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mardi 29 mai 2012

Printemps québécois? Les protagonistes ! (XIII)


Printemps Québécois ? Les protagonistes. (XIII)
Mardi le 29 mai 2012

À la défense de Gabriel Nadeau Dubois.

Il faut en parler de ce jeune homme qui épouvante carrément je ne sais plus combien de dénonciateurs patentés, analystes de droite ou de gauche allez savoir, qui l’ont carrément pris comme tête de turc. Ça c’est vraiment significatif du degré de désarroi chez les bien-pensants. 

Gabriel Nadeau Dubois a à peine 21 ans (né en 1990)  est étudiant selon ce que j’ai pu glaner sur Internet, au Collège Bois de Boulogne. Selon ces sources journalistiques des débuts du conflit, il parait qu’il fait un B.A.C. en Histoire Culture et Société. Bref il est aux études, et par son action syndicale, impliqué dans la mouvance politique de son collège. il est devenu au fil des sessions le ’PORTE-PAROLE’’  et non pas le ‘’LEADER’’ des associations étudiantes qui forment la C.L.A.S.S.E.

Ce rassemblement d’associations collégiales affiche dans ses rangs plus de 100,000 membres. On sait que la C.L.A.S.S.E. représente le gros des forces contestataires en place. C’est la principale et la plus revendicatrice de toutes les associations étudiantes.

Depuis le début de cette grève étudiante, Gabriel Nadeau Dubois a répété à s’en donner une crampe à la bouche, qu’il n’était pas le Leader de la C.L.A.S.S.E., mais que son rôle ainsi que celui de Martine Desjardins et celui de Léo-Bureau Blouin se bornait à rapporter les décisions prises par les ASSEMBLÉES GÉNÉRALES des associations étudiantes, et qu’ils doivent eux (ces jeunes gens délégués par leurs associations) porter la parole des décisions prises dans les assemblées générales. La confusion parfaitement entretenue par ses adversaires, ceux qui le vouent aux gémonies, vient en partie d'extraits d'un discours qu'il prononçait au 54e jour de grève, et dont un extrait de 9 minutes existe sur internet. Dans ce discours parfaitement bien articulé, vibrant, indiscutable de conviction, Gabriel Nadeau Dubois tout jeune d'à peine 21 ans qu'il soit, livre un remarquable témoignage d'engagement politique qui fait honneur à toute une génération.

Comme ces aînés, et particulièrement les ministres qui n'arrêtent pas de le dénoncer, font piètre figure alors qu'ils bafouillent sempiternellement des clichés insignifiants, lorsqu'ils exigent, la menace à la bouche en brandissant la foudre consumée des sanctions judiciaires, que Gabriel Nadeau Dubois se taise, parce que sa parole les confonds. Certes comme tribun il fait figure de leader, de meneur comme disent ces pauvres apôtres de la loi et de l'ordre. Mais lorsque ce jeune homme leur adresse la parole c'est à titre de parlementaire muni d'un drapeau blanc (oui bon il est rouge son drapeau mais c'est une image, le rouge est aussi la couleur du Parti Libéral du Québec) et représentant élu de son association étudiante forte de ses 100,000 membres, et à ce titre il doit impérativement être respecté. On ne tire pas sur celui qui porte la parole et qui n'a pas d'autre arme que son éloquence. Celle-ci est la justification de son engagement social et politique. C'est tout à son honneur. Même chose pour Martine Desjardins et Léo Bureau Blouin.

Ces jeunes gens ne sont pas les patrons de leurs associations comme dans les syndicats, ils sont des mandataires de leurs vrais patrons, que sont les assemblées générales des associations étudiantes. Céty trop compliqué à saisir, à comprendre et à admettre ? Faut croire !

Or il ne se passe pas un jour sans que les journalistes dont le rôle est d’informer les gens (et qui travaillent pour des journaux, ou la télévision et/ou la radio donc)  viennent  nous parler toujours des Leaders Étudiants, qui ne sont justement pas des leaders comme ils s’évertuent depuis 4 mois à le répéter et…rien à faire…les médias eux ont décidé qu’ils étaient des leaders...et zut pour la cohérence.

Vous me direz : ''Qu’est-ce que ça change au fond'' ? 
Cela change que le débat depuis une saison est enlisé dans un marécage de malentendus, et que ces malentendus ne peuvent en aucun cas être le fait des porte-paroles étudiants, puisqu’ils répètent continuellement ce que leurs vis-à-vis ne veulent pas entendre. 

Donc l’affaire du règlement de cette contestation n’avance pas. On piétine, on se désole, on se tord les bras de désespoir. Les ministres sont sur les dents, les chambres de commerces sont totalement déconcertées, gémissants à qui veut bien les entendre que leurs membres sont au bord de l’écroulement financier (qu’ils disent). 
On raconte n’importe quoi au sujet des prises de positions de la société et du public. Chacun (sauf les représentants des associations étudiantes qui demeurent parfaitement cohérents avec les décisions de leurs assemblées) dit tout et son contraire.

Ce Printemps Québécois a tout d’une prise de la parole exaspérée qui fait office de catharsis. Nous en avions besoin de ce défoulement. C’était et c’est encore nécessaire. Quoiqu’on dise parmi ceux qui s’affolent, tout se passe de manière civilisée. Ça dérange vous dites ? Mais voyons la contestation est faite pour ça ! Et puis quoi, ce n’est pas la Révolution d’Octobre en Russie de 1917 hein…on se calme ! Ce n’est même pas Mai 68.

Je suis choqué mais non surpris de voir et d’entendre ces commentateurs (que je me retiens pour ne pas nommer ici) parmi des gens influents et pas mal plus âgés que les étudiants et leurs représentants, professeurs ''émérites'' à l’E.N.A.P., aux H.E.C., dans les universités, ou venus d’instituts de savoirs, analystes de revues spécialisées, qui tombent à bras raccourcis sur Gabriel Nadeau Dubois, et en font le trouble-fête, le démon, ‘’le’’ responsable du blocage des négociations. Heureusement qu'il y a aussi d'autres intellectuels qui prennent sa défense.

On le dit arrogant, imperméable aux compromis, campé sur ses positions, alors que lui répète jusqu’à plus soif qu’il parle non pas en son nom, comme on essaie de nous le faire avaler de force, mais au nom des assemblées générales.

La Ministre de l’Éducation Michèle Courchesne est absolument et totalement soumise à son Conseil des Ministres. Elle ne bouge pas d’un iota de la position indéfendable du Gouvernement. Elle et Line Beauchamp qui l’a précédée obéissent à leurs patrons (parce qu’elles en ont elles des patrons) et jugent Gabriel Nadeau Dubois à partir de leur seule et unique vision de l’exercice du pouvoir autoritaire qu’elles représentent et défendent au nom du droit. Ben oui ! 
Radotage et mauvaise foi sont les deux mamelles de l’impuissance.

Il y a quelque chose de pathétique, à la limite de parfaitement drôle, de voir ainsi jour après jour tant de journalistes, de ministres et de séniors invités sur je ne sais plus combien de forums, de plateaux, montrer du doigt ce jeune étudiant qui leur flanque littéralement la frousse, alors qu’on cherche par tous les moyens (même en fouillant dans sa vie privée) à le discréditer.

J’ai même entendu des commentateurs avancer qu’on devrait le jeter en prison ce perturbateur, cet activiste, ce vilain gauchiste ! Cet anarchiste, ce ''communisse'' comme dirait Jean Chrétien ! Pourquoi pas les 100,000 étudiants citoyens qui osent tenir tête au gouvernement légitimement élu ? Un coup parti et une fois qu’on a concocté la loi matraque 78, des règlements municipaux encore tous chauds pour vider les rues des contestataires, on pourrait appeler tous les corps de police du Québec en renfort à Montréal et ‘’varger’’ dans le tas comme semblent le vouloir beaucoup de policiers. Il parait que M. Parent le chef de la Police de Montréal, a de plus en plus de difficulté à retenir les plus brutaux de ses effectifs, qui n’attendent qu’un signe des élus pour se défouler.

Ainsi ce bon M. Ian Lafrenière, porte-parole de la Police de Montréal, qui vient nous expliquer que les policiers sont humains et qu’ils peuvent parfois perdre patience, et avec, perdre le contrôle. Pour un peu il ajoute qu’il faut les comprendre. 
Mais pas question de comprendre les manifestants qu’on provoquent, qu’on bousculent, qu’on arrêtent, qu’on stigmatisent et qu’on brutalisent. Non, seuls les policiers sont de vrais humains, les autres ne sont que des citoyens. Ne mélangeons pas les serviettes de la rue avec les torchons des postes de Police qui ont la tâche parfaitement ingrate de faire le ménage de toute cette ''racaille'' qui dérange la paix publique. Comme aurait dit Sarco !

Il est bien évident pour ce brave M. Lafrenière et  ses patrons, que lancer des roches à la Police c’est écœurant, mais lancer des grenades lacrymogènes à des citoyens mécontents qui manifestent légalement et paisiblement (avant la loi 78), des balles de caoutchouc plus dures que de la roche, des balles assourdissantes qui peuvent vous rendre sourd pour la vie; de leur cracher à la figure du poivre de Cayenne comme à des chiens, ou encore de battre à coups de bâtons des manifestants qui exercent un droit reconnu,  de les jeter à terre à cinq contre un, puis de les enfourner mains ligotées derrière le dos, souvent ensanglantés et tuméfiés en les privant de pouvoir boire ou pisser, c’est pas bien grave. Quant aux insultes et aux menaces qu’on leur vocifère à la tête ça non plus ça n’existe pas hein ? La violence policière n’existe pas c’est bien connu. Nous ne verrons jamais non plus un policier masquer son matricule de peur d'être identifié lorsqu'il assomme un manifestant. C'est impossible hein ! Si cela arrivait il serait sévèrement puni n'est-ce pas ? Ben voyons !

Il y avait des policiers (oui oui des vrais) qui posaient des bombes provocatrices au temps du F.L.Q.. Il y en avait des provocateurs qui rédigeaient de faux communiqués du F.L.Q. et qui étaient eux aussi des policiers. Il y en avait de ces policiers provocateurs au Sommet de Montebello, il y en avait au Sommet de Toronto,  à Québec, à Seattle et il y en a partout chaque fois qu’une foule manifeste son mécontentement à l’égard de politiques injustes et ineptes. Faut ben justifier les budgets de la Police non ? Et tester les nouveaux équipements de répression.

On sait de quel coté est la Police, et à quoi ceux qui violent les règles de la déontologie policière s’exposent s’ils s’écartent du droit chemin. Au pire ils auront une tape sur les doigts, une réprimande, une vague note réprobatrice à leur dossier. Surtout ils auront de l’avancement. Depuis 10 ans plusieurs dizaines de citoyens ont été abattus au Canada par des nerveux de la gâchette, et pas un seul policier qui n’ait jamais été condamné pour quoi que ce soit, sinon un licenciement s’il y a eue  mort d’homme par trop flagrante. Pour le reste ils peuvent insulter, humilier, matraquer, assommer, estropier, tuer à leur guise, cela ne porte pas à conséquences.

On voit bien qu’à coté de ces petits saints, Gabriel Nadeau Dubois et avec lui la C.L.A.S.S.E. sont une gang de bandits qu’il faudrait impérativement conduire à l’échafaud.
Qu’est-ce qui vous dérange tant dans l’exercice de la liberté hein ? Pouvez-vous me le dire ? 

On en est rendu à voir des centaines d’avocats et de juristes descendre à leur tour dans la rue manifester avec des banderoles pour dire aux ministres et aux policiers qu’assez  c’est assez ! 
Non mais ils se sont même rendus au parc Émilie Gamelin, P.C. des contestataires, rencontrer les manifestants aux casseroles
Ça va faire les folleries ! Qu’est-ce que vous attendez pour les assommer ces ‘’voyous en toges’’ qui défient la loi ?
Au trou et ça presse ! 

Ma gang de malades !
Bravo quand même les avocats, pour une fois hein !

Laissez donc le peuple s’exprimer au lieu de le provoquer et de le brimer. Les changements qui s’en viennent nous sont aussi nécessaires qu’une transfusion sanguine à un blessé. Ou une bouffée d’air frais au sortir d’un puits de mine de charbon.

C’est le temps d’écouter !

Julien Maréchal

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