Printemps Québécois? Grèves étudiantes?
Mardi le 15 mai 2012
‘’De fracas et de fureur’’
Une révolution avec ça?
Démission anticipée de la
Ministre Line Beauchamp.
On se demande où se trouvent tous
ces chroniqueurs, et même aussi ces politiciens, membres du Gouvernement ou de
l’Opposition, et avec eux aussi quelques étudiants qui viennent dire qu’ils ont
été surpris par la démission de Mme
Line Beauchamp?
Voyons donc! Cela fait des
semaines qu’ici et là on demande la démission de la Ministre de l’Éducation, et
puis aussi celle de Jean Charest, et qu’on réclame des élections! Et voilà que
cette pauvre Line Beauchamp de toute évidence écrasée, confondue, épuisée (elle
a vieilli de 10 ans en 14 semaines) jette la serviette, quitte son ministère,
son poste de députée, voilà c’est terminé cette carrière politique.
Et on se dit surpris !
Mais surpris de quoi au juste?
Une telle situation ne peut pas
durer indéfiniment, à moins que maintenant le Gouvernement de Jean Charest et
avec lui Michèle Courchesne maintenant à la place de Line Beauchamp,
décident de faire preuve de fermeté
comme ils disent?
De fermeté? Voyons donc!
Qu’est-ce que cette fermeté?
Plus
de Police? Plus de tribunaux, des affrontements brutaux, une épreuve de force?
Avec plus de 175,000 étudiants en grève légale, appuyés par au moins leurs
parents et des sympathisants, ce qui élève le nombre de mécontents à plus d’un demi-million?
Sans parler d’un éventuel effet domino lorsque ça va mal tourner.
Étant donné l’impuissance farce
du Gouvernement et la ténacité des contestataires, la situation ne peut que se
dégrader, et forcément un gouvernement aussi incompétent et impuissant que celui
de Jean Charest va prendre encore une fois une mauvaise décision suivie d’autres
décisions tout aussi mauvaises, et finalement il va mettre le feu aux poudres.
Une révolution avec ça ?
Des écoles qui brûlent, des universités
saccagées? Des blessés par dizaines, des commerces vandalisés, une économie
paralysée, l’image de Montréal et celle du Québec considérablement dégradées
dans le Monde?
Puis ensuite des morts, parce que
bien sur il va y en avoir. C’est inévitable du moment où le Gouvernement se
braquera, et je pense que le Conseil des Ministres, incapable de comprendre ce
qui se passe, va commettre l’irréparable.
Il ne manque que cela pour que
tout chavire.
Demain sera rude.
Le droit de manifester. (Blancs
Rouges et Verts).
Décidément on en verra de toutes
les couleurs.
Depuis maintenant plusieurs
semaines que le conflit entre les étudiants opposés à la hausse des frais
universitaires manifestent, il se glisse dans le débat certaines dérives
remarquablement malsaines quant au Droit en Général, et je parle ici de ceux
qui ont été constitutionnalisés par des assemblées autorisées à le faire
(Chambre des Communes, Assemblée Nationale). Comme celui de manifester son
mécontentement devant des prises de positions, même gouvernementales.
Depuis quelque temps en effet les
étudiants qui sont plus ou moins pour la hausse des frais universitaires (les Verts)
et qui sont fort peu nombreux quand on regarde ce qui s’exprime sur la place
publique, se sont adressés aux tribunaux pour faire valoir leur droit de
poursuivre leurs cours.
Jusque là, mis à part le fait que cette problématique
d’affrontement sur un thème qui est contesté par des centaines de milliers
d’étudiants (les Rouges), rien à redire à ce que les tribunaux offrent des
injonctions (aux Verts) pour leur permettre de reprendre leurs cours. On l’a
dit depuis les tous débuts, cette affaire est politique et non pas judiciaire.
Mais bon les tribunaux ayant été interpellés, se sont manifestés avec les
réserves que l’on sait. Le mal est fait. Il aurait fallu ne pas recevoir ces demandes
d’injonctions et renvoyer les protagonistes à leur débat politique.
Que se passerait-il si les
étudiants contre le dégel des frais, contre la hausse des frais, ceux qu’on
appelle les ‘’Carrés Rouges’’ et qui sont dans les rues, s’adressaient à leur
tour aux tribunaux pour obtenir la protection de leur droit de manifester sans
se faire matraquer ou houspiller par la Police. Ou encore sans qu’ils ne soient
l’objet de ces déferlements presque haineux de tous ces braves gens qu’ils
dérangent de toute évidence?
Il se trouve que c’est maintenant
la Ville de Montréal qui va adopter de plus en plus de règlements comme
l’interdiction de se masquer le visage avec un foulard, ou bien l’obligation de
prévenir la Police à chaque manifestation quant à son parcours, et puis quoi
encore? La plus petite dérogation à ces règlements abusifs sera interprétée
comme un défi aux lois, et les manifestations seront carrément interdites dans
l’avenir.
Jusqu’ici les tribunaux ont
accordé des injonctions aux Verts, donc à ces étudiants fortement minoritaires
qui manifestent eux aussi dans les rues (timidement mais bon ils manifestent
quand même) et personne ne les en empêchent, mais que se passerait-il si les
Carrés Rouges demandaient la protection et l’encadrement de la Police pour
pouvoir librement dire haut et fort qu’il y a quelque chose de pourri au
royaume du Québec?
Je demande que le test soit fait,
et que les 3 organisations syndicales qui représentent ces centaines de
milliers de citoyens (étudiants et ceux dans le public qui les appuient) aillent
à leur tour devant les tribunaux et réclament leur protection, puisqu’ils
exercent un droit légitimement reconnu par nos constitutions et nos lois. On
déplore la dérive judiciaire du phénomène de cette contestation, là où certains
groupuscules (ou des individus isolés) utilisent les tribunaux pour faire taire
les contestataires des rues qui sont quasiment innombrables et c’est une chose.
Mais je suggère aux étudiants de
la F.E.U.Q. de la F.E.C.Q. et de la C.L.A.S.S.E. d’aller à leur tour devant ces
mêmes tribunaux demander que l’on respecte leur droit de protester, de
contester, de manifester, bref qu’on les protège comme n’importe quel autre
citoyen, ou groupes de citoyens, qui exercent légitimement leur droit.
Et que l’on ne vienne pas me dire
encore une fois que la majorité des étudiants du Québec sont à leurs cours et
laisser entendre sournoisement qu’ainsi ils sont ‘’pour’’ les augmentations. Ce
genre de raccourci n’est rien d’autre que de la propagande, et ce n’est pas
avec des sondages bidons manipulés au mérite des indifférents et des inactifs,
qu’on va nous faire croire qu’en somme les étudiants contestataires sont nuls,
et qu’ils doivent rentrer en classe et se taire. Ce qui se passe actuellement
transcende totalement l’inertie générale qui dure depuis bien trop longtemps.
Il y a des forces, des puissances
rétrogrades, qui veulent à tout prix que rien ne change au Québec et les
étudiants de nos rues en ce Printemps Québécois font bien autre chose que de
contester des augmentations de cours. Cette affaire n’est que le prétexte, le
syndrome de quelque chose de beaucoup plus profond qui doit absolument
s’exprimer. Les faire taire surtout par la force, revient à dire à des enfants
qu’il leur est dorénavant interdit de grandir, sinon ils seront sévèrement
punis.
Ça va mal tourner tout ça!
C’est à se demander maintenant si
le dérapage ignoble qui s’en vient, qu’on prépare, n’est pas planifié pour des
raisons affairistes particulièrement infâmes?
À suivre…
Julien Maréchal