastique oeuvre d'anéantissement des consciences.

Et ne venez surtout pas me dire ici, que les âmes individuelles de ce peuple, ne sont pas responsables des atteintes qu'on leurs portent. Ce serait faire la part trop belle à l'innocence populaire. Au-delà d'un certain seuil ce n'est plus de l'innocence. C'est carrément de l'ignorance assumée, et la plus crasse qui soit.
Disait Plume : '' L'ignorance, c'est l'bonheur!''

À moins que justement je ne me trompe, et qu'en effet nos concitoyens ne se rendent absolument pas compte qu'on les bafouent avec tant d'effronterie. Auquel cas ils sont les complices involontaires et enthousiastes de ces méfaits, qui les réduisent au statut le plus infamant d'adultes infantilisés, abrutis, et contents de l'être.

Bonne année 2020 à tous et à toutes.

Clément Sauriol

P.S. : Un coup de chapeau à Laurent Turcot (Canal Savoir 29) dont les chroniques historiques lumineuses témoignent éloquemment de l'intelligence à son meilleur. Bravo!

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